Faire un bon sushi n’est pas à la portée de tous. C’est un art qui se travaille et qui demande des années d’une pratique constante et passionnée. Il en va de même pour la réalisation d’un bon film. Et, comme pour les sushis, avoir tous les ingrédients nécessaires à portée de main n’assure pas un résultat savoureux. C’est malheureusement le cas de ce Dead Sushi.
Car, si Noboru Iguchi, à qui nous devons des films parmi les plus fous de la Sushi Typhoon, avait réussi en 2011 avec son Zombie Ass à nous proposer un long-métrage survitaminé, bourré d’idées farfelus et habilement exploitées, il déçoit ici très vite son spectateur.
Pourtant, tous les ingrédients, ceux-là même qui ont fait le succès des films de la Sushi Typhoon, étaient là : un pitch délirant – un homme qui pour se venger de ses anciens collègues redonne la vie à des sushis et les transforme en monstres assoiffés de sang -, une dose énorme de gore, des acteurs qui n’ont peur de rien et aussi, passage obligé, des scènes plus érotiques.
Ainsi, là où Zombie Ass ne perdait pas une seconde pour nous lancer dans sa succession de délires bien déjantés et savait se réinventer régulièrement, ce Dead Sushi traîne en longueur dès le départ. Nous découvrons Keiko notre héroïne, la fille d’un grand maître de sushi qui décide de quitter le domicile familial, incapable de supporter davantage l’entraînement vigoureux que son père lui impose. Nous devons alors passer par l’un des très nombreux temps morts du film, rythmé par des gags vraiment mauvais, alors qu’elle se retrouve à une auberge dont elle rejoint l’équipe.
Puis, quand arrivent enfin les sushis tueurs, nous sommes d’abord tirés de notre torpeur, contents de découvrir enfin ce que nous attendions réellement – des sushis massacrant des gens – puis retombons très vite dans un état passif. Pas du tout impliqués dans les personnages (qui sont d’ailleurs trop nombreux), nous avons très vite l’impression que le film tourne en boucle : les sushis attaquent, les héros fuient, ils se défendent et on recommence.
En fait, le vrai problème est que, même si le film ne lésine jamais sur le gore, avec un mélange entre effets à l’ancienne plutôt réussis (en même temps nous les devons à Yoshihiro Nishimura) et des effets numériques hideux, les mises à mort ne sont jamais réellement inventives ni hilarantes. De plus, le film apparaît comme une succession de scènes souvent décousues ce qui empêche le spectateur de vraiment rentrer dedans. D’ailleurs, les scènes de nu, que nous retrouvons toujours dans ce genre de films, sont ici particulièrement mal intégrées, donnant des passages qui semblent avoir été greffés juste pour respecter les critères du genre : quelques plans nichons. Même chose pour un certain nombre de gags scatologiques qui eux semblent avoir été intégrés pour essayer de casser l’ennuie provoqué par les nombreux temps morts rythmés par les pensées de personnages qui polluent le film.
Certes Dead Sushi a son lot d’idées complètement barjeots comme un sushi lance-flammes ou encore un sushi nunchaku qui vous feront sourire et compte également sur des chorégraphies de combat parfois très réussies mais l’ensemble manque d’une vraie dynamique. En plus, pour les amateurs de zombies en tant que tels, il faut attendre plus d’une heure avant que les premiers zombies (pas très nombreux) n’arrivent pour presque aussitôt relaisser la vedette aux sushis.
Au delà de son pitch et de quelques rares passages vraiment amusants, Dead Sushi est donc un film qui lasse très vite et n’exploite jamais les possibilités que son histoire offrait. Une fois encore Noboru Iguchi et son équipe ne manquent pas d’idées mais avec Dead Sushi, ils ne parviennent pas à en tirer la folie et le divertissement que nous étions en droit d’attendre. Bref, à moins que l’idée de voir des sushis volants pourchasser une bande de couillons vous amuse follement, vous aurez bien plus de chance de vous éclater avec un autre film de la Sushi Typhoon tel que Zombie Ass.