Sorti en France le 12 mai dernier aux éditions Fleuve dans la collection Outre Fleuve, Alice au Pays des Morts-Vivants de Mainak Dhar avait, à priori, de sérieux atouts pour séduire. Tout d’abord, c’est un succès de l’autoédition puisque 50 000 exemplaires ont été vendus trois mois après sa sortie en version originale sur Amazon en novembre 2011. Ensuite, et même si le procédé n’est pas nouveau, adapter le classique de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles, en roman zombie localisé en Inde me semblait plutôt une chouette idée, d’autant que j’adore le bouquin. J’ai donc entrepris de dévorer le roman de Dhar sans savoir que j’allais m’y casser les dents.
L’histoire met en scène Alice, une jeune fille blonde de 15 ans, guerrière affûtée ayant grandi dans un monde ravagé par les zombies. Lors d’une patrouille, elle croise un zombie aux oreilles de lapins et le suit dans des galeries souterraines. C’est alors que sa vision du monde va être bouleversée pour remettre en cause l’ordre établi.
Avec une idée de départ plutôt fidèle à l’histoire, le roman partait sur de bonnes bases pour finalement tout envoyer valser rapidement. En gros, hormis les premières scènes du livre et quelques personnages bien mal exploités, la comparaison avec Alice au Pays des Merveilles s’arrête là. Le zombie aux oreilles de lapin ne sert pas à grand-chose et la Reine est aux antipodes de celle du classique, tandis qu’Alice se révèle bien fade. Et c’est bien dommage car l’auteur avait l’opportunité d’écrire un roman de zombies complètement barré en restant plus fidèle à l’original. Dhar fait bien deux ou trois références au livre de Carroll, considéré comme une prophétie, mais ne creuse pas l’idée plus loin.
Du coup, nous en venons à nous demander pourquoi avoir lorgné du coté de Carroll, tant les références sont minimes. La prophétie, tirée du livre de Carroll, n’a ni queue ni tête dans le contexte d’Alice au Pays des Morts-Vivants. En fait, l’histoire aurait pu exister sans s’approprier ces éléments de référence, d’autant plus que ce n’est pas celle-ci qui viendra sauver les meubles tant elle est ras des pâquerettes avec son intrigue politico-militaire sur fond de dictature chinoise. Bref, vous l’aurez compris, le lien avec Alice au Pays des Merveilles sent l’accroche marketing éhontée à plein nez.
Le style d’écriture de Dhar ne vient par ailleurs qu’assombrir le tableau. Alice aux Pays des Morts-Vivants ne fait qu’alterner entre courts dialogues et scènes d’action dont nous nous soucions peu des enjeux tant la mayonnaise ne prend pas. Certaines références à l’Inde restent cependant sympathiques, car les œuvres de zombies de ce pays sont encore peu nombreuses, mais cela ne vient pas sauver le livre du naufrage. La première partie du roman est caractéristique de ces problèmes avec un écrivain qui se contente de décrire Alice comme une jeune femme experte au combat et le faisant presque un paragraphe sur deux. Impossible d’éprouver de la sympathie ou de l’empathie pour Alice tant elle est insipide. Mais elle n’est pas la seule et les autres personnages sont également très peu développés, entre une scientifique décrite comme brillante mais croyant dur comme fer à une prophétie ridicule et un militaire de carrière qui retourne sa veste en quelques lignes. Tous les personnages sont sous-exploités et ne suscitent que peu d’intérêt chez le lecteur.
Finalement, n’y allons pas par quatre chemins : Alice au Pays des Morts-Vivants est un désastre. Livre raté par bien des aspects, à aucun moment nous n’aurons pris de plaisir à parcourir les pages de ce roman et c’est à se demander comment ce livre a pu obtenir un succès populaire si important. Cette escapade d’Alice en territoire zombie était pleine de promesses mais aucune ne sera tenue. De notre côté, nous ne saurons que trop vous conseiller de faire l’impasse. Rien d’étonnant donc à ce que Fleuve ait fait partie des très très très rares éditeurs nous ayant ignorés quand nous les avons contactés pour découvrir le roman.
1 commentaire
Merci pour cette critique, ça m’évitera de l’acheter et de devoir le lire et enfin d’être déçue.