Alors que les tomes 3 et 4 de Nous, Les Morts sont déjà disponibles en France aux éditions Delcourt (respectivement sortis en septembre et novembre 2015), c’est un peu en traînant des pieds que je me suis enfin décidé à me plonger dans les deux derniers tomes clôturant cette quadrilogie imaginée par Darko Macan et mise en images par Igor Kordey. Échaudé par une bande-dessinée que je qualifiais de piètre qualité dans ma critique des deux premiers tomes, je n’attendais pas grand-chose des deux derniers. Le Céleste Empire et Les Enfants d’Abel sont-ils donc de qualité suffisante pour recommander cette mini-série ?
Sans trop vous révéler l’histoire pour ne pas vous spoiler, toujours poursuivis par Yao, les compagnons d’infortune de Manco poursuivent leur périple au-delà des continents et multiplient les rencontres dans un monde qui s’adapte à la vie avec les morts. Sur leur continent d’origine, la tempête gronde alors que la lutte pour le pouvoir se dessine en l’absence du prince héritier.
Les deux premiers tomes m’avaient particulièrement agacé la faute à leur galeries de personnages libidineux et foncièrement idiots. Le décor n’était également pas suffisamment planté et les diverses trahisons tombaient à plat. Toutefois c’est avec plaisir qu’au fil des pages de Le Céleste Empire et de Les Enfants d’Abel j’ai pu apprécier le fait que Macan avait corrigé le tir. Les divers protagonistes gagnent en humanité alors que la menace de la mort plane sur eux que ce soit à cause de Yao et sa quête de vengeance ou encore des nombreux zombies qui les accompagnent.
Tandis que les personnages principaux étaient plein d’arrogance bouffonne, les voilà confrontés au doute mais aussi à leurs faiblesses. L’issue de leur voyage étant plus que jamais incertaine, ils se plongent alors dans des réflexions sur le but de leur existence qui m’ont fortement plu. Il aura donc fallu subir les deux premiers tomes pour être en mesure enfin d’apprécier pleinement Nous, Les Morts. En effet, Manco et compagnie gagnent en profondeur, et Nous, Les Morts se permet même quelques allusions à la lutte des classes ainsi qu’un questionnement sur le sens de la vie. Quoi de plus logique finalement, quand l’histoire originale promettait une recherche de la fontaine de jouvence.
Certes, tous les défauts des premiers tomes ne sont pas gommés, et les scènes racoleuses auront toujours leur place, histoire de continuer d’attirer les lecteurs émoustillés par ce genre d’images alors qu’elles n’apportent finalement pas grand-chose. Elles sont cependant un peu plus rares et s’intègrent donc mieux au récit.
Finalement, alors que cette quadrilogie semblait bien mal embarquée, Macan et Kordey sauvent les meubles avec des deux derniers volumes. Pour apprécier Nous, Les Morts il faudra donc avoir lu tous les tomes sans se laisser trop décourager par les deux premiers. Le Céleste Empire et Les Enfants d’Abel sont donc deux bonnes surprises qui permettent de relever le niveau général de l’histoire. Sans être une histoire inoubliable, elle aura le mérite de vous faire passer un bon moment et elle finit sur une bonne impression générale, ce qui est peut-être l’essentiel dans ce genre d’exercice.