Critique de Le Virus Morningstar Tome 3 : Survivants
Alors qu’elle n’aurait jamais du voir le jour, le jeune auteur Z.A. Recht étant décédé avant de pouvoir rédiger le dernier tome, le plaisir a été grand de savoir que la saga Le Virus Morningstar aurait une fin. Les deux premiers romans, Le fléau des morts et Les cendres des morts, sortis respectivement en novembre 2010 et juin 2011 chez Eclipse avant d’être réédités en 2012 et 2013 par Panini Books, avaient reçu un bon accueil des lecteurs et nombreux étaient déçus de ne pas voir un troisième tome conclure la saga. Sachant Z.A. Recht malencontreusement décédé, les plus imaginatifs d’entre vous l’imagineront rédiger son roman en étant bouffé par les vers, ses mains décomposées serrant un stylo parcourant un bloc-notes. Eh bien vous ne seriez pas loin. Gardez juste le bloc-notes. Voire simplement les notes. Car c’est en effet à partir de celles du jeune auteur trépassé que Thom Brannan, un ami de longue date également écrivain, a rédigé ce troisième épisode de la saga Le Virus Morningstar intitulé Survivants et publié par Panini Books en décembre 2013.
Dans les deux premiers tomes de Le virus Morningstar, nous suivions les aventures de plusieurs personnages d’horizons différents (du militaire à l’infirmière en passant par l’ex-agent de la NSA, le photographe de guerre ou encore le virologue) aux prises avec un virus mettant en péril l’humanité, transformant toute personne infectée en fou violent, rapide et assoiffé de sang qui, une fois décédé, devenait un mort-vivant n’ayant pour seul but de contaminer sa prochaine victime. Le fléau des morts et Les cendres des morts nous amenaient ainsi du Kenya, où l’épidémie est apparue, jusqu’aux États-Unis, où elle provoquait une véritable hécatombe.
Avant de parler du dernier tome, nous allons brièvement revenir sur les deux précédents. Le style de Z.A. Recht y est simple, sans fioritures ni formulations alambiquées. Nous sommes en effet loin de l’esbroufe de J.L. Bourne l’auteur de Les Chroniques de L’armageddon. L’intrigue quant à elle est classique mais bien maîtrisée, ce qui permet à l’auteur de nous livrer un monde réaliste qu’il présente de manière logique.
L’intérêt du récit, et c’est une des choses les plus agréable à lire chez Z.A. Recht, se situe dans la facilité avec laquelle il manie les opposés. Des grands espaces africains où l’armée, bien préparée, est mise en échec par une horde impressionnante, on passe au huis clos qui se déroule sur le navire de rapatriement des survivants. Le récit trouve aussi son intérêt dans la progression de l’histoire, véritable épopée soutenue par des personnages bien travaillés, aux personnalités bien distinctes et en nombre suffisant pour avoir un large panel de héros et de seconds couteaux. C’est d’ailleurs une des choses agréables à la lecture : on s’identifie facilement aux personnages, on éprouve de l’intérêt pour eux et même une certaines sympathie alors même que l’auteur n’hésite pas une seule seconde à sacrifier des personnages, parfois à tours de bras, pour servir son récit.
Toutefois, dans les deux premiers tomes, bien que montrant une capacité à transporter le lecteur hors des chemins balisés (les spécificités du virus à titre d’exemple), Z.A. Recht n’évite pour autant pas les poncifs du genre et tombe parfois dans la facilité (notamment avec la figure paternelle que représente le colonel Sherman ou encore l’inévitable “rigolo” de service qu’est Brewster ou le grand méchant vicieux Sawyer). Il flirte également par moment avec l’humour niais des séries B, avec un comique de seconde zone, des dialogues mille fois lus et entendus ou des scènes pseudo-comiques. Alors qu’elles devraient permettre de faire retomber la tension distillée au fil des paragraphes, elles ne font que nous agacer et on se surprend à sauter quelques lignes pour s’éviter le supplice.
Pour en venir au troisième et dernier tome, je dois reconnaître que j’ai pris autant de plaisir à le parcourir que les précédents tant les différences étaient mineures. Certes je ne sais pas quel genre de notes avait laissées le précédent auteur mais la plume de Thom Brannan se fond impeccablement avec celles de Z.A. Recht à notre grand plaisir.
Survivants, promettant de terminer la saga, prend ainsi place dans un monde déserté par la vie, le titre prenant alors tout son sens. Le Dr Anna Demilio continue son travail dans le but de trouver un remède contre le virus tandis que Stiles, le soldat immunisé, et son groupe progressent toujours vers le centre de recherche pour la rejoindre. Nous suivons également le groupe de Lutz que nous avions laissé après l’assaut de la ville d’Abraham dans le tome 2, alors que celui-ci est associé de force à Sawyer, qui pourchasse les héros inlassablement, resserrant peu à peu son étau sur ses proies.
L’un des premiers points forts de ce troisième tome est son intensité. Tout comme dans les deux ouvrages précédents, les décès des personnages sont réguliers, rythmant le récit comme autant de jalons représentant la dangerosité du monde et maintenant la tension tout au long de l’ouvrage. A ce titre, il est particulièrement remarquable de voir que les personnages secondaires, en nombre important, sont suffisamment étoffés et crédibles pour qu’ils ne soient pas juste de la chair à canon.
Le danger est partout, que ce soit les mouvants (les zombies rapides et furieux), les traînants ou encore les autres survivants à l’image du groupe de paramilitaires que Stiles et ses hommes vont rencontrer pour leur plus grand malheur. Les rencontres avec les zombies sont ainsi aussi nombreuses qu’elles sont mortelles et le fait de resserrer le récit autour d’un groupe de survivants de plus en plus restreint permet à l’auteur de s’assurer un intérêt croissant du lecteur tout en rendant la tension palpable. C’est d’ailleurs l’atout majeur de ce troisième opus.
Concernant la fin de la saga, elle est à la hauteur de mes espérances. Le récit se termine en apothéose et on est loin du soufflé de J.L.Bourne avec sa fin bâclée des Chroniques de l’Armageddon.
C’est dans ce troisième tome que se produit ainsi l’ultime confrontation entre Sawyer et les héros et c’est dans une débauche de scènes d’actions, maîtrisées et décrites avec le même talent que Z.A. Recht, que Brannan termine cette saga. Les scènes de bravoure succèdent ainsi à celles faisant la part belle aux catastrophes qui touchent les héros tandis que les morts s’entassent, Brannan se montrant aussi impitoyable que Z.A.Recht.
Toutefois, on peut regretter la facilité avec laquelle l’auteur fait apparaître la cavalerie salvatrice. J’en tairais la nature mais elle m’a laissé dubitatif. J’ignore si Brannan a écrit cette fin ou si elle apparaissait dans les notes. Quoiqu’il en soit, elle est vraiment “grosse“ même si elle reste intéressante car elle laisse la porte ouverte à une potentielle suite : l’avenir de certains héros est laissé en suspens et je serais heureux de les retrouver pour une nouvelle série de romans.
La seule chose que je regrette vraiment est qu’il n’existe pas plus de tensions entre les personnages. Ils s’entendent tous bien, les heurts sont rares et je pense que le récit aurait encore gagné en crédibilité si Brannan avait pu ajouter une couche psychologique à ce roman déjà bien construit. Il est dommage qu’avec des personnages aussi bien définis, Brannan n’ait pas profité de cette aubaine pour y mettre sa patte.
J’ai donc pris grand plaisir à lire ce troisième et dernier tome de la saga Le virus Morningstar. Thom Brannan a accompli un excellent travail et le leg de Z.A.Recht est bien exploité faisant de Le virus Morningstar une référence du roman zombie. Il n’a certes pas révolutionné le genre ni le récit proposé dans les deux premiers opus mais c’est une bonne chose car ce n’est pas ce qu’on lui demandait.
Reste à savoir si Thom Brannan pourrait reprendre les personnages à son compte, ce qui ne serait pas une mauvaise chose tant il s’est accommodé de l’héritage laissé par son ami disparu. Mais difficile de savoir quel est le degré d’implication de Brannan dans cette dernière aventure tant la différence de style est minime. Que vaut réellement Brannan quand il est seul aux commandes ?
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5 commentaires pour Critique de Le Virus Morningstar Tome 3 : Survivants
Répondre à Baron Mardi Annuler la réponse.
« Escaping The Dead, la bande-annonce d’un futur flop zombie made in Danemark BuckWild, une nouvelle comédie zombie en février aux États-Unis : ça va chier des bulles »
Ce tome 3 est arrivé hier avec “Apocalypse Z”… Impatient de m’y replonger !
J’avais adoré les 2 premiers tomes…
Tu ne seras pas déçu par celui là !
Ni par Apocalypse Z que notre bon Baron Mardi va également critiquer pour nous bientôt !
C’est vrai que j’ai commencé et dès les premières pages…Enfin, y’a des trucs à dire ( mais faudra lire la critique ).
HI all,
J’ai donc fini ce tome 3…
Ca finit en apothéose avec du monde partout, et j’ai eu un peu de mal à suivre certains d’ailleurs (les gus de Lutz et leur camion….).
Cet opus, c’est de l’action, de l’action et un peu de parlotte…. J’ai pris plaisir à terminer cette trilogie qui franchement, si elle était portée à l’écran (pas en 3D svp : 3D must die), je paierai les 11 euros que coûte la place…
A l’assaut d’Apocalypse Z….
Merci Panini ! Merci MZC !