The Last Survivors, Saison 2 – Épisode 21

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Épisode 21 – Révélations

Les morts-vivants grognaient et tendaient leurs mains émaciées vers Sarah accoudée à la rambarde du premier étage du hangar. Ils s’étaient agglutinés sous l’escalier métallique coupé en deux, tels les spectateurs d’un concert, serrés les uns contre les autres devant l’estrade. Ils crachaient leurs plaintes en direction de la jeune femme. Le garçon qui avait succombé aux zombies, hurlait, perdu dans la foule de cadavres. Il agissait et se comportait comme eux. Il tendait ses mains vers Sarah qui le regardait avec amertume. Il avait changé. Les traits de son visage reflétaient toute la rage qu’il éprouvait et ses yeux, sans éclat, avaient perdu toute humanité. Il n’était plus qu’un corps somnolant parmi les morts.

Sarah détourna son attention du malheureux et posa les yeux sur son arme. Elle souffla, dépitée. Le chargeur était vide, il ne lui servait plus à rien.

—    Hé ! Elle ne va pas bien, dit Stacy en la rejoignant, le nourrisson dans les bras.

—    Ok, répondit Sarah sans un regard. J’arrive.

Alors que l’adolescente regagnait l’intérieur du bureau dans lequel ils s’étaient réfugiés, Sarah replongea à nouveau son regard dans la mêlée de morts. Ils étaient tous plus agités les uns que les autres. Envahie par la colère, le jeune femme prit l’arme par le canon et la balança en contrebas. Elle disparut aussitôt dans la foule.

Sarah rejoignit Stacy et Jenny dans le bureau. La fillette était allongée dans un coin de la pièce, recroquevillée sur elle-même. Elle sanglotait.

—   Faut que tu lui parles, dit Stacy en berçant le bébé. T’as un bon feeling avec elle.

Sarah opina de la tête. Elle s’approcha de Jenny et s’accroupit face à elle. Elle hésita un instant, figée devant sa détresse, mais elle finit par ouvrir la bouche.

—    Tu n’aurais pas dû vivre ça.

—   Ils sont tous partis, hoqueta Jenny entre deux sanglots. Mes parents… mes frères… ma sœur… tous.

—   Je sais.

—   Je suis toute seule, maintenant.

—   Non. Il te reste le bébé.

Elle ne connaissait pas son prénom. La survie l’avait rendu froide, presque inhumaine. Elle s’intéressait plus aux morts qu’aux vivants.

—    Oui, répondit la fillette d’une voix morne.

—    Tu vois. T’es pas toute seule. On est là nous aussi.

—    Oui.

Jenny n’était pas rassurée pour autant. Sarah baissa les yeux et souffla, ne sachant pas comment s’y prendre avec une enfant de son âge. Elle releva la tête et finit par agir comme avec n’importe quel survivant, comme elle avait l’habitude de le faire.

—    Comme toi, j’avais un frère et une sœur. Plus jeune que moi.

—    Ils sont partis aussi ?

—   Oui. Au tout début de l’épidémie. Je les ai pleurés pendant des jours entiers. Et ils me manquent encore aujourd’hui. Mais j’ai appris à vivre avec ça. J’ai appris à être forte.

—   Comment tu as fait ?

—   J’ai survécu, tout simplement. (Elle marqua une pause et reprit.) Je sais que ça fait mal aujourd’hui mais tu verras, tu oublieras avec le temps.

—   Mais je veux pas oublier. C’est ma famille.

—   Le temps effacera petit à petit ta douleur. Tu ne te souviendras plus que des bons moments passés ensemble. Et c’est ça qui compte.

—   Mon grand frère nous donnait toujours plus à manger. Mon petit frère et ma petite sœur se disputaient tout le temps pour avoir le plus gros morceau. Et on riait.

—   Tu vois. C’est à ça qu’il faut que tu penses. Pas au reste.

Jenny acquiesça d’un mouvement de la tête. Elle ne pleurait plus. Sarah se redressa, fière d’avoir accompli sa mission et rejoignit Stacy, assise sur une chaise roulante. Elle s’installa sur le rebord d’un bureau et croisa les doigts.

—    Alors comme ça, t’avais des frères et sœurs ? lâcha l’adolescente en souriant.

—    Non. J’ai menti.

—    Ah bon !

—    J’ai dit ça pour la rassurer. C’est tout.

—    Ben faut croire que ça a marché.

Jenny s’était assise contre le mur, à l’autre bout de la pièce. Elle faisait des cercles avec une brindille dans une flaque d’eau. Au-dessus d’elle, un tuyau reliant deux extrémités du bureau fuyait. Des gouttes tombaient directement dans la flaque.

Stacy posa instinctivement son regard sur le t-shirt de Sarah, à l’endroit où se trouvait la morsure.

—    Tu vas enfin me dire ce qui t’est arrivé ?

Sarah avait remarqué que l’adolescente la fixait. Elle se dit que le temps était venu pour elle de fournir des explications. Elle inspira alors profondément et dit d’une voix mélancolique :

—   Quand tout est parti en couille, j’étais au boulot. À l’époque, j’étais assistante juridique au bureau du procureur de New-York. Et putain que j’étais douée ! On a résolu des affaires incroyables et fait plier les plus grands avocats de la ville. J’aimais ma vie. Je passais le plus clair de mon temps au boulot mais j’étais heureuse.

—   Pas de petit copain ?

—   Non. En tout cas, pas d’histoire sérieuse. (Elle souffla, dépitée.) Je me souviens qu’on plaidait un cas difficile. Un garçon de quinze ans avait tué ses parents. On le tenait. Toutes les preuves étaient contre lui. Traces ADN, témoins, tout ! J’attendais le verdict du jury dans les couloirs du tribunal quand des coups de feu ont retenti. J’ai immédiatement pensé à un fou-furieux voulant venger la mort d’un de ses proches ou quelque chose du genre mais j’avais tort… Les gens ont commencé à se jeter les uns sur les autres comme des animaux enragés. Le bâtiment a été envahi par ces saloperies en quelques minutes seulement.

Elle s’arrêta, se perdant brusquement dans un nuage de tristesse. Les yeux noyés de larmes, elle reprit le fil de la conversation.

—   C’était la folie. Un chaos indescriptible. J’ai tenté de m’enfuir mais mon patron, le procureur, m’a attrapé le bras. Je croyais qu’il voulait m’aider mais j’ai su à son regard qu’il n’était plus lui-même. Il avait changé. Je me suis débattue comme une folle mais il a réussi à me mordre à l’épaule. J’ai fini par le repousser et je me suis enfuie avec les autres. J’aurais dû me transformer. J’aurais dû être comme eux. C’est bien plus tard que j’ai compris qui j’étais en réalité.

Elle se leva et plongea son regard atone à travers la vitre du bureau. Elle tournait le dos à Stacy qui l’écoutait avec attention.

—   Je sais pas… peut-être un an et demi après, j’étais avec un groupe de survivants. On sillonnait la route à la recherche d’un endroit où se poser. La vie était devenue trop dure à l’extérieur. Il nous fallait un refuge si on voulait survivre. Un jour, on a croisé la route d’un groupe de personnes. Parmi eux, il y avait un médecin de l’armée. Ils rejoignaient une colonie qui s’était formée sur une île, au large de la Floride.

—   Une colonie ?

—   Ils disaient qu’on y serait en sécurité. Qu’il n’y avait pas de zombies… Quoi qu’il en soit, ce médecin a vu ma morsure mais n’a pas été surpris.

—   Il avait déjà vu ça avant !

—   Oui. Il m’a expliqué que certaines personnes sont immunisées contre le virus. Que c’est un don qui pourrait permettre à l’Humanité de repartir de zéro.

—   Oui. En trouvant un remède ! lâcha tout naturellement Stacy.

—   Un remède ? Non. Le médecin m’a expliqué que la souche responsable du virus qui transforme les personnes en zombies est trop complexe. Toutes les tentatives du gouvernement pour trouver un vaccin se sont soldées par un échec. Ce putain de virus mute et s’adapte à son environnement. Il n’y a pas de remède possible !

—   Bordel de merde ! Pourquoi être immunisé, alors ?

—   Ouais. Dieu a un sacré sens de l’humour, non !

—   Et Henry dans tout ça ?

—   Il croit qu’un vaccin est possible grâce à mon sang mais il se trompe lourdement. Le médecin m’a simplement encouragé à rejoindre l’île. D’après lui, j’aurais toutes les réponses à mes questions.

—   Lesquelles ?

—   Je ne sais pas. On a été séparés par une horde de morts-vivants et je ne l’ai plus jamais revu. Avec mon groupe, on tentait de rejoindre cette île quand on a été attaqués à la sortie d’un supermarché. Henry m’a ensuite trouvée et tu connais la suite.

Stacy se releva. Le bébé s’était endormi dans ses bras. Elle se posta à côté de Sarah.

—    Quand on sera au bunker, on en parlera aux autres.

—    Pour quoi faire ?

—    Pour rejoindre cette île, tiens !

—   Il y a une bonne dizaine d’îles au large de la Floride. Comment tu comptes faire pour la trouver ?

—   Je sais pas. On les fouillera les unes après les autres.

—   C’est illusoire ! Tous les membres de mon groupe ont perdu la vie en s’y rendant. Je sais pas si j’aurais encore la force de perdre quelqu’un à cause de cette morsure. Elle a tué bien plus de gens que les zombies eux-mêmes !

Brusquement, un bruit  métallique assourdissant  retentit dans le hangar. Sarah et Stacy se précipitèrent à l’extérieur du bureau et se figèrent.


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