Épisode 30 – La vague de morts
Assis sur les marches de la véranda, à l’arrière de la maison, Caïn fixait avec désarroi le corps du soldat qui pourrissait au fond du jardinet. Il commençait à douter. Devait-il sacrifier toute son unité pour retrouver Henry ? La trahison de son ancien ami suffisait-elle à justifier la mort de ses hommes ? Il n’était plus sûr de rien.
Il posa son fusil sur le sol, prit sa tête entre les mains et souffla comme s’il avait besoin d’effacer ses doutes et ses incertitudes. Il voulait reprendre le contrôle et oublier cette hésitation soudaine qui l’empêchait d’avoir les idées claires. Traquer Henry était devenu une nécessité, une sorte de rédemption malsaine dont il ne pouvait pas se soustraire.
Il se saisit du fusil et se releva, prêt à faire une ronde autour de la maison. Une étrange sensation l’envahit soudainement. Son regard s’assombrit. Il se tourna vers les arbres plongés dans l’obscurité, de l’autre côté de la rue, et tendit l’oreille. Noyés dans le bruissement incessant du vent, des bruits presque imperceptibles semblaient se rapprocher. Caïn actionna la lampe de son fusil et balaya la rue. Elle était déserte. Quelques véhicules abandonnés longeaient le trottoir mais à part ça, il n’y avait rien à signaler. Cependant, cette sensation inexplicable ne semblait pas vouloir le quitter. Elle s’était imprégnée en lui comme un démon qui l’aurait possédé.
Caïn fit le tour de la maison, le cœur serré, et rejoignit le type qui gardait l’entrée.
— Tout va bien ? demanda-t-il.
— Oui, chef, répondit le soldat. Rien à signaler.
— Tu n’entends rien ?
L’homme fronça les sourcils d’un air ahuri.
— Euh… non. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
Caïn était inquiet. Les bruits s’étaient transformés en une sorte de bourdonnement. L’homme avait appris à se méfier de ses intuitions. Il descendit les marches du perron, le regard braqué vers l’obscurité.
— Tu as entendu quelque chose ?
— Je ne sais pas, répliqua Caïn sans se retourner. On dirait que… (Il ravala ses paroles, incapable de mettre des mots sur ce qu’il entendait.) Suis-moi.
Le soldat s’exécuta et ils quittèrent la maison.
Ils remontaient la rue, la lueur de leurs lampes quadrillant la zone.
— On ne devrait pas rester là, dit le soldat, inquiet.
Caïn ne répondit pas, concentré sur les bruits étouffés qu’il entendait.
— Là ! s’exclama-t-il en s’immobilisant. T’as entendu ?
— Toujours rien, chef. Je ne sais pas ce qu’il se passe mais tu me fous la trouille !
L’homme n’entendait rien mais Caïn n’en démordait pas. Il était persuadé d’entendre quelque chose.
Ils continuaient d’avancer, s’éloignant à chaque pas un peu plus de la maison. La nuit était noire. Les arbres qui bordaient la rue ressemblaient à des ombres terrifiantes. L’endroit n’était pas rassurant. Et ce bourdonnement qui semblait se rapprocher à chaque instant, ces bruits qui…
— Là ! s’écria le soldat en s’arrêtant net. J’ai entendu !
Le cœur de Caïn s’emballa brusquement.
— Il ne faut pas rester là ! poursuivit l’homme en braquant son fusil vers la forêt. Ce sont eux. Ils arrivent, Caïn !
Les bruits se transformèrent rapidement en cris terrifiants. Ils n’étaient plus très loin, à présent. Le soldat recula, prêt à s’enfuir vers la maison, son fusil soubresautant au rythme de ses battements de cœur.
On entendait des hurlements, des bruits de pas, des cris, de plus en plus forts, de plus en plus proches. Caïn posa le doigt sur la détente du fusil, la respiration haletante. Des silhouettes apparurent à l’orée du bois. L’homme retenait son souffle, prêt à tirer quand…
Sarah s’élança hors de la forêt, Jenny dans les bras.
Caïn retira le doigt de la gâchette.
La jeune femme s’immobilisa, essoufflée et terrifiée. Elle reconnut immédiatement l’homme qui avait voulu la vendre une semaine plus tôt. Elle croisa son regard et sentit dans son attitude qu’il ne l’avait pas oubliée non plus. Un court moment d’hésitation s’installa entre eux, surpris de se retrouver face à face.
Stacy sortit à son tour de la forêt, le nourrisson gémissant bien enveloppé dans la couverture.
— Ils sont là ! s’écria-t-elle.
Sans attendre, le groupe remonta la rue en courant, en direction de la maison. Il n’y avait pas d’autre alternative. Sarah jeta un coup d’œil par-dessus son épaule. La forêt déversa une vague de morts-vivants qui envahit la rue en une fraction de seconde.
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1 commentaire
Merci encore pour nous offrir cet essai
Encore un bon chapitre bien trop court.
petit bémol mais ce n’est que mon avis: j’aime bien la façon dont tu découpe par chapitre la vie des personnages mais je trouve que cela convient assez mal a la parution d’un chapitre par semaine.
Par ex, le dernier chapitre concernant cain remonte a plusieurs semaines et pour joindre les 2 bouts il faut avoir bonne mémoire
tu n’as rien a envier au parutions papier que j’ai pu lire voir meme au scénario de nanard cinématographique j’ai pu regarder.
merci