Lorsque j’ai appris la sortie de la bande dessinée Nous, Les Morts, je n’ai pas hésité une seconde à me porter volontaire pour en faire la critique, notamment à cause son histoire séduisante qui se différencie des traditionnelles histoires zombies vues des centaines de fois. Fruit de la plume de Darko Macan et du pinceau d’Igor Kordey, Nous, les Morts est une série de quatre bandes dessinées dont deux sont déjà sorties chez Delcourt en France. C’est donc plein d’enthousiasme que je me suis jeté dans la lecture de Nous, Les Morts : Les Enfants de la Peste et de Nous, Les Morts : Le Continent Cimetière.
Nous, Les Morts est une uchronie retraçant l’histoire de Manco, prince Inka en quête de la fontaine de jouvence dans une Europe décimée depuis sept siècles par une peste ramenant les morts à la vie. Les Européens n’ayant jamais atteint les rives des Amériques, les Inkas y règnent sans partage. Après qu’un bateau échoue sur une plage du continent américain avec à leur bord de bien étranges hommes, les Inkas empruntent le chemin inverse dans leurs machines volantes pour enquêter.
Alors que je m’attendais évidemment à une réécriture historique, les auteurs se sont tellement éloignés de la réalité, en dotant les Inkas de poudre à canon et de machines volantes, que l’ensemble perd tout réalisme et crédibilité. Nous, Les Morts ne brille pas par ses qualités narratives et nous ne pouvons que regretter que les libertés prises avec l’Histoire, qui ne sont tout compte fait que des facilités pour faire avancer le récit le plus rapidement possible. L’histoire a tellement peu de profondeur qu’il est difficile d’en cerner les véritables enjeux, enjeux dont le lecteur finit de toutes façons par se moquer éperdument.
Il faut dire d’ailleurs que le récit est porté par une galerie de personnages plus détestables les uns que les autres ou tout simplement sans reliefs. Entre fornication, masturbation, voyeurisme et trahisons à la pelle nous venons tout simplement à nous demander comment les Inkas peuvent tenir leur empire. En fait les auteurs de Nous, Les Morts ont clairement décidé de jouer la carte du racolage et du vulgaire pour capter le peu d’attention qu’il reste au lecteur. C’est d’autant plus regrettable car l’idée de départ (la découverte de l’Europe par les Inkas) ouvrait des possibilités vraiment intéressantes. Au lieu de cela, il faudra se contenter d’une histoire fade et à aucun moment réellement prenante.
Enfin que penser des zombies ? Certains d’entre eux sont en effet capables de communiquer avec les vivants et maîtriser leur faim. Du coup, même si c’est le point central de l’histoire, puisque les Inkas pensent que c’est grâce à la fontaine de jouvence, nous ne pouvons nous empêcher de penser que ce n’est qu’une maladresse de plus de la part des auteurs. A trop vouloir s’éloigner des clichés, Nous, Les Morts finit simplement par ne plus ressembler à rien.
Finalement, nous ne saurons que trop vous conseiller de faire l’impasse sur Nous, Les Morts. Les tomes 1 & 2 sont similaires sur de nombreux points et se lisent très vite mais ne donnent pas envie d’y revenir. Seul le dessin sauve la bande-dessinée du naufrage, même si les scènes d’action manquent de punch. Avec un pitch de départ pourtant alléchant ; le constat est sans appel : ces deux tomes sont une véritable déception. Il faudra un énorme travail sur la suite de l’histoire pour que les tomes 3 et 4 relèvent le niveau. Macan et Kordey en sont-ils capables ?
1 commentaire
J’ai hésité plusieurs fois à l’acheter, mais après avoir lu la critique, ça ne me donne pas envie. Merci pour cette excellente critique.