The Last Survivors, Saison 2 – Prologue & Épisode 1

TLS2pro01

Prologue – Une plongée en enfer

Newark, New-Jersey

Jour de l’Apocalypse

Il faisait nuit. Les étoiles scintillaient dans le ciel et la lune, resplendissante, avait revêtu ses couleurs orangées. Une légère brise soufflait. Elle rafraîchissait l’air étouffant de ce mois de juillet et repoussait les nuages qui tentaient d’obscurcir ce tableau idyllique.

Une Mercedes entra dans le quartier de Forest Hill. Les belles maisons victoriennes et coloniales s’alignaient le long des trottoirs et les arbres qui s’élançaient au-dessus des toitures dominaient les lieux. Leurs cimes se balançaient légèrement de droite à gauche, au rythme du bruissement du vent.

Le véhicule emprunta l’allée d’une des somptueuses demeures et se gara devant la porte du garage mitoyen. Un homme en sortit, immédiatement imité par une femme. Ensemble, ils se dirigèrent vers l’entrée en longeant un immense jardin soigneusement entretenu. D’énormes colonnes ornées de motifs en bois soutenaient le toit de la véranda. Ils gravissaient les quelques marches de la terrasse quand une familiale se gara silencieusement sur le trottoir d’en face. À l’intérieur, Caïn éteignit les phares et observa le couple entrer dans la maison.

L’homme resta prostré durant de longues minutes, se perdant dans des pensées macabres. Il fixait la demeure d’un air renfrogné en fulminant intérieurement. Une immense colère l’envahit alors. Il détourna son regard de la maison et se mit à frapper violemment le volant. Chaque coup qu’il donnait ne l’apaisait pas. Ils ne faisaient que confirmer son idée de départ : faire ce qui devait être fait.

Il se calma enfin, reprenant peu à peu le contrôle de sa respiration. Il souffla en reportant son attention sur la maison. Les idées les plus sombres traversaient son esprit. Ne sachant pas ce qui s’y passait, son imagination lui montrait ce qu’il redoutait le plus. Alors animé par une rage incommensurable, il ouvrit la boite à gant, se saisit d’une arme à feu et s’élança hors du véhicule en prenant la direction de la demeure.

La porte d’entrée n’était pas verrouillée. Caïn la poussa doucement et entra. L’intérieur était plongé dans l’obscurité. L’homme n’avait esquissé que quelques pas dans le hall quand des gémissements provenant de l’étage supérieur attirèrent tout à coup son attention. Il posa ses yeux emplis de haine sur le grand escalier en marbre et inspira profondément. L’homme et la femme se trouvaient à l’étage.

Caïn monta les marches une à une, son esprit corrompu par toutes les pensées qui  traversaient son esprit. Les gémissements s’intensifiaient à mesure qu’il avançait. Inquiet à l’idée de découvrir ce qu’il redoutait, il parvint en haut de l’escalier et se retrouva immédiatement dans un long couloir. Plusieurs tableaux tapissaient les murs et un buste en plâtre trônait fièrement à côté d’un secrétaire du 19ème siècle. Un tapis turc rouge s’étendait sur toute la longueur du corridor.

De la lumière s’échappait d’une des chambres par  l’entrebâillement de la porte entrouverte. Caïn pointa maladroitement son arme devant lui et se posta face à la porte. Il la poussa lentement avec le canon du pistolet et entra.

L’homme était allongé nu sur la femme, son bassin faisant de brusques vas-et-vient. Les mains sur les fesses de son amant, sa partenaire gémissait, son visage se tordant de plaisir. Elle posa instinctivement les yeux sur Caïn resté sur le pas de la porte et poussa un cri de surprise. Elle s’écarta aussitôt de l’homme et se recroquevilla sous le drap, gênée. Son compagnon bondit hors du lit et leva les mains en l’air.

—    Alors, c’est avec lui que tu baises… dit Caïn d’une voix morne.

Il était abattu. Toutes les choses qu’il avait imaginées venaient de se matérialiser brusquement.

—    Qu’est-ce que tu fais là, Caïn ? demanda la femme, embarrassée.

—   Je suis flic de la police de New-York ! rétorqua l’homme. Ne fais pas de connerie !

—   Toi, ta gueule ! tempêta Caïn en agitant son arme dans sa direction. (Il porta son attention sur sa femme.) C’est ça que tu veux ? Te taper un flic dans une belle baraque ? C’est même pas la sienne ! Bordel… On est mariés depuis vingt ans et tu me trahis comme ça !

—   Te trahir ? T’es jamais à la maison. Et quand t’es là, c’est un fantôme que j’ai en face de moi.

—   T’es ma femme.

—   Non. Plus maintenant. Je suis désolée que tu l’apprennes comme ça.

Caïn baissa sa garde, accablé par tous ces reproches. Profitant de ce moment de faiblesse, le flic se jeta sur lui et tenta de lui arracher l’arme des mains. Une lutte s’était engagée entre les deux hommes, un combat où chacun essayait de prendre le dessus sur l’autre.

Submergé par une immense colère, Caïn parvint à se défaire de l’étreinte du flic en le repoussant brutalement contre le mur. L’homme reprit rapidement ses esprits, se rua à nouveau sur lui et l’empoigna une nouvelle fois. Un coup de feu éclata. Puis un second. La femme hurla. Alors animé d’une rage indescriptible, le flic réussit à soulever son agresseur et le jeta contre la table de chevet comme une vulgaire poupée de chiffon. Caïn s’écrasa lourdement contre le meuble. Sonné, il tenta de se redresser mais le policier était déjà sur lui. Il essayait de l’étrangler en hurlant d’une voix criarde.

Caïn ramena difficilement l’arme vers le visage de l’homme qui suait sang et eau. Ce dernier, alors que le canon se rapprochait dangereusement de lui, libéra une main et écarta le revolver d’un brusque revers de main. Caïn tira. L’homme posa alors les yeux sur la femme. Son cœur se serra.

Elle était allongée sur le lit ensanglanté, un trou dans la poitrine. Le flic accourut aussitôt vers elle. Caïn était horrifié.

—    Elle est touchée ! vociféra le flic en prenant la femme dans ses bras.

Elle luttait pour sa survie. Dans un dernier moment de lucidité, elle voulut parler mais un jet sanguinolent jaillit de sa bouche, remplaçant ses dernières paroles. Ses yeux s’écarquillèrent et elle rendit son dernier souffle en fixant l’homme penché au-dessus d’elle.

—    Elle est morte !

Caïn se tenait debout, immobile. Il ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer. Il fixait sa femme. Il était comme propulsé en plein cauchemar.

Le flic reposa soigneusement le corps de la femme et se tourna vers Caïn d’un air menaçant.

Sans un mot, il se jeta sur ses habits aux pieds du lit et sortit son arme de service de son étui. Il la pointa vers son agresseur mais Caïn avait ramassé son pistolet et le braquait déjà. Perdu dans un brouillard d’incompréhension, Caïn tira deux fois. Le flic, touché à la poitrine, répliqua dans un ultime réflexe mais les balles se perdirent dans le plâtre des murs. Il s’effondra. Il jeta un dernier regard vers Caïn, terrifié, et ferma les yeux.

***

Les oreilles de Caïn sifflaient, violemment agressées par les coups de feu. L’homme sortit de son marasme, réalisant ce qu’il venait de faire, et se prit la tête entre les mains.

—    Oh mon Dieu ! lâcha-t-il à présent lucide.

Il fixa les corps sans vie de sa femme et du flic en pensant aux conséquences de ses actes. Un jury le condamnerait à coup sûr pour ce double meurtre. Alors, pris d’une violente panique, il s’enfuit de la chambre et descendit les escaliers en trombe, les détonations résonant encore à ses tympans. Il tendit la main vers la porte d’entrée, le cœur haletant et l’image des deux corps gravée dans son esprit, et sortit. Puis il s’immobilisa brusquement. Le sifflement qui retentissait dans ses oreilles fut aussitôt remplacé par la cacophonie du chaos qui régnait à l’extérieur. Quelques minutes avaient suffi au monde pour basculer dans l’horreur.

La maison, de l’autre côté de la rue, était en proie aux flammes. Un peu plus loin, un véhicule en percuta violemment un autre en sens inverse dans un son assourdissant de toile froissé. Des gens couraient dans tous les sens. Ils fuyaient comme un troupeau d’antilopes pourchassé par des prédateurs. Leurs cris de détresse mêlés aux sirènes de police résonnaient dans toute la ville.

Un type, le visage déchiré et les yeux vitreux, détourna son attention d’une femme qu’il poursuivait pour se précipiter vers Caïn. L’homme était pétrifié, abasourdi par ce déferlement de violence. Il pointa son arme vers le dément qui courait dans sa direction en grognant et tira…

The last survivors

Episode 1 – Vengeance

Deux ans plus tard.

Une semaine s’était écoulée. Caïn avait été contraint de rester caché dans une ferme isolée, encerclé par une horde de morts-vivants. Si Henry l’avait trahi, c’était la faute de Sarah, immunisée contre le virus. Son ancien ami avait froidement abattu deux de ses hommes ainsi que Palmer et toute sa clique. C’était un acte mûrement réfléchi, un plan qu’il avait dessiné dans son esprit toute la soirée précédente. Henry avait été aveuglé par les promesses d’une prétendue vie normale et il avait fait son choix. Il s’était engagé sur une pente hasardeuse sans possibilité de retour.

Caïn était assis à son bureau, une bouteille de whisky à ses côtés. Il remplit un verre et but une gorgée. Planqué dans la chambre du premier étage de la ferme pendant de nombreuses heures, priant pour que les zombies ne parviennent pas à entrer, il avait eu tout le temps nécessaire pour préparer sa riposte.

Le soleil venait de se lever. Les premiers rayons traversaient la fenêtre de la pièce et venaient caresser les joues de Caïn, perdu dans ses pensées. L’homme, qui avait veillé toute la nuit, porta le verre de whisky à ses lèvres. Il ne ressentit pas la chaleur du liquide s’écoulant dans sa gorge ni le goût âpre sur son palais. Toutes ses pensées restaient figées sur le dernier regard qu’il avait échangé avec Henry avant que celui-ci ne prenne la fuite avec Sarah. Il n’avait pas eu besoin de dire quoi que ce soit, Caïn avait compris. C’était un regard d’adieu.

Un homme frappa à la porte et entra, obligeant Caïn à sortir de sa torpeur.

—    Nous sommes prêts, Caïn !

—    Parfait. J’arrive.

Il poussa un long soupir une fois l’homme reparti et se prit la tête entre les mains. Il n’avait jamais voulu en arriver à de telles extrémités mais Henry ne lui avait pas laissé le choix. Que diraient les autres s’il laissait passer cette trahison ? Comment se comporteraient-ils avec lui sachant que quiconque pouvait défier son autorité ? Il ne voulait pas paraître faible. Il ne voulait pas apparaître vulnérable. Henry devait payer. L’heure de la vengeance était arrivée.

Il termina son verre en une seule gorgée et quitta le bureau.

***

Une dizaine d’hommes lourdement armés de fusils M16 et d’armes de poing patientait, alignés les uns à côté des autres dans la salle commune où les résidents du campement prenaient leurs repas. Ils étaient comme des soldats au garde-à-vous, leurs fusils en bandoulière, leurs mentons légèrement relevés et leurs bustes bombés. Leurs regards fixés sur Caïn, ils attendaient les ordres.

Restée en retrait dans la pièce, adossée au mur derrière le groupe, Valery, l’infirmière qui avait soigné la cheville de Sarah lors de son arrivée au camp, avait tenu à assister à l’intervention de Caïn. Elle était d’origine chinoise. Ses cheveux noirs étaient attachés en queue de cheval dont la pointe retombait négligemment sur son épaule. Ses joues amaigries faisaient ressortir ses grands yeux en amande et les traits de son visage reflétaient son parcours depuis deux ans, parsemé de morts et de choix douloureux.

Caïn s’était posté face à ses hommes, les mains dans le dos comme un général. Il prit un air grave et inonda la salle de sa voix rocailleuse.

—   Henry nous a trahi ! (Les regards des soldats se croisèrent alors avec étonnement.) Il nous a abandonnés ! Pourquoi ? Pour un espoir futile. Il y a quelques jours, une femme est arrivée au camp avec un lourd secret. Elle a été mordue. Mais chose surprenante et terrifiante à la fois, elle ne s’est pas transformée en une de ces choses. Je ne vous ai rien dit pour ne pas vous inquiéter. Simplement pour vous préserver. Pour préserver la cohésion de notre groupe. (Il marqua une pause et reprit.) Henry s’est laissé abuser par cette femme. Il l’a choisie elle plutôt que nous. Il nous a trahis ! Après avoir abattu deux des nôtres, il s’est enfui avec elle. Nous ne pouvons pas laisser cette trahison impunie ! Nous ne pouvons pas laisser n’importe qui mettre en péril la sécurité de notre camp. Car c’est ce qu’il se passera si nous ne faisons rien. Cette femme est une menace et Henry connaît parfaitement les lieux. Imaginez qu’ils reviennent se venger. Pensez à vos amis ! À vos femmes ! À vos enfants ! Nous devons frapper avant qu’ils ne nous frappent !

—   Ouais ! s’éleva d’une seule voix le groupe.

—   Nous devons tuer avant d’être tués !

—   Ouais !

—   Nous devons les traquer et les détruire ! Alors vous êtes avec moi ?

—   Oui !

—   Allons-y, alors ! Mettons-nous en marche ! s’exclama Caïn avec vigueur en levant le poing.

Sur ces mots, le groupe se dispersa et chaque homme alla terminer de préparer son barda. Caïn les observait avec fierté, seul au milieu de la pièce. Il fixait chacun de ses hommes, les uns après les autres, avec la conviction qu’il retrouverait Henry sans mal. Il le connaissait par cœur. Il pouvait anticiper chacun de ses mouvements, prévoir la moindre de ses réactions. Henry était un homme qui ne voulait plus se laisser abuser par les horreurs de ce monde et Caïn le savait. Il allait certainement jouer là-dessus pour l’attirer dans un piège. Et une fois dans son filet, il lui ferait payer sa trahison.

Valery le rejoignit d’un pas décidé.

—   Tu leur as menti. Tu ne fais pas ça pour protéger le groupe mais pour assouvir ta soif de vengeance.

—   Je leur ai dit ce qu’ils avaient besoin d’entendre.

—   Henry a eu peut-être raison en la protégeant.

—   T’es de son côté ?

—   Non. Je ne suis du côté de personne. Je fais juste un constat après avoir vu les analyses de sang de cette femme.

—   Pure connerie, fulmina Caïn en détournant les yeux de la femme. Tes analyses ne prouvent rien.

—   Exact. Il faudrait certainement en faire d’autres pour être sûr.

—   Malheureusement pour toi, elle s’est barrée avec lui !

—   Ouais. C’est pour ça que je viens avec vous !

Caïn gloussa.

—    Hors de question !

—   C’est pas une demande, Caïn, répondit sévèrement Valery. Je veux m’assurer que tu ne feras rien à cette femme.

—   Et Henry ? demanda l’homme sur un ton flegmatique.

—   T’as déjà fait ton choix, non !

Caïn poussa un soupir en regardant le bout de ses chaussures usées, perdu dans ses réflexions. Il releva la tête et dit :

—   Ok. Comme tu veux. Mais si tu nous ralentis, je t’abandonne sur le bord de la route, ok !

—   C’est un deal acceptable, répondit Valery en esquissant un sourire.

Elle s’éloigna de l’homme et quitta la salle pour aller chercher son sac. Caïn bomba le torse et s’exclama :

—    Allons, messieurs ! Pas de temps à perdre ! Il est temps de partir en chasse !


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