Alors que le tome 6 du roman de The Walking Dead va sortir ce premier trimestre 2016, il était temps pour nous de publier une critique du dernier volume de la série : L’ère du prédicateur paru en septembre dernier chez Le Livre de Poche.
Après 4 premiers tomes plutôt réussis qui narraient les péripéties du gouverneur du point de vue de Woodbury et de ses habitants, ce numéro 5 marque le début d’une nouvelle ère. Philip Blake n’est plus de ce monde et laisse derrière lui une ville dévastée. Woodbury n’est plus que l’ombre d’elle-même et Lilly Caul se trouve propulsée brusquement en position de leader. Épaulée par les autres survivants, elle décide de remettre la ville sur pied pour que tous puissent prendre un nouveau départ. Malheureusement, l’espoir de jours meilleurs est de courte durée. Entre les hordes de zombie dévastatrices et les religieux fanatiques, les habitants de Woodbury ne sont pas au bout de leur peine.
La chute du gouverneur, et après ?
C’était un pari osé que de poursuivre cette série de roman sans son personnage principal : le gouverneur. En commençant ce tome 5, j’étais donc à la fois méfiante et curieuse. Comment Jay Bonansinga allait-il s’y prendre pour garder l’attention de ses lecteurs ? Il est fort probable qu’une majorité des amateurs du roman se soit intéressée à la série, justement parce qu’elle était étroitement liée à ce personnage si charismatique des comics. Le plaisir de retrouver un personnage connu, de découvrir son passé et son histoire d’un point de vue différent pourrait justifier à lui seul l’achat de ces romans. D’ailleurs, les tomes 3 et 4, comme leurs titres l’indiquent, racontent la chute du gouverneur et il n’aurait pas été étonnant de voir la série s’arrêter là.
Cependant, Jay Bonansinga a intelligemment intégré dès le tome 2 des personnages comme Lilly ou Bob et disposait donc de matière pour assurer la suite. Ce résultat donne d’ailleurs au roman des airs de comic américain, rythmé par des cycles rappelant des arcs. Les quatre premiers volumes forment une vraie unité, avec un début et une fin propre, tout en laissant la voie libre pour le cycle suivant, celui de Lilly. En fermant ce tome 5, j’ai d’ailleurs pris conscience que l’histoire n’était plus celle du gouverneur ou d’une autre individualité, mais bien celle d’une communauté de survivants. La particularité de ce groupe, contrairement à celui de Rick dans le comic, c’est qu’il est mû par le désir de survie au-delà des individus. À ce stade, les personnages rencontrés dans le tome 1 ne sont plus qu’un souvenir, mais l’élan de départ de Philip Blake et de ses amis vit toujours à travers les compagnons de Lilly.
Un tome transitoire
Toutefois, ce tome m’a moins enjouée que les précédents, et ce pour plusieurs raisons. L’effet “gouverneur” passé, il est désormais difficile de se concentrer sur un nouveau personnage principal dont les objectifs sont a priori totalement à l’opposée de son prédécesseur. Lilly est une forte tête mais ses ambitions de paix et de quiétude ne sont pas très palpitantes pour l’intrigue. Nous rentrons alors dans un schéma beaucoup plus traditionnel pour un roman de zombies : la survie des gentils. Il n’y a alors pas vraiment de surprise à voir des zombies débarquer ou des survivants menacer la paix. Heureusement, Jay Bonansinga a pas mal de bonnes idées en réserve et il parvient malgré tout à conserver une bonne dynamique. Par exemple, dès le début de l’ouvrage, une nouvelle famille de survivants rejoint la communauté et alors que nous commençons à les trouver suspects, une gigantesque horde menace de raser la ville. Lilly et ses acolytes changent donc rapidement de centre d’intérêt pour parer au plus pressé, mais à quel prix ? La nouvelle famille serait-elle plus dangereuse que des centaines de zombies ? Puis, très vite un nouvel engouement religieux propulsé par quelques personnages, dont le fameux prédicateur, s’installe durablement, pour le meilleur et pour le pire. Cette thématique religieuse est par ailleurs assez approfondie, bien que parfois à la limite de la caricature, comme c’est très souvent le cas dans les œuvres post-apocalyptiques.
Il serait faux d’affirmer que ce tome manque de rebondissements, mais j’ai tout de même trouvé le temps un peu long, comme si Jay Bonansinga tournait autour du pot. Durant la première grosse moitié du livre, le lecteur sait que le pire pend au nez des survivants car l’auteur le dit explicitement à plusieurs reprises. Il est dommage que ce ne soit pas amené plus subtilement, d’autant que cela crée une certaine forme de déception quand arrive la fin. En effet, j’ai beaucoup attendu le fameux revirement de situation annoncé, et je l’attends toujours. Lorsque j’ai eu le fin mot de l’histoire c’était vraiment en deçà de mes attentes. Nous comprenons bien néanmoins que ce tome 5 a pour objectif de poser les bases d’un nouveau cycle, et tout porte à croire que les épreuves surmontées ici auront des répercutions non seulement sur l’avenir du groupe mais aussi sur la personnalité de Lilly.
Une suite attendue
Malgré un petit coup de mou dans la dynamique globale de l’intrigue, il y a tout de même pas mal d’éléments dans ce tome qui laissent optimistes pour la suite.
D’abord, parce que Lilly n’est vraiment pas ménagée. Elle qui en a déjà vu de toutes les couleurs du temps du gouverneur cumule encore les désillusions dans L’ère du prédicateur. Est-ce que les épreuves passées et à venir auront finalement raison de sa volonté ? Je suis assez curieuse de savoir quel destin Jay Bonansinga réserve à la jeune femme. Est-ce qu’à l’image du gouverneur, elle finira par devenir tyrannique ou paranoïaque ?
Ensuite, parce qu’à la fin du tome l’ordre des choses est définitivement modifié. L’auteur a su efficacement amorcer le cadre de l’intrigue du tome 6 dans les dernières pages de l’ouvrage et celles-ci nous laissent entrevoir de futures aventures très différentes de ce à quoi nous avons été habitués jusqu’ici. À ce titre, je trouve que l’auteur a réussi à se rapprocher du style de Robert Kirkman car il n’a pas peur de prendre des décisions radicales, concernant le scénario ou les personnages, ce qui augmente considérablement les chances de bonnes surprises.
L’ère du prédicateur est donc plutôt réussi pour un tome qui s’aventure définitivement hors des sentiers tracés par le comic. Sans révolution majeure, il a néanmoins su donner une suite plausible et plaisante au Woodbury d’après le gouverneur, tout en explorant la thématique vaste et complexe du fanatisme religieux. Reste à savoir si la suite gagnera en intensité et en profondeur. Nous serons rapidement fixés sur ce que Jay Bonansinga a dans le ventre puisque le tome 6, Invasion, sort en mars 2016.
4 commentaires
ouais j ai plutot bien aimé surtout quand tu regardes la serie lol
Merci pour cette belle critique, j’ai 3 tomes de retard en tout, j’ai de quoi faire 😀
Si ça te donne envie de poursuivre la lecture c’est une bonne chose 🙂 Il y a quand même un bon potentiel général. Si tu arrives à rattraper ton retard d’ici la prochaine critique, tu pourras nous dire ce que tu en as pensé.
Je viens de finir (vaut mieux tard que jamais) ce tome 5 et ma foi, j’ai bien accroché !
On s’y fait à Woodbury et ses personnages, on s’y attache… et patatra…
reste plus qu’à lire le tome 6 pour connaître la suite des aventure de Bob et Lily…