Il n’aura pas fallu beaucoup plus à Jordan Rubin qu’une idée de départ absurde – mélanger zombies et castors (beavers en anglais) – et une fausse bande-annonce composée d’images d’archive pour rapidement convaincre de gros investisseurs de l’aider à monter son film. Résultat, après avoir fait le tour des festivals, créé son petit phénomène sur internet (la bande-annonce officielle a été vue plus de 4 millions de fois) et être déjà sorti en DVD dans nombre de pays, Zombeavers débarquait hier chez nous grâce à l’éditeur Zylo.
Je dois l’avouer, ce genre de délires est le type même de film qui m’amuse follement. Je n’avais donc qu’une hâte : découvrir ces rongeurs aquatiques d’habitude si paisibles se faire zombifier. Et Zombeavers commence d’ailleurs très fort.
En effet, dès sa scène d’intro, Zombeavers nous met tout de suite dans le bain avec une succession de dialogues amusants entre les deux conducteurs ahuris (l’un incarné par Bill Burr) qui transportent les déchets médicaux à l’origine de l’épidémie zombie chez les castors. On frôle alors presque l’hilarité pendant quelques minutes puis vient un super générique, qui n’est pas sans rappeler ceux de James Bond avec un petit côté Scooby-Doo, puis c’est la cata, c’est la cata, c’est la catastrophe.
À peine rencontrons-nous les trois héroïnes du film (Rachel Melvin, Cortney Palm, Lexi Atkins), qui partent pour un week-end entre filles dans une cabane à la campagne, que nous déchantons déjà. Au delà de leurs jeux d’actrices franchement limites, c’est principalement leurs personnages qui dérangent. Nous le savons bien, dans un film à la Cabin Fever, il ne faut généralement pas que le spectateur s’attache trop aux personnages mais il ne doit pas non plus les haïr de façon immédiate. Car ce sont bien trois greluches superficielles, avec leurs problèmes de cœur insignifiants, que nous suivons dès le début. Ce n’est d’ailleurs pas parce qu’elles se mettent rapidement en maillot de bain et que l’une d’entre elles estime que se baigner en culotte est suffisant, que nous leur pardonnons leur insipidité.
Nous nous prenons alors à espérer qu’étant donnée la courte durée du film, les castors zombies vont rapidement arriver et apporter un peu de fun à l’ensemble mais il nous faut d’abord supporter l’arrivée de nouveaux personnages : les petits amis franchement attardés des greluches. Évidemment, dans la pure tradition d’un humour américain puant et gras, nous avons alors droit à une série de gags scatologiques de mauvais goût, qui continuent à mettre le spectateur en rogne de voir un concept pourtant si marrant gâché par l’inclusion de pareilles caricatures… sans parler des intrigues amoureuses vues et revues que leur arrivée provoque.
Puis quand les castors zombies se décident enfin à attaquer vraiment, nous sommes au départ un peu soulagés, grâce à l’amusante scène du ponton flottant sur lequel les héros sont coincés, puis nous déchantons tout aussi vite. En effet, les castors perdent assez rapidement leur côté amusant (ce sont des animatroniques old school) et leurs attaques deviennent assez vite lassantes même si celle où ils traversent le plancher de la cabane est plutôt réussie. Il est également vraiment dommage que les humains-castors-zombies, un peu comme les humains-rats de Mulberry Street, qui s’avèrent bien plus funs et effrayants que les castors zombies, ne tardent à intervenir dans l’intrigue, trouvant des spectateurs déjà fortement agacés.
En fin de compte, j’avais placé beaucoup d’espoir dans Zombeavers espérant le voir se hisser sur le podium des bons nanars comiques zombies mais ai été fortement déçu. Ne réussissant jamais vraiment à exploiter l’absurdité de son idée de départ, malgré quelques fulgurances (le début et la fin) et un budget qui permet une image propre, Zombeavers est au final un film assez médiocre loin de rivaliser avec un long-métrage similaire comme Black Sheep…
1 commentaire
J’ai trouvé ce film fun. Je serais moins “sévère” que le chroniqueur en tout cas !
Je l’avais repéré à l’automne 2014 lors de sa diffusion au Festival du Film fantastique de Strasbourg où je n’avais malheureusement pas pu me rendre.Effectivement on pouvait s’attendre à “mieux”, mais l’enchaînement de quiproquos, les castors/peluches, le décalage entre la réalité et la réalité telle qu’elle est perçue par le groupe de djeunz et le dénouement font que j’ai passé un bon moment !