Épisode 7 – Le masque du tueur
— Putain que je déteste ces expéditions ! s’exclama Caïn qui marchait à côté de Valery.
— Pourquoi ? demanda la femme en prenant garde de ne pas trébucher.
— On risque de tomber sur des zombies. Et je déteste les zombies !
— Moi qui croyais que ton activité favorite était le massacre de macchabées !
Caïn esquissa un sourire. Les traits de son visage lui donnaient un aspect sévère. N’importe qui aurait pensé que c’était un homme d’action, prêt à foncer dans une horde de zombies son couteau à la main. Mais Caïn était très loin de cette image. Son air renfrogné était une façade qui cachait en réalité la peur. Et sa plus grande crainte était le zombie. La vue de ces morts-vivants marcher en mimant un semblant d’humanité lui donnait la chair de poule.
Le type au bob et un malabar qui marchaient devant Valery et Caïn suivaient le chemin de terre. Ils étaient sur les traces laissées par le fourgon depuis un bon moment déjà. La chaleur étouffante de ce début de journée ne parvenait pas à percer les branchages de la cime des arbres qui recouvraient toute la région. Elles formaient une sorte d’enveloppe naturelle. Rien ne filtrait. Les rayons du soleil restaient à l’extérieur.
Voyant qu’ils s’enfonçaient de plus en plus dans la forêt, Caïn s’écria :
— On suit toujours les traces, là ?
— Ouais, répondit le type au bob. Elles partent dans cette direction !
— Tu penses vraiment trouver Henry ? s’enquit Valery. Il doit être à des dizaines de kilomètres maintenant.
— Je pense pas, non, rétorqua Caïn. T’as vu les traces de sang ?
— Non. Lesquelles ?
— Celles sur la portière du Hummer. C’est le sang d’Henry.
— C’est peut-être celui d’un zombie ?
— C’est pas possible. Je sens ces choses-là, moi. J’te le dis. Henry et sa nouvelle petite copine sont dans les parages.
Le type au bob s’immobilisa tout à coup.
— On est pas dans la merde !
— Quoi ! lança Caïn en rejoignant le type.
L’homme s’était accroupi et fixait le sol avec beaucoup d’intérêt.
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Les marques s’arrêtent ici.
— Comment ça ? Un camion ne disparaît pas comme ça, putain !
— Il y a deux embranchements. Un vers l’est et l’autre l’ouest.
Caïn fixa les deux itinéraires d’un air renfrogné. Ils s’enfonçaient dans la forêt et disparaissaient entre les arbres.
— Et les traces ? Je croyais que tu savais où tu allais !
— Les récentes pluies les ont malheureusement effacées. Ces portions sont en pente. L’eau a ruisselé à cet endroit.
— Bordel de merde ! fulmina Caïn en secouant une branche pour évacuer sa colère.
— Alors ? lança Valery en se postant entre lui et le type au Bob. On fait quoi, maintenant ?
Caïn ravala sa colère et prit une large bouffée d’oxygène.
— D’après toi, dit-il au type au bob, vers où sont-ils allés ?
— Ben… bredouilla le type, presque gêné, le chemin qui va vers l’est semble revenir sur nos pas…
— Parfait ! Allons vers l’ouest, alors ! répliqua Caïn en lui lançant un regard sombre.
Le groupe s’apprêtait à reprendre l’expédition punitive quand des cris glaçant vinrent brusquement se mêler au bruissement du vent. Ils semblaient lointain mais les râles, projetés par l’écho de la forêt, annonçaient un danger à venir.
— Ne traînons pas dans le coin ! annonça Caïn.
Alors qu’ils se remettaient en route, Caïn fut tout à coup saisi d’un long frisson. Il trembla d’effroi.
— Putain que je déteste ces zombies !
Valery, qui avait remarqué cette réaction incontrôlée, se mit à rire. Elle suivit le malabar alors que l’homme la fixait d’un air sombre.
***
Le groupe progressait dans la forêt au rythme du chuintement incessant des feuilles mortes jonchant la piste. Épuisé, Caïn releva la tête. Entre les branches, le ciel bleu et les rayons du soleil peinaient à traverser l’imposante muraille que formaient les arbres. L’homme s’arrêta et ferma les yeux un instant alors que ses compagnons poursuivaient leur route. La chaleur caressait ses joues et il se sentait bien. Il était apaisé.
Caïn avait passé ces derniers jours à ruminer sa colère enfermé dans son bureau. Henry l’avait laissé pour mort dans une ferme infestée de zombies avec pour seule arme l’espoir qu’on vienne le récupérer. L’homme avait attendu dans une chambre en priant à chaque instant de pouvoir rester en vie. Il avait attendu toute une journée, puis une nuit entière avant d’avoir été secouru par ses hommes. Henry l’avait trahi. C’était un acte puni par la peine de mort.
Caïn rouvrit les yeux. Le groupe l’avait distancé. Il s’apprêtait à le rejoindre quand ses hommes s’immobilisèrent sous les ordres du type au bob. Caïn se figea. Le malabar braquait son fusil devant lui en balayant la zone avec inquiétude.
Brusquement, un géant vêtu d’un imperméable sombre et d’un masque de clown surgit d’un fourré et décapita le malabar d’un coup de machette. Le doigt crispé sur la détente, l’homme de main tira une rafale en l’air en s’effondrant. Le type au bob se retourna aussitôt mais le monstre était déjà sur lui. Il le désarma facilement d’un revers de la main et lui agrippa le cou. Il le souleva et, avec une force impressionnante, le jeta contre un arbre.
Caïn plongea dans une tranchée. Il observa la scène entre le sol et la racine d’un arbre qui longeait le bord de la cavité. Valery tenta de fuir mais le géant la rattrapa aisément. Il la saisit par les cheveux et la tira en arrière. La femme tomba puis se tourna vers son agresseur qui la frappa au visage avec la crosse de sa machette. Elle s’évanouit.
Caïn resta prostré sans lever le petit doigt. Le géant quadrilla les alentours sans remarquer sa présence. Il prit la jambe de Valery puis celle du type au bob, sonné, et les traîna dans la forêt. Ils disparurent dans l’épais fourré.
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