Vous l’avez voulu ! Le choix des lecteurs N°22 : Démons
Il vous aura fallu faire preuve de patience mais notre rubrique Vous l’avez voulu ! Le choix des lecteurs – celle où d’une semaine à l’autre nous critiquons un film que nous choisissons parmi vos propositions – est enfin de retour pour son vingt-deuxième numéro avec Démons (Demoni), proposé sur Facebook par Sébastien. Une suggestion derrière laquelle il nous serait difficile de ne pas déceler une certaine nostalgie de Sébastien. Et pour cause, sorti en 1985, Démons fait partie de ces films qui ont marqué l’apogée du cinéma d’horreur italien, notamment en matière de films de zombies, et peut se targuer d’avoir réuni parmi les plus grands noms du mouvement : un scénario signé Dardano Sacchetti (Zombi 2, Demain l’apocalypse) et Dario Argento (l’homme derrière la version européenne de Dawn of the dead et réalisateur respecté) le tout sous la direction de Lamberto Bava, le fils du légendaire Mario Bava, assisté de l’excellent Michele Soavi (Dellamorte Dellamore). En voilà de beaux noms.
Mais, si tout cela est bien beau sur le papier, Démons est-il un film à réserver aux nostalgiques et fans du cinéma d’horreur italien ou a-t-il encore un intérêt aujourd’hui pour ceux qui le découvriraient ?
Tout commence dans le métro de Berlin où Cheryl (Natasha Hovey) reçoit de la main d’un mystérieux homme, dont la moitié du visage est couverte par un étrange masque, un carton d’invitation à l’avant première d’un film dans un cinéma que personne ne semble connaître. Elle convainc alors Kathy (Paola Cozzo), son amie, de s’y rendre avec elle. Sur place, la foule abonde et le film ne tarde pas à démarrer. Tout se passe pour le mieux, et le public tremble de terreur, lorsqu’une des membres de l’assistance se transforme en démon et s’en prend aux autres, les contaminant à leur tour : l’horreur vient d’envahir la salle et toutes les issues sont mystérieusement bloquées.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, précisons, pour ceux qui en douteraient, que Démons a sa place sur MZC dans la mesure où ses fameux démons ont de nombreux points communs avec nos zombies : ils ne pensent pas, ne parlent pas, se contentent de tuer et leur mal est contagieux par morsure ou griffure.
Comme beaucoup de films italiens de l’époque, s’il y a une chose que l’on remarque en regardant Démons c’est son côté assez inégal.
Ainsi, le premier tiers du film se déguste avec un véritable plaisir. Monté, comme tout le reste du film, sur une musique bien des années 80 qui alterne avec des passages de metal, il met en place avec une habilité surprenante les éléments de l’intrigue grâce à la technique aujourd’hui bien connue de la mise en abyme. Comme les spectateurs, nous assistons à la première du mystérieux film et découvrons rapidement qu’il entretient de nombreux points communs avec Démons ne serait-ce que dans ses premières secondes où seules deux lueurs sont visibles dans le noir (les phares du métro dans Démons et ceux de deux motos dans le film maudit). Peu à peu les similarités se multiplient et la tension grimpe alors que le sort des héros du film, qui se lancent sur les traces de Nostradamus et finissent par réveiller des démons, se répète de manière identique dans la salle de cinéma. Mais cette mise en scène, aussi ingénieuse soit-elle, arrive à son apogée quand une fille, la première victime du démon, s’effondre sur la scène déchirant la toile de projection au moment même où, dans le film, un démon déchire la toile de tente dans laquelle une jeune femme s’est réfugiée : magnifique symbolisme de l’entrée de la terreur dans la réalité.
Nous entrons alors dans un second tiers qui laisse la voie ouverte à un déferlement de gore alors que les survivants de la première attaque essaient de s’enfuir. Avec des effets à l’ancienne de facture encore honnête pour aujourd’hui, et dont les défauts sont masqués par un montage dynamique, nous trépidons alors devant l’ingéniosité de ces démons aux pustules immondes qui n’hésitent pas à pendre leurs victimes, à les étrangler, à leur arracher la gorge, à les lacérer, à leur crever les yeux, à les scalper ou encore à leur croquer une ou deux guiboles. Vous l’avez compris, rien n’est épargné aux survivants et tout se déroule sous l’œil d’une caméra qui se rassasie de cette tempête de gore et ne se détourne jamais de l’action. Au diable le hors champ, les Italiens avaient raison !
Toutefois, ce second tiers, même si nous apprécions de voir des survivants se comporter de manière logique en cherchant à se barricader et à fuir et n’attendant pas la mort comme dans tant de mauvais slashers américains avec des ados débiles, tourne assez rapidement en rond et commence à souffrir de ses personnages caricaturaux et pas vraiment intéressants. Que ce soit nos deux héroïnes et notamment les deux garçons qu’elles rencontrent à la projection ou les personnages secondaires, à aucun moment nous ne nous intéressons à eux. Nous nous retrouvons alors à assister à un bête massacre pas toujours très inspiré.
Enfin, le dernier tiers, à part la toute fin qui, en 1985, avait dû marquer et surprendre, ainsi qu’une scène épique où le cinéma devient un parcours de moto-cross pour un de nos héros qui affronte les zombies, épée à la main, est probablement le plus décevant. À ce point du film, nous n’avons toujours aucun intérêt pour les héros et la magie des premières attaques des démons s’est un peu dissipée ; nous patientons alors sagement en attendant le dénouement… Ce n’est d’ailleurs pas l’arrivée d’un groupe de punks qui sniffent de la coke dans une bouteille de Coke (Coca Cola) qui servira à quoi que ce soit, si ce n’est à introduire un plan nichon complètement inutile ; passage obligé des films de l’époque (on veut du gore et de l’érotisme qu’ils criaient !).
Alors, Démons vaut-il encore le coup d’œil ? La réponse est oui, indéniablement. Le film a beau être assez inégal, il jouit de suffisamment d’arguments pour se laisser dévorer par tout amateur de films de zombies. Probablement l’un des plus beaux représentants du mouvement des films de zombies italiens des années 80 et un long-métrage qu’on ne se lasse jamais de revoir malgré ses défauts.
PS : évitez absolument les versions doublées en français ou en anglais, les sous-titres sont vos amis.
Pour plus de ciné zombie italien, n’hésitez pas à consulter notre dossier sur la question !
Et pour la semaine prochaine, vous proposez quoi ? Lâchez-vous en commentaires !
Vous avez vu Démons ? Alors n’oubliez pas de l’ajouter à votre collection zombie et de le noter !
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5 commentaires pour Vous l’avez voulu ! Le choix des lecteurs N°22 : Démons
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Un film remarquable. Pas toujours d’accord sur l’inégalité entre les parties du film. Certes on se fout parfois des personnages au point de vouloir qu’il se fasse bouffer rapidement mais c’est le genre de cet époque qui veut ça : se désintéresser des personnages au profit de… bin au profit de rien du tout! Toutefois, Demon est un grand film de genre italien avec une fin qui m’avait marqué à l’époque et qui m’impressionne encore aujourd’hui.
PS : Il y a un deuxième opus toujours du même réalisateur tourné un an plus tard si mes souvenirs sont bons. Moins bien que le premier et de très bonne facture tout de même.
Pas de propositions les amis ?
Je propose re animator. Nostalgie quand tu nous tiens….
Evil dead l’armée des ténèbres, pour que le chroniqueur passe un début d’année avec le sourire (je sais je suis trop gentil ^^)
J’ai adoré les 2 films (Démons 1 et 2), qui m’ont beaucoup marqué quand je les ai vu, petit. Bien sûr l’image a vieilli et ya quelques trucs incohérents, qui tiennent plus de la magie et donc de la facilité scénaristique qu’autre chose mais bon, globalement c’est quand même très bon.