Grâce à la proposition d’Icare la semaine passée, c’est un film de zombie italien que nous critiquons aujourd’hui. Mais saviez-vous que l’âge d’or du zombie italien des années 80-90, que nous avons abordé en détail dans notre dossier L’Italie, Spaghetti Zombie, avait débuté par une filouterie du scénariste Dardano Sacchetti ? En effet, en 1979, témoin du succès des films zombies aux États-Unis, le producteur italien Fabrizio De Angelis charge Dardano Sacchetti de lui écrire un scénario dans la même veine. Ayant déjà écrit l’histoire d’un film de zombies se déroulant sur une île, il lui suffit d’ajouter des scènes se déroulant à New-York au début et à la fin de son scénario pour satisfaire De Angelis. La réalisation est alors confiée à Lucio Fulci, qui se retrouve à la tête d’un film qui sera vendu sous le nom de Zombi 2 (L’enfer des zombies en français), une préquelle non-officielle du chef d’oeuvre Zombie (Dawn of the Dead) de Romero sorti un an auparavant. Un opportunisme que nous, vous allez le voir, pouvons sans mal pardonner à nos amis italiens.
Un mystérieux voilier abandonné erre dans le port de New-York. A son bord, un mort-vivant qui attaque les gardes côtes ayant intercepté le navire. Pour lever le mystère, Anne, la fille du propriétaire du bateau, embarque avec West, un journaliste intéressé par l’affaire, pour les Caraïbes où le père d’Anne s’était rendu quelques mois auparavant. Ils ne tardent pas à arriver sur une île maudite où les morts reviennent à la vie.
Lorsqu’il réalise L’enfer des zombies en 1979, Lucio Fulci a derrière lui plusieurs dizaines de films à son actif et est déjà considéré comme un maître de l’horreur. Nous avons affaire à un réalisateur chevronné et un véritable artiste. Lucio Fulci manie ainsi la caméra avec un talent rare parvenant à sublimer les décors dans lesquels se déroule le film que ce soit dans le port de New-York, dans les forêts luxuriante de l’île, ou encore dans l’église/hôpital créée pour le film.
Alternant plans serrés, plans longs parfaitement maîtrisés, champs contrechamps où nous prenons tantôt la place d’un zombie tantôt celle d’un héros augmentant encore l’immersion dans le film, L’enfer des zombies est une des pépites du réalisateur italien. Malgré des effets gores qui peuvent paraître parfois assez cheap aujourd’hui, jamais la découverte d’un corps dévoré par des zombies n’aura été aussi prenante que dans L’enfer des zombies. Lorsque la caméra capture de manière presque onirique les mains osseuses des zombies s’enfonçant dans les chaires sanguinolentes du cadavre de Paola, c’est un grand moment de cinéma zombie. De la même manière, le scénario bien qu’assez basique, réserve son lot de surprises.
Ce n’est donc pas pour rien si L’enfer des zombies a eu une telle influence sur le cinéma zombie européen (et même mondial) et qu’un si grand nombre de ses scènes sont devenues cultes. En effet, en plus d’être à l’origine du canon du zombie italien – répugnant et couvert d’asticot – le film est également un condensé de scènes bien connues des amateurs de zombies et d’horreur entre la scène incroyable de combat entre un zombie (Ramon Bravo) et un requin, l’empalement en gros plan de l’œil de Paola sur une planche brisée, la sortie de cadavres de conquistadores du sol ou encore la scène finale où les zombies déambulent sur le pont de Brooklyn. C’est un vrai régal.
En fin de compte, il est vrai que sorti de son contexte, il peut être difficile de qualifier L’enfer des zombies de chef d’œuvre du cinéma mais tous ses éléments, son gore outrancier pour l’époque, son mélange d’érotisme et d’horreur, ses voix enregistrées en studio après le tournage, ses musiques composées au synthé, ses scènes folles et oniriques ou encore ses immondes zombies, justifient, sans l’ombre d’un doute, sa place au panthéon des films de zombies. A voir et à revoir !
Et pour la semaine prochaine, vous proposez quoi ? Dîtes-le nous en commentaires.
Vous avez vu L’enfer des zombies ? Alors n’oubliez pas de l’ajouter à votre collection zombie et de le noter !
3 commentaires
Merci d’avoir retenu ma proposition ! C’est toujours un plaisir de revoir ces images. Pour mettre dans l’ambiance je vous propose un lien vers le thème musical du film :
https://www.youtube.com/watch?v=USafdr6s4hM
J’ai lu votre dossier sur les “spaghetti zombie”. Je ne connaissais pas “DellaMorte DellAmore” que vous semblez chaudement recommander. Je vais m’empresser de le retrouver.
L’enfer des Zombies c’est pour moi des années de cauchemar rien qu’avec la scène inaugurale et ce méchant gros zombie absolument terrifiant. Quel panard toutes ces séquences cultes que vous mentionnez !
La musique est de mon ami Fabio Frizzi…Fulci/Frizzi …l’un ne va pas sans l’autre 😉
Et pour la semaine prochaine, vous proposez quoi ? Zombie de Romero …