Cockneys vs Zombies
Quand on associe les mots cinéma, zombie et Grand-Bretagne, nous pensons évidemment à deux superbes films, Shaun of the dead et 28 jours plus tard. Cependant, un nouveau film britannique arrive aujourd’hui en DVD sur notre territoire essayant de s’incruster dans notre vidéothèque. En France, les salles de cinéma avaient boudé Cockneys vs Zombies et celui-ci n’avait malheureusement fait que le tour des festivals. Ce serait pourtant injuste de ne pas accorder de crédit au premier film de Matthias Hoene même si ce long métrage est loin d’être un chef-d’œuvre.
Tout d’abord, qu’est ce qu’un Cockney ? Les Cockneys sont des londoniens appartenant à la classe ouvrière, ils possèdent un langage bien particulier basé sur un accent prononcé et un argot imagé. Nous savons donc à partir du titre que l’action se déroulera dans la banlieue de Londres et que les protagonistes seront des personnes simples aux destins par forcément exceptionnels.
Le film ouvre sur un chantier alors que deux ouvriers se retrouvent face à un étrange tombeau datant de 1666 (attention les gars, avec une telle date, ça sent le coup fourré). Y voyant une bonne occasion de déterrer un trésor, les deux compères s’infiltrent dans le tombeau parsemé de squelettes. Si au départ l’ambiance n’est absolument pas oppressante (une blague de prout ça détend toujours l’atmosphère) l’attaque d’un cadavre change rapidement la donne à grand coup de synthés dégoulinant tout droit venu des années 80. Cette scène d’ouverture enchaîne directement avec un générique à l’esthétique comic sur une bande son qui aurait sûrement plus sa place dans une série américaine ayant comme héros de jeunes étudiants californiens en mal de sensations fortes.
On nous présente alors les personnages avec quelques flashbacks. Nous avons droit à deux frères plutôt loosers (Terry et Andy Macguire) et un ancien militaire sacrément barré (Mickey) qui préparent un braquage. En effet, ils veulent voler l’argent d’une banque afin de sauver de la destruction la maison de retraite dans laquelle vit leur grand-père. Jusque là rien de bien nouveau du côté des personnages mais la véritable originalité du film vient du deuxième groupe composé exclusivement de petits vieux parmi lesquels on retrouve le grand-père Macguire, véritable badass qui trucidait du nazi pendant la seconde guerre mondiale.
La préparation du casse est un défouloir de montages à la Ocean’s Eleven saupoudrés d’humour plus ou moins drôle (une fausse moustache comme déguisement pour la cousine Katy) confirmant que nous avons plus affaire à une comédie qu’à un film d’horreur. À la fin du braquage, notre équipe de bras cassés fait deux otages et découvre le quartier désert, enfin presque, des morts-vivants semblent désormais faire la loi dans les rues. D’ailleurs, nous évitons pour une fois les sempiternelles réflexions sur les origines de ce mal et sur les possibles identités de ces étranges créatures.
“Mais c’est qui ces gens ?
– Des zombies.
– Hum, t’es sûre ?
– Plutôt sûre, oui.”
Plus tard, le réalisateur profite également d’un dialogue pour dévoiler son avis sur l’éternel débat entre le zombie lent et le zombie rapide.
“Je les croyais capables de courir.
– Bah non, ils sont morts, ces gars là ne vont pas piquer un sprint.”
S’en suit un véritable cours sur comment tuer un zombie mais une scène totalement inappropriée et qui semble plutôt tirée d’un sketch des Inconnus va totalement gâcher l’ambiance générale qui devenait pourtant sympathique. Attaqué par un bébé zombie, Mickey décide de se défendre en frappant du pied le nouveau-né l’envoyant à des dizaines de mètres de là sur un panneau publicitaire contre la maltraitance. Cette scène tombe un peu comme un cheveu sur la soupe puisque nous passons d’une ambiance teintée d’humour à une grosse poilade digne d’un Monty Python déstabilisant du coup l’osmose déjà un peu bancale de cette comédie.
C’est bien là où le bât blesse, Cockneys vs Zombies aurait pu allier finement rigolade et action mais un humour pachydermique et une réalisation un peu bancale viennent régulièrement casser le rythme. La scène du papy en déambulateur tentant de semer des morts-vivants en est le parfait exemple. Ce passage est égayé par une musique et un montage rythmés qui viennent tout simplement anéantir une scène qui aurait pu être comique sans en faire des caisses.
Cet humour mal dosé gâche alors le film d’autant qu’il s’étale même sur certains passages qui reflètent quelques critiques intéressantes sur la condition des personnes âgées dans notre société. Là où Shaun of the Dead dosait très bien l’humour, Cockneys vs Zombies mélange un humour “pouet-pouet” avec quelques satires sociales révélant ainsi un film maladroit au style confus si bien qu’iI semble clair que Matthias Hoene ne savait pas trop vers quoi orienter son œuvre.
En fait, le film est très inégal, alternant entre points réussis et ratés, entre paysages agrémentés d’effets numériques crédibles et faiblesses scénaristiques ou figurants zombies parfois peu convaincants. Enfin, la dernière scène est malheureusement bourrée d’artifices maintes fois vus, une musique héroïque, des ralentis à foison et des positions peu académiques pour utiliser des armes à feu. Le générique de fin vient confirmer l’ambiance générale, on dirait que Casimir chante dans un pub anglais, nous laissant l’impression que l’on vient de regarder une mauvaise parodie zombie plutôt qu’une vraie comédie…
Au final, Cockneys vs Zombies reste un film mêlant maladroitement humour et zombies mais qui se laisse tout de même regarder, laissant un sentiment de “dommage, ça aurait pu être mieux”.
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