Lorsque je me suis proposé pour le numéro 35 de notre rubrique Vous l’avez voulu ! Le choix des lecteurs, je ne savais pas encore à quelle sauce j’allais être servi. Cependant, à la vue du dernier numéro traité par Calico J4ck, je partais relativement confiant. Malencontreusement, les suggestions faussement innocentes de “Icare”, un habitué, sont venues tout chambouler avec Le lac des morts-vivants du français Jean Rollin et Le commando des morts-vivants.
“Fichtre !” je me suis exclamé, n’ayant jamais vu ces films mais pressentant déjà le coup fourré ; doutes qui se confirmeront après la lecture de commentaires un brin taquins du rédac’ chef en coulisses. Je savais donc déjà que je m’embarquais dans une sacré galère, mais comme j’aime les métaphores filées, je me suis plongé dans Le lac des morts-vivants.
Dans les années 50, un village rescapé de la Seconde Guerre Mondiale est touché par une vague de meurtres de jeunes filles après que celles-ci se sont baignées dans le “lac maudit” (ou “des maudits”, ce n’est pas très clair), où se livraient des rites lors de l’inquisition et où reposent des corps de soldats nazis. Le maire et une journaliste décident de mener l’enquête.
Ma femme me disait récemment “être critique, c’est trouver le mauvais dans le bon et le bon dans le mauvais”. J’aime autant vous dire que lorsque elle a visionné, à son corps défendant, 15 minutes de Le lac des morts-vivants, elle a légèrement nuancé ses propos. Effectivement, quand on a affaire à un film totalement merdique, qu’est-ce qu’on fait ?
Certes, le film date déjà de 1981 mais est-ce une excuse suffisante pour expliquer le côté nullissime des trucages et des maquillages ? J’ai le souvenir de meilleurs trucages lors de mes spectacles de fin d’année à la petite école. Les zombies verts et leurs attaques sont franchement pitoyables, sans parler des scènes aquatiques filmées en piscine avec des zombies en manque d’air qui remontent régulièrement prendre leur respiration.
D’ailleurs, avec ce genre de navets des années 70-80, qui dit scène aquatique dit scène de nue et vous n’y couperez pas. Certes, à l’époque, ce pseudo-érotisme devait permettre d’attirer plus de spectateurs. Toujours est-il qu’avec un regard contemporain, c’est tout au plus légèrement amusant mais cela ajoute surtout une dose de ridicule supplémentaire au film.
Pour ce qui est du scénario, difficile de le qualifier d’ouvertement mauvais mais un montage et des prises de vue chaotiques donnent l’impression d’une succession incohérente de scènes. Heureusement les scénaristes ont fait preuve d’une touche d’originalité en choisissant comme fil conducteur au film l’interaction entre un zombie nazie et sa fille (bien vivante, elle). Et même si ce n’est pas l’idée du siècle, elle permet presque au film de surpasser le manque de cohérence de sa réalisation.
Mais dans ce film, la pépite des pépites, reste le jeu des acteurs. Il est consternant et ceci avec une constance s’approchant de la perfection. En fait, il est si consternant que même les figurants ont du mal à se retenir de rire durant les scènes les plus affligeantes (prêtez attention, vous verrez). De mon point de vue, la scène la plus comique étant celle où les inspecteurs débarquent dans le rade du coin et se prennent la tête avec les villageois. Une mention spéciale pour un acteur que je n’ai pas pris le temps d’identifier mais qui touche du doigt le niveau zéro du jeu d’acteur, vous devinerez assez vite de qui je veux parler en visionnant ce film.
En fin de compte, je ne peux pas dire que j’ai pris du plaisir à regarder ce film. Il a fallu m’y reprendre à trois fois faute à un KO par endormissement et un autre par lassitude extrême. Heureusement, le dernier visionnage est passé relativement bien en huilant mon cerveau avec un bon tiers de bouteille de whisky et une demie bouteille de vin. En fait, c’est certainement un film dont je n’aurais pas regardé plus de 15 minutes si je n’y avais pas été obligé. Pour avoir l’impression de ne pas avoir perdu 80 précieuses minutes de ma vie, j’essaie comme tant d’autres de me persuader que finalement cela m’a amusé de voir un tel nanar. Mais finalement Le lac des morts vivants m’a surtout permis de situer le niveau zéro des films de zombies, une vraie référence en fait…
Vous avez vu Le lac des morts-vivants (masochistes !) ? Alors n’oubliez pas de l’ajouter à votre collection zombie et de le noter !
Alors, qu’est-ce que vous proposez pour le numéro 36 ? On attend vos propositions !
6 commentaires
excellente critique très bien écrite.., mais qui ne me donne pas pour autant envie de voir le film 😉
Passer à coté du “Promizoulin” en parlant du premier film de zombie français, c’est un peu raté la sortie d’autoroute et finir encastré dans le cul d’une caravane de néerlandais.
Allez un peu d’aide : http://www.nanarland.com/Chroniques/chronique-lacdesmortsvivants-le-lac-des-morts-vivants.html + http://www.nanarland.com/glossaire-definition-164-P-comme-promizoulin.html + http://www.nanarland.com/video-40-mais-qu-est-ce-qu-il-dit-.html
Ceci étant dit, ce n’est pas le premier film de zombies français, Jean Rollin avait déjà sorti Les Raisins de la mort en 1978 😉
Je t’avouerai, cher confrère, que je suis complètement passé à côté de ce fameux passage “Promizoulin”. Vous m’excuserez, j’étais à la troisième tentative de visionnage et passablement éméché. Avant de construire ma critique, j’essai de ne pas regarder les critiques d’autres personnes. Après avoir construit mon p’tit billet, je me suis renseigné un peu plus sur le film et c’est vrai que beaucoup d’adorateur du nanar trouvent paroxystique cette petite phrase. Mais je ne suis pas du genre à suivre l’opinion général, donc je ne l’ai pas rajouté (c’est même foutrement honnête de ma part, finalement).
En plus, perso, mon moment préféré c’est l’engueulade des villageois par les inspecteurs.
Je dois vous laisser, j’ai un constat à écrire… L’un d’entre vous parle Néerlandais ?
Aille mauvaise pioche Baalero. Vous auriez été mieux inspiré d’opter pour Le commando des morts-vivants. Je dis ça je dis rien. Mais merci quand même d’avoir retenu ma suggestion. Comme ça c’est fait comme on dit.
Pour le prochain, un courageux tenterait-il Videodead ?