Les films de zombie indépendants sont des habitués des festivals d’horreur. Il n’est ainsi pas rare d’en retrouver dans la programmation de festivals plus ou moins connus. Certains se créent ainsi un petit palmarès et une certaine renommée internationale. Si ce succès s’explique parfois difficilement, The Battery, le premier film de Jeremy Gardner, mérite clairement sa réussite. En effet, ses trois prix du public respectivement remportés aux festivals Imagine d’Amsterdam, Mauvais Genre de Tours et Dead by Dawn d’Edimbourg, s’expliquent sans aucune difficulté alors même que le film continue sa tournée des principaux festivals mondiaux.
Plusieurs mois après une apocalypse zombie, deux anciens joueurs de baseball, Mickey (Adam Cronheim) et Ben (Jeremy Gardner lui-même), s’organisent pour survivre. Les deux hommes ne s’arrêtent que rarement et vivent des maigres réserves qu’ils parviennent à constituer en pillant les habitations qui bordent les routes de campagne sur lesquelles ils ont trouvé refuge afin de s’éloigner de la menace zombie des grandes villes. N’ayant rencontré aucun autre survivant et ensemble depuis le début de l’apocalypse, les deux hommes doivent tâcher de concilier leurs deux caractères opposés. D’un côté Ben s’est adapté à ce nouveau monde, affrontant sans peur les zombies et pensant avant tout à la survie. De l’autre, Mickey refuse de voir les choses en face et ne désire que retrouver sa vie d’avant, pouvoir dormir dans un lit et rencontrer des femmes. Le fragile équilibre du binôme est toutefois perturbé le jour où Mickey et Ben captent une conversation radio entre deux autres survivants qui semblent disposer de tout le confort nécessaire mais ne souhaitent pas accueillir les deux amis. Mickey se met malgré tout en tête de les retrouver ce qui n’est pas du goût de Ben.
En matière de films de zombie indépendants on est habitués aux long métrages présentant une survie aussi violente qu’elle est inintéressante. Les personnages sont fades et insipides et se contentent souvent de répondre à la menace zombie avec une violence qui se résume à un artifice pour conserver l’intérêt du spectateur. Tout l’inverse de The Battery.
En effet, le film est construit sur un duo de personnages très fort et extrêmement bien interprétés. Si la présence zombie n’est pas négligée avec bon nombre de scènes où les deux hommes croisent quelques zombies, lents et presque inoffensifs lorsqu’ils sont isolés, The Battery est avant l’histoire de la relation de ces deux anciens joueurs de baseball. En permanence sur les routes avec leurs lourds sac à dos jusqu’au jour où ils découvrent un vieux break qui devient leur nouvelle maison, on découvre ainsi leur quotidien, entre leurs jeux de baseball à deux, leurs séances de brossage de dents ou encore leurs escapades à la recherche de nourriture. Toutes ces scènes du quotidien sont filmées avec simplicité et prennent un réel charme dans ce contexte post-apocalyptique. Par ailleurs, la bande originale du film vient souligner magnifiquement chacune de ces scènes, apportant son lot d’émotions supplémentaires. Jamais voir deux hommes se brosser les dents n’aura été si touchant dans un contexte apocalyptique. Le montage du film très dynamique permet d’ailleurs, avec un grand nombre d’ellipses temporels, de ne s’attarder que sur les éléments intéressants du quotidien des deux hommes. Seul ce qui prend du sens au regard de l’évolution de leur relation est ainsi montré.
Au départ, on découvre donc les deux amis tels qu’ils survivent au jour le jour avant de mesurer graduellement l’étendue de leurs différences. Cela est très bien dosé et on prend plaisir à s’immiscer peu à peu dans leur vie personnelle. On apprend alors à connaître Ben qui a un goût certain pour ce retour à l’état de nature, insiste pour éliminer tous les zombies qu’ils croisent au grand dam de Mickey et refuse systématiquement de s’arrêter dans une maison afin d’éviter de se retrouver coincé à l’intérieur. Du côté de Mickey, on découvre un homme qui serait probablement mort sans la présence de son ami. Il se voile la face et préfère se cacher derrière sa musique, ses écouteurs perpétuellement vissés sur ses oreilles, comme s’il n’avait pas conscience du danger que représentent les zombies. A ce titre, leurs confrontations donnent lieu à des dialogues d’une rare intelligence – peut-être les meilleurs dialogues d’un film de zombie indépendant – couplés avec des réactions logiques et crédibles de la part des personnages. Par exemple, lorsque Ben finit par accepter de passer une nuit dans une maison, face à l’insistance de son compagnon, celui-ci s’empare immédiatement du lecteur CD de Mickey pour compenser et afin que ce dernier puisse entendre tous les zombies qui approchent durant la nuit. La conversation qui en suit et leur dispute est vraiment très crédible et amusante, à l’image de tous les autres dialogues du film.
Bien sûr, le film n’est pas exempt de petits défauts. Si les maquillages sont vraiment corrects, quelques problèmes de montage mineurs ponctuent le film et les prises de son, malgré la post-synchro, sont parfois assez mauvaises. Il ne faut toutefois pas oublier que l’équipe du film (quelques personnes seulement) ne disposait que d’un budget de 6000$ ; The Battery est donc de très bonne facture. En revanche, on peut réellement regretter que la fin, bien que globalement très intense, tire un peu en longueur avec des plans trop contemplatifs.
The Battery est donc une nouvelle démonstration formidable de la capacité de certains jeunes réalisateurs à offrir avec un budget minimal des oeuvres fantastiques. Tout en simplicité, Jeremy Gardner nous offre le road trip zombie à voir absolument. Toutes les informations pour vous le procurer au plus vite sont sur leur site officiel.
4 commentaires
ça donne vraiment envie, je vais essayer de trouver une version vost pour donner mon avis sur ce film
magnifique ce film !!
Très bon film un peu lent mais cela permet de profiter… J’adore la dernière scène dans la voiture l’idée est vraiment bonne. Félicitation au réalisateur.
Puis la dernière scène est un super plan séquence. 8 minutes, si je me souviens bien.