Encore une fois, il y a des moments où le hasard fait bien les choses. Pour ce 24ème Choix des Lecteurs vous n’auriez normalement pas dû lire ma prose et je n’aurais, de fait, certainement pas eu l’occasion de porter mon attention sur La Nuit de la Comète de Thom Eberhardt si Docacoc n’avait pas proposé ce film de 1984. Merci à lui (ou elle). Je n’avais pas en premier lieu hérité de cette agréable tâche que de vous parler de cette série B et c’est donc avec plaisir que je l’ai découvert car je dois avouer que je ne lui avais prêté aucune attention jusqu’alors. Grosse erreur.
Pourtant le synopsis est aguichant :
À la suite du passage d’une comète à proximité de la Terre, presque toute la population mondiale est décimée. Regina et sa petite sœur de 16 ans, Samantha, survivent et vont trouver refuge dans le studio de la radio locale qui continue de diffuser. Elles y rencontrent Hector Gomez, un routier qui a été protégé grâce à la cabine en acier de son engin.
Dans un monde dévasté où plus aucune règle n’existe, les jeunes filles vont vite céder à leurs instincts de consommatrices et visiter les grands centres commerciaux du coin afin de se refaire une garde-robe. Mais ce sera sans compter sur des survivants irradiés et devenus agressifs, et une équipe de scientifiques cherchant à créer un sérum permettant de guérir les personnes irradiées, à commencer par eux-mêmes.
Je ne peux le cacher, j’ai un faible pour les films d’horreur américains (de zombies, surtout) des années 80. Le genre a connu un âge d’or de productions plus ou moins réussies et j’étais du coup passé à côté de ce long métrage noyé dans la masse mais qui a pourtant connu un petit succès aux States. Horror teenage movie par excellence, La Nuit de la Comète (pour l’anecdote le film devait s’appeler Teenage Mutant Horror Comet Zombies) a d‘ailleurs eu droit au même traitement classique que ses contemporains : présentation des personnages (ahhh ces adolescents émancipés des 80’s) et de la situation dans le premier tiers puis développement de l’intrigue, dénouement et enfin un happy end après écrémage de quelques personnages, le tout sur un ton très léger et une célébration de la middle class américaine bien débrouillarde en cas de danger. Je passe rapidement sur la nécessité des réalisateurs de cette époque de montrer des jeunes filles tout juste post-pubères en petite tenue. Et pour ne rien vous cacher, dans cet adorable nanar, les zombies ne sont pas légions. On peut les compter sur les doigts sans lâcher sa télécommande. C’est dire !
Un peu comme ces adolescentes exposées dans le long métrage, c’est dans son aspect, joli et décalé avec du maquillage un brin appuyé, que j’ai trouvé mon bonheur, car La Nuit de la Comète brille de ce côté là. Outre le côté 80’s embrassé à bras le corps en ce qui concerne le look et les attributs capillaires des acteurs (je ne savais pas qu’on pouvait porter autant de volume de cheveux sur le crâne), hormis la déco très stylée avec ces néons aux couleurs criardes, c’est surtout grâce à ses décors que le film s’installe confortablement dans le créneau : salles de ciné et de jeux vidéo, shopping center ou encore studio de radio (LE média de l’époque)…Thom Eberhardt nous propose presque tout le catalogue et nous promène ainsi dans les lieux chers à cette frange de la population américaine de l’époque.
De même que le filtre orange qui, pour illustrer le passage de la comète, colore tous les plans extérieurs et donne une touche “ringarde” mais particulièrement savoureuse au film. Les plans intérieurs ne sont pas oubliés et nous avons le droit à une palette de couleurs assez importante pour l’éclairage : du bleu, du vert, du rose, etc… La moindre pièce semble éclairée pour accueillir une “boum” d’ado. Je ne parlerai pas des effets spéciaux illustrant le moment du passage de la comète dans le ciel. Non vraiment, je n’en parlerai pas, il faut les voir, c’est mieux, mais attention amis sujets au crises d’épilepsie : méfiez-vous !
Les clichés ne seraient pas aussi prégnants si les personnages n’étaient pas aussi de la partie : adolescentes typiques, “Reggie” et Samantha manient bien sûr les armes (elles tirent à l’Ingram MAC 10 comme pour rire, s’autorisant un carton sur une voiture dans la rue, WTF?!) et ne pensent qu’à faire des emplettes ou parler de mecs. Hector est bien gentil et fait des abdos faute de mieux.
L’héroïne principale du film, Régina, incarnée par Catherine Mary Stewart qui sort tout du même du lot aurait pu être intéressante si Thom Eberhardt s’était donné la peine d’étoffer ce personnage, d’autant plus qu’il semblait affectionner les héroïnes comme personnages centraux (son premier long métrage, Sole Survivor mettait en scène une survivante). Nous restons pour le coup avec un goût d’inachevé et un ersatz insipide de Helen Ripley dans l’assiette. Dommage.
En ce qui concerne les méchants, commençons par nos amis les zombies qui, comme je vous le signalais plus haut, ne sont vraiment pas légions. La majeure partie des gens sont morts et ceux qui n’ont pas réussi à se planquer complètement derrière des parois de métal sont ou se transforment lentement en zombies. Ils ne sont pas nombreux, pas lents, se servent d’outils et parlent. Oui, je sais. Mais ce sont des zombies quand même.
Notons que les maquillages auraient pu être ridicules mais ce n’est pas le cas, John Muto et Ted Rae (qui saura s’illustrer par la suite dans des productions plus importantes) ayant fait un travail honorable. Les scientifiques et leur base (belle maquette !) sont peu crédibles et débarquent dans le scénario sans réelle explication. Rien à espérer de ce côté là. Au chapitre des méchants, n’oublions pas les loubards zombiefiés, période post-punk, qui semblent tout droit sortis d’un clip de new wave et qui incarnent la réussite américaine tant idolâtrée (le speech du chef de la bande des magasiniers est d’ailleurs assez sympa).
En fin de compte, La Nuit de la Comète, malgré sa tonne de défauts, son manque d’originalité et de zombies dignes de ce nom tire son épingle du jeu car il récupère, sans le vouloir, ce qui pourrait être un handicap pour s’en draper avec une élégance un poil vulgaire. Comme l’adolescente “rentre dedans” du bahut à la réputation facile qui mâche ostensiblement un chewing gum, ce film nous fait de l’oeil : son patrimoine culturel 80’s, très exposé, permet à cette série B de sauver les meubles et de trouver bonne grâce au yeux des fans.
Et pour la semaine prochaine, vous proposez quoi ? Dîtes-le nous en commentaires.
Vous avez vu La Nuit de la Comète ? Alors n’oubliez pas de l’ajouter à votre collection zombie et de le noter !
8 commentaires
Tout le plaisir est pour moi. Plaisir d’avoir pu te faire connaitre cette petite perle des 80’s. Quand je pense que je l’avais vu à l’époque en vhs et que le mur de Berlin était encore debout… Et merci à vous pour ce site et cette chronique vraiment sympa.
J’ai bien rigolé en le voyant, c’est un stéréotype de film des années 80 (la belle époque). Merci pour la critique
Rien que de voir la bande-annonce au dessus j’ai failli faire un AVC…..je crois que je n’aurai pas le courage de regarder un tel “chef d’oeuvre” ^^
un film qui me tente bien ! Merci Docacoc et Baron
Et des propositions pour le numéro 25 ?
The Dead!!! Ou alors Zombie Hunter qui est tellement pourri et vulgaire qu’il m’a fait bien marré.
Merci pour les propos ! Pour ZH c’est déjà fait : http://www.myzombieculture.com/2014/03/05/critique-de-zombie-hunter/. Noté pour The Dead 😉
C’est vrai au temps pour moi, mais faire de la prévention pour un tel lavement n’aurait pas fait de mal. Sinon je repensais à House de Steve Miner (mais je sais plus trop si c’est des fantômes ou des zombars).