The Last Survivors, Saison 2 – Épisode 29

TLS229

Épisode 29 – La fuite

— Ça va ? demanda Stacy en faisant un pas vers Sarah qui lui tournait le dos, la tête inclinée vers les étagères.

Depuis qu’elle la connaissait, l’adolescente ne l’avait jamais vue craquer. Sarah passait pour une femme forte. Elle était à ses yeux une survivante que rien ne pouvait atteindre, une sorte de GI Jane surentraînée. Les deux jeunes femmes s’étaient construites la même carapace au fil des mois, et s’étaient forgées le même caractère. Elles étaient toutes les deux de véritables rescapées du plus grand centre de concentration jamais imaginé : la Terre.

Rien n’allait plus. Sarah était arrivée au bout d’elle-même. Prise au piège à l’étage du hangar alors que les morts grognaient sans cesse, les bras tendus vers la balustrade, la jeune femme avait fondu en larmes. Elle avait laissé ses émotions la submerger, bien incapable de les retenir. Elle avait été emportée par un tsunami de sentiments.

Elle lâcha l’étagère à laquelle elle se raccrochait désespérément et inspira profondément pour tenter de se calmer. Elle voulait à tout prix cacher ses émotions. Elle ne voulait pas paraître humaine. Pour survivre dans ce monde, il fallait se comporter comme les monstres qui hurlaient à plein poumon en contrebas. Il fallait devenir comme eux. C’était ça, rester en vie : refouler son humanité pour ne pas paraître faible.

Alors qu’elle pensait ne jamais arriver à reprendre le contrôle de ses émotions, une image traversa son esprit. Son cœur trembla. Un sentiment d’espoir la submergea alors et effaça miraculeusement tous ses doutes. Elle ne pensait plus aux zombies qui gémissaient dans l’entrepôt, leurs plaintes étaient devenues presque inaudibles comme si elle était parvenue à couper le son. Sarah releva la tête, frappée par une illumination. Toutes ses pensées étaient à présent tournées vers une seule personne : Henry.

L’homme avait risqué sa vie pour sauver la sienne. Il avait trahi les siens pour la secourir. Sarah ne devait pas se laisser abattre. Henry croyait en elle.

Elle sécha ses larmes et se retourna vers Stacy. L’adolescente attendait, incapable de faire un pas dans sa direction. Elle semblait tétanisée. Elle ne savait pas comment faire pour lui remonter le moral.

— Ça va ? demanda-t-elle à nouveau.

Sarah opina de la tête, les yeux rougis de tristesse.

— Tu es prête ? s’enquit-elle en se postant devant une armoire en évitant de croiser le regard de l’adolescente.

Elle l’ouvrit et prit une couverture poussiéreuse.

— Comment on fait ? lança Stacy, inquiète.

— Tu prends le bébé. Je prends Jenny, répondit Sarah.

— Tu es certaine que ça va marcher ?

— De toute façon, on n’a pas le choix.

Les macchabées avaient totalement investi l’entrepôt. Le bâtiment était devenu une fourmilière de morts-vivants.

— Combien de balles il te reste ? demanda Sarah.

— Deux.

La jeune femme souffla en pliant la couverture. Elle noua les deux extrémités, comme une écharpe, et la passa sous l’épaule et autour du cou de l’adolescente. Elle se tourna ensuite vers Jenny, assise dans un coin de la pièce. La fillette avait compris. Elle se leva et enveloppa le nourrisson dans la couverture. Le bébé resta silencieux. Il dormait.

Sarah prit Jenny sur son dos et enjamba le rebord de la fenêtre. À l’extérieur, les étoiles scintillaient. Le ciel était dégagé. La jeune femme jeta un œil en contrebas : aucune créature en vue. La voie était libre.

Les bras autour de la gouttière et les pieds en appuis contre le mur, Sarah et Stacy descendaient pas à pas. Jenny s’accrochait fermement au cou de Sarah tandis que le nourrisson, enveloppé dans la couverture de l’adolescente, dormait paisiblement. Les deux jeunes femmes retenaient leurs respirations et prenaient garde à faire le moins de mouvements possibles pour ne pas ébranler la gouttière fragile. Le mur craquelait sous leurs poids, laissant échapper des filets de poussière qui s’évanouissaient en contrebas. La situation était critique, le conduit pouvait s’effondrer à tout moment.

La moitié du chemin était fait. Une petite quinzaine de mètres séparait Sarah du sol. La jeune femme semblait soulagée mais son visage s’assombrit brusquement. Ses yeux s’écarquillèrent et son cœur se serra.

— Stop, chuchota-t-elle en haletant.

Stacy tourna lentement la tête et plongea le regard dans le vide. Un macchabée errait, le pas traînant, une tige de métal plantée dans la poitrine. Loin de ses congénères, il titubait, regardant sans cesse de droite à gauche comme s’il cherchait quelque chose.

Les yeux fermés, Jenny s’accrochait au cou de Sarah. Elle priait. Elle savait qu’au moindre bruit, le zombie rameuterait toute la horde de ce côté-ci du bâtiment. Elle implorait alors Dieu aussi fort qu’elle le pouvait, en retenant sa respiration de peur que le mort ne l’entende.

La créature avait le crâne arraché, une partie de son cerveau respirant à l’air libre. La tige de métal plantée dans sa poitrine, à quelques centimètres de son cœur, ne semblait pas la gêner pour marcher. Elle chancelait, les bras ballants et le regard fuyant, sous les pieds de Sarah qui avait de plus en plus de mal à se cramponner à la gouttière. Ses mains moites commençaient à glisser.

Ce n’était pas une si bonne idée, finalement – pensa-t-elle, les yeux fixés sur le mort qui avançait tellement lentement qu’on avait l’impression qu’il faisait du surplace – Saloperie de cadavre, tu peux pas bouger de là ! Elle le pensa si fort qu’elle eut, l’espace d’une seconde, le sentiment que le mort l’avait entendue. Le bougre pressa le pas comme si une étincelle s’était produite dans son cerveau ramolli. Poursuivant ainsi sa route, il disparut de l’autre côté du bâtiment.

Sarah continua sa décente et posa enfin un pied au sol. Stacy bondit à son tour sur l’herbe fraîche. Elle regarda fixement la jeune femme et lui sourit. Encore une minute de plus suspendue à la gouttière et elle aurait certainement lâché prise. Elle releva un pan de la couverture qu’elle tenait en écharpe : le nourrisson dormait toujours aussi paisiblement. Jenny se précipita vers lui et le prit dans ses bras sans le réveiller. Elle le berçait tendrement.

— Qu’est-ce qu’on fait, maintenant ? demanda Stacy en tirant son arme de sa ceinture.

— Je ne sais pas, répondit Sarah. La voiture est de l’autre côté mais avec cette horde, ça va être difficile de la rejoindre.

— Il faut y retourner. Le lait pour ma fille se trouve à l’intérieur.

Sarah réfléchissait. Elles avaient réussi à sortir du hangar mais il fallait à présent trouver un stratagème pour regagner le véhicule sans se faire repérer par les morts-vivants qui grognaient dans l’entrepôt. Elle se tournait instinctivement, perdue dans ses pensées, quand elle se figea soudainement. Le cadavre qui leur avait donné des sueurs froides, alors qu’elles étaient suspendues dans le vide, avait rebroussé chemin. Il se tenait immobile devant elles, le regard ahuri. Un moment de flottement, une sorte d’hésitation commune, s’empara des protagonistes. Tous semblaient surpris de se retrouver face à face, y compris le mort qui regardait fixement les jeunes femmes.

— Bordel de merde ! lâcha spontanément Stacy, son cœur palpitant comme un train lancé à plein régime.

Ces trois mots sonnèrent comme une alarme chez le macchabée. Il sortit de son marasme et grogna. L’adolescente braqua alors son arme dans sa direction et l’abattit sans sommation.

La horde qui s’était agglutinée dans le hangar cessa brusquement de japper. Un silence obscur enveloppa subitement l’endroit. C’était un silence de mort qui faisait froid dans le dos.

Sarah n’avait qu’une seule idée en tête : fuir. La vision des zombies débouchant brutalement de ce côté du bâtiment lui donnait la chair de poule. Mais avaient-ils entendu la détonation ?

Le premier mort apparu.

Puis un second.

Puis toute la horde qui se précipitait sur le côté de l’entrepôt comme une meute de loups enragés.

Ils grognaient, hurlaient et se marchaient dessus pour arriver le premier sur leur proie. Rien ne pouvait les stopper. C’était un tsunami de morts qui avançait, prêt à frapper comme une lame de fond.

Sarah se tourna subitement vers Stacy et Jenny et s’écria :

— Fuyez !


<<Chapitre précédent

Liste des chapitres

Chapitre suivant>>

Pour suivre l’actualité de The Last Survivors, n’oubliez pas de liker sa page Facebook.

Share Button

Vous pourriez aussi aimer

2 commentaires

  1. DeadMiouuu dit :

    Salut, c’est super sympa à lire, est-ce disponible en pdf ou epub, moyennant une tite pièce si besoin. histoire de lire sur la plage^^

    1. sebastien dit :

      Salut DeadMiouuu.
      Merci pour ton commentaire. Effectivement, il y aura peut-être une version epub et/ou papier. Je te suggère de suivre la page facebook officielle pour en savoir plus :https://www.facebook.com/thelastsurvivorszombie/
      A bientôt 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *