Sorti en mars 2016, le tome 6 de la série de romans The Walking Dead, intitulé Invasion, continuait à illustrer l’invasion progressive de cette franchise sur tous les supports culturels entre jeux vidéo, série ou encore jeux de société. Pour la première fois, depuis que Le Livre de Poche publie cette saga en France (environ 1 tome par an), ce ne sont que quelques mois qui ont séparé la sortie en version originale et celle en version française. Quant à la suite, Search and Destroy, le septième de la série, elle est datée pour octobre 2016 en VO.
Le tome 5 avait marqué un tournant dans la série, après les 4 premiers ouvrages dédiés au Gouverneur. Jay Bonansinga avait en effet fait le choix de poursuivre l’aventure avec des personnages plus ou moins secondaires comme Lilly Caul et Bob Stookey, ce qui n’était d’ailleurs pas dépourvu d’intérêt. Le glissement entre les deux ères avait été opéré délicatement et nous n’avions pas trop souffert de la transition Philip Blake / Lilly Caul. Néanmoins, nous notions à l’époque une légère baisse de dynamisme et espérions qu’il ne s’agisse que d’un effet secondaire de la mise en place de la nouvelle intrigue. La fin du tome 5 était ainsi assez encourageante puisque les protagonistes se préparaient à élire domicile dans des tunnels souterrains, situation totalement inédite dans les romans jusqu’ici.
Synopsis officiel :
“Sous terre, dans un labyrinthe d’anciens tunnels miniers, Lilly Caul et les survivants de son groupe tentent d’organiser une nouvelle vie. Mais une ambition secrète brûle encore dans le cœur de Lilly. Elle veut voir sa Woodbury bien aimée renaître de ses cendres et débarrassée des zombies… Bien plus loin dans les terres, au milieu de vagues toujours plus terrifiantes de zombies qui semblent venir de toutes les directions, le psychotique révérend Jeremiah Garlitz rassemble de nouveaux adeptes et souhaite la destruction de Lilly et de ses amis. Or, pour la première fois, il a les moyens de faire déferler les enfers sur les survivants reclus dans les tunnels.”
Si vous voulez de l’action, du sang et du zombie, Invasion est fait pour vous. Entre les missions suicidaires de Lilly et de ses amis aux alentours de Woodbury, les hordes de zombies affamées et les jeux cruels de Jeremiah, vous aurez de quoi vous rassasier. À vrai dire le roman est ponctué de scènes d’attaques, de morts et même de cascades en voiture sur la nationale.
En revanche, si vous cherchez de l’originalité et du vrai frisson, il faudra peut être aller voir ailleurs. Je n’irais pas jusqu’à dire que Invasion est ennuyeux, mais presque. Pourtant, il y avait du potentiel. Jay Bonansinga a en effet déniché des ressorts intéressants comme la vie dans les tunnels, la caravane de véhicules ou encore la domestication des zombies par Jeremiah. J’ai vraiment trouvé que le roman recelait d’idées originales, et pourtant, à l’inverse, j’ai souffert de l’intrigue particulièrement plate.
Est-ce parce que le révérend Jeremiah manque de charisme et que tous les personnages qui l’accompagnent ne sont que des suiveurs ? En dehors de Reese Lee Hawthorne et Stephen Pembry fidèles ouailles de Jeremiah depuis le tome 5, aucun d’entre eux ne sort du lot. C’est peut-être un choix volontaire de la part de l’auteur, mais cela rend les passages liés à la caravane plutôt dépourvus d’intérêt. Nous pourrions bien sûr lister quelques scènes marquantes, mais le reste est bien vite oublié.
Peut-être est-ce aussi parce que les aventures chez Lilly ne sont pas très captivantes ? En effet, côté souterrain, la tête brûlée fait vivoter tant bien que mal son petit groupe, mais là encore, on effleure rapidement la psychologie des personnages, trop vite pour les rendre suffisamment intéressants. Résultat des courses, seuls les personnages issus du tome 5 nous préoccupent vraiment, c’est à dire, Bob, Lilly et Tommy. La vie dans les souterrains est décrite brièvement – surtout ses inconvénients et sa monotonie – mais elle reste sous-exploitée, ce qui m’a semblé assez dommage puisqu’une majeure partie de l’ouvrage s’y déroule. La configuration des lieux ne prend d’ailleurs vraiment tout son sens que dans les derniers chapitres du roman, lorsque les protagonistes – gentils ou méchants -, en tirent partie dans leur stratégie d’attaque finale. Ce final est par contre assez décoiffant et ne manque pas de bonnes idées, mais cela ne suffit pas à tirer l’ensemble de l’histoire vers le haut, ni à en faire une référence du genre.
De plus, même si la plume de Bonansinga est agréable à lire, elle manque à mon avis d’un peu de cachet. L’auteur reste sur ses plates bandes et ne fait pas de vagues. Jeremiah malgré son coté badass, n’arrive pas à la cheville de Philip Blake (ou de Negan, dans un autre genre). Certainement parce qu’il lui ressemble trop. Le religieux fou n’est qu’une pâle copie d’un gouverneur en colère qui veut se venger de Rick et détruire la prison, sauf qu’ici, la prison est souterraine et que l’ennemi est Lilly.
En d’autres termes, le scénario complet pourrait être résumé en deux phrases : Lilly est prête à tout pour reprendre Woodbury alors que Jeremiah est prêt à tout pour se venger d’elle. Les deux ennemis préparent et se livrent ainsi une bataille ultime, motivée avant tout par leur ego sans s’inquiéter réellement des victimes collatérales.
Tout le reste m’a semblé relever de l’accessoire et de la décoration littéraire, bien formulés. Invasion reste néanmoins une lecture qui passe le temps mais qui ne révolutionne aucunement la série The Walking Dead ni la culture zombie. Reste à savoir si le tome 7, Search and Destroy, verra naître un ou plusieurs personnages vraiment charismatiques qui sauront éveiller en nous une ferveur perdue il y a quelques tomes déjà. Rendez-vous fin 2016 ou début 2017 très probablement.