L’Homme des Morts
C’est le printemps et, alors que les arbres vont bientôt se couvrir de bourgeons puis de feuilles, nos bibliothèques vont pouvoir se garnir des sorties zombies de ce printemps littéraire. C’est dans cette vague de nouvelles publications du mois de mars qu’émerge L’homme des morts, le premier roman de V.M. Zito aux éditions Orbit, les éditions qui publieront en juin prochain L’intégrale Z de Max Brooks. Après cette entrée en matière poétique, entrons donc dans le vif du sujet.
Imaginez qu’un virus zombie frappe la côte ouest des États-Unis, ne laissant derrière lui qu’une vaste zone de désolation parcourue par des hordes de morts-vivants. Le gouvernement américain décide alors de faire évacuer les survivants à l’est du Mississippi et d’abandonner toute cette partie du pays. 4 ans plus tard, le pays s’est reconstruit sur la côté est, délaissant tout l’ouest aux zombies et aux groupes de pillards anarchistes. Au milieu de ce chaos, l’ancien neurologue Henry Marco continue tant bien que mal à vivre, la seule raison lui restant étant l’espoir de retrouver le corps de sa femme Danielle et mettre un terme à son supplice. Après avoir découvert que les morts possèdent une certaine mémoire géographique qui les pousse à se rendre dans des endroits importants pour eux, il décide de monnayer ses services en tant que chasseur de zombies. Sa mission ? Retrouver les corps ambulants d’êtres chers à ses clients et mettre définitivement fin à leurs errances mortuaires tout comme il désire si fortement le faire pour Danielle.
C’est dans cette situation que l’on suit Henry alors qu’un mystérieux homme politique de la zone saine des États-Unis, l’engage pour une mission spéciale et qu’il est vite rejoint par Wu, un agent secret chinois qui se fait passer pour son escorte militaire. Ils se lancent alors à la recherche du corps de Roger Ballard, un scientifique qui avait trouvé refuge au milieu d’une prison infestée de zombie et qui travaillait sur un vaccin. Le voyage d’Henry au travers de l’horreur sera aussi éprouvant physiquement que mentalement puisqu’il le poussera à faire face à ses démons intérieurs.
L’homme des morts commence très bien avec un premier chapitre vraiment prenant qui nous plonge au cœur d’une des missions de Henry. La tension est présente dès le départ et les idées vraiment bonnes. On découvre ainsi le héros, Henry, qui au fil du roman, se révèle très bien construit psychologiquement. Toutefois, on ne s’y attache jamais et le lecteur se retrouve à la place d’un Dieu omniscient qui assisterait à un spectacle qui l’intéresse mais qui ne stimule que rarement ses propres passions. L’intérêt du lecteur reste malgré tout présent tout au long de l’histoire, d’autant que les sous-intrigues sur le passé de Henry et ses relations avec le scientifique sont généralement surprenantes et bien construites. Le roman est également ponctué de certaines réflexions vraiment sympathiques, soutenues par une langue (nous parlons de la version originale) vraiment agréable et fluide qui donne toujours une bonne idée des situations dans laquelle le héros se retrouve, même si elles sont des plus chaotiques et donc difficiles à décrire.
Le premier problème vient du manque d’originalité du roman. Déjà en 2011, on pouvait retrouver quasiment la même histoire dans The Last Mailman. Par conséquent, ceux qui ont lu ce roman ressentiront une forte impression de déjà-vu tout au long du livre. De plus, certaines situations sont vraiment répétitives. Par exemple, lorsque Henry et Wu sont attaqués par les pillards dans le no man’s land, les zombies se joignent à la fête et l’inverse est presque toujours vrai. De la même manière, dès qu’ils entrent quelque part on peut être certain que le lieu sera vide avant que des zombies ne sortent de partout. Cela reste toutefois pardonnable dans la mesure où on lit le livre sans peine et avec intérêt et que les zombies, lents et terrifiants, sont utilisés à bon escient pour maintenir une menace perpétuelle.
Le second, et bien plus gênant, problème vient de la forte inégalité entre certains passages du livre. On alterne donc entre scènes vraiment captivantes avec une vraie dose de tension, comme celle où Henry doit échapper à des zombies en plein milieu d’un lac et se cacher sous une vieille barque, et d’autres, notamment vers la fin, emplies de pathos et bien trop prévisibles. A ce titre, V.M. Zito a souvent tendance à casser le rythme de l’action en incluant de longues réflexions de son héros en plein milieu de scènes ultra dynamiques, comme lorsqu’un cinéaste film une scène d’action au ralenti.
Enfin, on ne peut que regretter le fait que le personnage de Wu soit si caricatural. Envoyé par le gouvernement Chinois, ennemis des Américains, pour récupérer également le corps du scientifique, il est montré comme un soldat sans cœur et endoctriné par la puissance chinoise. Au travers de ce personnage, la Chine est mise sur le même palier que l’Iran par exemple qui sont décrits comme des pays prévoyant d’utiliser le virus zombie à des fins personnelles et apocalyptiques. En fait, V.M. Zito se contente de réduire les pays du monde non infectés à un groupe de pays malintentionnés, oubliant par exemple d’incorporer du background sur la gestion des frontières avec le Canada ou le Mexique qui ne sont pas atteints. Cela aurait pu être extrêmement intéressant puisque dans l’ouvrage seul l’ouest des États-Unis est touché. Toutefois, il s’agit peut-être d’une des thématiques de Border Crossing un court roman que V.M. Zito a écrit à la suite de L’homme des morts et qui se passe dans le même univers.
L’homme des morts est donc un roman dans la moyenne des livres de zombie, ni révolutionnaire, ni ennuyeux. On regrettera seulement que des scènes du livre viennent régulièrement casser le rythme d’une lecture qui, globalement, reste agréable.
L’homme des morts
Auteur : V.M. Zito
Editions Orbit
Nombre de pages : 400
ISBN : 978-2360510801
Sortie officielle : 27 mars 2013
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