Critique de Wake the Dead de Frédéric Czilinder

wake the dead

Il y a quelques mois, nous vous parlions de la parution imminente de Wake the Dead, un roman dont l’action se déroule durant la nuit d’Halloween et qui aurait dû paraître pour Halloween 2014. Malheureusement, il nous aura fallu attendre jusqu’à aujourd’hui (06 février 2016) pour que les éditions Armada nous apportent enfin notre friandise d’Halloween. Nous attendions avec d’autant plus d’impatience cet ouvrage que son auteur, Frédéric Czilinder, avait marqué la rédaction avec Outlaw la nouvelle issue du recueil Zombies et autres infectés.

Frédéric Czilinder est un écrivain français originaire d’Avignon qui chérit les histoires fantastiques. Avec Wake the Dead, il s’essaie aux zombies mais pas seulement. En effet, son défi avoué est de recréer l’ambiance typique des films d’horreur pour adolescents, une très bonne idée selon moi. Le défi est-il remporté?

“La vie suit son court à Deep Harbor, petite bourgade de la côte du Massachusetts. En fait, il ne s’y passe jamais grand chose en dehors de la fête du poisson, le 4 juillet et la fête foraine à l’occasion d’Halloween. Jake, Kate, Amber et Teddy sont quatre adolescents qui fréquentent le lycée de Lincoln High et qu’aucune affinité ne rapproche vraiment. Jusqu’à cette soirée d’Halloween où, comme qui dirait, les morts décident d’aller croquer du vivant. Tremblez à proximité du cimetière de Silent Hill ! Retenez votre souffle à l’orée des bois de Black Forest ! Evitez les marais maudits et leurs tourbières ! Plus question de cacher les squelettes dans les placards. Les morts sont partout, et surtout où vous ne les attendez pas !”

Pour ce qui est de l’ambiance ‘teen horror movie’ c’est très réussi. J’irais même jusqu’à dire que l’auteur approche la perfection au niveau du cliché. En fait, le roman pourrait être quasiment adapté en script de film tel qu’il est. En effet, nous y retrouvons tout les poncifs du genre mais utilisés à bon escient. Le décor principal dans lequel évoluent les personnages est une petite ville côtière américaine au passé rayonnant mais aujourd’hui sur le déclin où fût organisé un “méchoui” de sorcière deux siècles auparavant (évidemment, celle-ci n’a pas manqué de promettre une vengeance atroce avant de partir en fumée).wake the dead armada

Nous retrouvons ainsi les personnages emblématiques, tel que le couple cheerleader et quaterback dans leur découverte de la sexualité, des ados en soif d’indépendance, ou le gentil policier et le méchant et vicieux politicien. Heureusement, l’auteur a su judicieusement doser la caricature, la psychologie des personnages étant suffisamment creusée pour que nous nous attachions à eux tout en restant dans le stéréotype. Les habitants et personnages secondaires sont typiques une fois de plus de ce genre de film d’horreur : le clochard alcoolique, la vieille aigrie etc… Et ils attendent tous avec impatience la grande fête d’Halloween. Vous m’excuserez ce côté un peu réducteur, mais pour faire simple l’ambiance sent bon l’hamburger, la sueur de redneck et la poudre à canon, ce qui nous immerge un peu plus dans cette ambiance de film pour ados américains.

L’auteur pousse même le vice jusqu’à ne pas utiliser les termes du système métrique cher aux européens et utilise à la place les unités de mesure américaines. Il les utilise parfois jusqu’à l’écœurement si l’on prend l’exemple des unités de distance en yard. En effet, même si cela nous aide à nous immerger dans cette ambiance américaine, lors du dernier quart du roman, j’ai ardemment souhaité que l’auteur se renouvelle un peu en matière de descriptions des distances et arrête une fois pour toute d’écrire yards. C’est d’ailleurs l’unique reproche que je ferai à ce roman.

Sur un autre sujet, le roman est constitué de chapitres suivant un découpage horaire entremêlant les histoires de différents personnages dans des scènes là aussi stéréotypées : un policier dubitatif enquêtant sur le terrain dont l’intuition policière est titillée par un mauvais pressentiment, une scène de spiritisme qui tourne mal ou un pelotage en règle à l’arrière d’une voiture… Bref, vous avez compris, nous sommes dans du vrai teen movie littéraire.

Concernant le style de l’auteur, il est direct et nous place la plupart du temps dans la tête du personnage principal du chapitre malgré une narration à la troisième personne. Les descriptions sont rapides et efficaces, focalisant l’histoire sur l’action et non les descriptions. Tout cela a pour conséquence de nous maintenir en haleine et renforce une fois de plus ce coté film d’action. Pour ma part, la lecture de Wake the Dead se transformait d’une manière quasiment automatique en images, comme si un petit projectionniste utilisait mon cerveau comme écran pour diffuser la version filmée de ce roman.

Bon, c’est bien beau, le livre colle donc parfaitement à la définition du teen horror movie mais cela en fait-il un bon roman? Eh bien oui car je ne me suis pas du tout ennuyé : c’est un livre porté sur l’action dont l’histoire déjà vue est complètement assumée par l’auteur. En quelques pages, une fois le choix de l’auteur compris, vous apprécierez d’autant plus l’ambiance du livre. Je tiens cependant à souligner que l’auteur arrive tout de même à prendre le contre pied de nos attentes et à nous surprendre par la tournure de certains éléments de l’histoire et la fin tragique de certains personnages.

Au final, ces quelques mois d’attente supplémentaires n’auront pas été vains puisque j’ai réellement apprécié la lecture de ce roman. Avec un style d’écriture parfaitement adapté et par sa parfaite caricature du genre, l’auteur a su avec talent retranscrire l’atmosphère des films d’horreur pour ados. Si vous aimez le genre, vous adorerez Wake the Dead.
Et comme dans toute oeuvre du genre, la fin du roman sous-entend une suite à cette aventure. Alors à bientôt (ou pas) pour “Wake the Dead 2 : Scream, si tu sais ce que j’ai fait l’été dernier à la prom night”.

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1 commentaire

  1. sebastien dit :

    Il me tente bien celui-là. J’ai été baigné à la sauce film d’horreur pour ados des années 80 alors ta critique me donne vraiment envie, comme un bon hamburger dégoulinant de ketchup. Je sais, je suis gourmand. 🙂

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