The Last Survivors, Saison 2 – Épisode 18

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Épisode 18 – Un voyageur inattendu

Le soleil commençait à disparaître, aspiré par l’horizon. La nuit s’installait peu à peu. Les étoiles apparaissaient alors que les couleurs orangées du crépuscule teintaient le ciel. Jonathan s’était éloigné de la ville où il avait trouvé les deux boites de conserve et la bouteille d’eau dans le sac de l’inconnu. L’homme s’était transformé en mort-vivant et avait été enfermé dans une salle de bain de son refuge. Jonathan avait été contraint d’abréger ses souffrances. Il avait ensuite fui les lieux en jurant par tous les saints qu’il ne remettrait plus jamais les pieds en ville. Mais la faim était plus forte que tout, plus puissante que ses convictions. Elle l’obligeait à aller toujours plus loin et à prendre des risques inconsidérés.

Il marchait le long de la nationale, son sac sur le dos et sa batte à la main. Il n’avait aucune destination précise où se rendre. Il suivait simplement la route. La faim n’était pas le seul ennemi contre qui il devait se battre. Il luttait chaque jour pour ne pas sombrer dans la folie. Il évitait tout contact avec les hommes, fuyant même l’idée de devoir les rencontrer au détour d’un chemin. Pourtant, la solitude commençait à peser. Elle était son seul compagnon de route. Jonathan n’avait pas parlé à un être vivant depuis des mois. Il ressemblait plus à un zombie errant sans but qu’à un homme civilisé. Il marchait comme eux, agissait comme eux. Il était mort à l’intérieur depuis longtemps.

Alors que les derniers rayons du soleil s’évanouissaient dans la nuit, le vrombissement d’un moteur vint brutalement percer le silence dans lequel Jonathan s’était réfugié. Un véhicule se rapprochait de lui. Sans hésiter, l’homme quitta la route et s’enfonça dans l’obscurité de la forêt. Il se cacha derrière un épais fourré et patienta, prêt à se défendre.

Le véhicule apparut tout à coup, bravant le crépuscule tel un fantôme. Il roulait à vive allure et fendait l’air comme un bolide. Arrivé à la hauteur de Jonathan, il freina brusquement. Un type bondit à l’extérieur et accourut vers la cachette de Jonathan d’une démarche vaudevillesque. Il sautillait en se tenant les testicules.

—    Putain ! lança-t-il à la cantonade. Je peux plus me retenir !

—   Magne-toi le cul ! s’éleva aussitôt une voix depuis le véhicule. On n’a pas que ça à foutre !

—   Ouais mais tu sais ce qu’on dit… Quand faut y aller, faut y aller !

Le type se posta face à Jonathan qui serrait sa batte, prêt à frapper. Mais l’homme ne le remarqua pas. Il baissa son pantalon et urina à quelques centimètres de lui tout en maugréant.

—   Ils sont complètement fêlés ! Ça fait des heures qu’on roule, putain. Faut que je pisse, moi !

Il termina son affaire sans se douter une seule seconde de la présence de Jonathan et rangea son engin.

—    T’as fini ? s’enquit la voix.

—    Ouais ! J’arrive !

Le type se retourna et s’éloigna. Il monta dans le véhicule qui reprit aussitôt sa route. Jonathan sortit alors de sa cachette et souffla, soulagé.

***

Les étoiles scintillaient. La nuit avait complètement recouvert le ciel de son épais manteau noir. Jonathan savait qu’un jour où l’autre, il serait obligé d’affronter les hommes. Il ne pourrait pas rester éternellement caché. Le jour viendrait où il devrait se battre. Ce nouveau monde le contraindrait alors à se comporter comme un animal, comme il l’avait fait avec les morts. Il ne pourrait pas en réchapper.

Jonathan marchait sur la route, traînant les pieds dans un silence sépulcral. Il se perdait dans ses pensées quand des bruits claquant sur le bitume attirèrent subitement son attention. Il se retourna. Un chien, un berger allemand amaigri, le suivait à quelques mètres derrière. L’animal s’arrêta quand il sentit les yeux de Jonathan se poser sur lui. Il baissa la tête comme un enfant timide en évitant de croiser le regard de l’homme et lâcha de petits gémissements, semblables à des sanglots. Il semblait triste et désespéré. Jonathan détourna son attention de lui et poursuivit son chemin.

La route était interminable. Elle se perdait à l’horizon. Jonathan n’arrivait plus à se concentrer à cause des griffes de l’animal qui grinçaient sur l’asphalte à chacun de ses pas. Agacé, il se retourna soudainement et courut vers le berger allemand en brandissant sa batte.

—    Barre-toi !

Le chien, terrifié par ce soudain retournement, prit la fuite mais s’immobilisa quand Jonathan cessa de le poursuivre.

—    J’ai rien pour toi !

Voyant l’animal figé au milieu de la chaussée, il brandit à nouveau son arme en courant dans sa direction. Le berger allemand prit la fuit et disparut dans la forêt. Débarrassé de lui, Jonathan reprit la route mais après plusieurs heures de marche, une sensation désagréable se fit ressentir au niveau de son estomac. L’heure du dîner venait de sonner.

Jonathan s’enfonça dans la forêt et posa son barda entre deux arbres. Il alluma un feu comme il avait l’habitude de le faire, dans un petit trou entouré de pierres, et fit cuire le contenu d’une boite de conserve dans une vieille casserole en fer cabossée.

Attiré par l’odeur, le berger allemand apparut, sortant de l’obscurité de la forêt. Il s’assit face à Jonathan, le museau incliné vers le bas et patienta.

—   Qu’est-ce que tu fiches ici ? lança l’homme en remuant la tambouille avec une cuillère en bois. Y a rien pour toi ! J’ai déjà du mal à me nourrir.

L’animal lâcha un sanglot, se redressa et se rapprocha discrètement. Il reprit sa position assise et patienta à nouveau. Jonathan prit la casserole et mangea devant le chien qui le fixait avec envie.

—    Je sais. Les temps sont durs. Mais c’est pour tout le monde pareil !

Alors qu’il pensait savourer son dîner en tout tranquillité, un sentiment de gêne commença à l’envahir. Il grandissait à chaque bouchée. Il mangeait sans envie, se forçant presque à avaler. Il ne parvenait pas à détourner les yeux du triste minois de l’animal. La nourriture était devenue fade. Il se laissa alors convaincre et posa la casserole encore chaude devant l’animal. Le berger allemand s’avança lentement et y plongea son museau. Entre deux bouchées, il releva la tête et fixa Jonathan un instant, comme pour lui dire merci, puis replongea le nez dans la tambouille.

Jonathan s’adossa contre un arbre en fixant le chien qui se délectait de sa maigre pitance. La gêne qu’il avait éprouvée un peu plus tôt s’était évanouie quand il avait partagé son repas avec le berger allemand. Il se sentait apaisé. Bercé par les bruits de mastications de l’animal, il baissa sa garde et s’endormit.

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