The Last Survivors, Épisode 7 – Chapitre 3
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Les deux jambes du macchabée étaient sectionnées au niveau des cuisses. Des lambeaux de chair pendaient à ses moignons ensanglantés. Des tâches noires pullulaient sur son visage pâle. Ses lèvres en partie dévorées laissaient entrevoir ses gencives sanguinolentes et ses cheveux sans éclats retombaient négligemment sur son visage. Le bougre rampait sur le sol en laissant une traînée de sang sur son passage. Il lança mollement ses bras vers l’avant et se hissa avec difficulté. Il grimaçait et grognait à chacun de ses mouvements.
Il tira sa dépouille une nouvelle fois et parvint à se redresser au-dessus d’un corps inerte, en prenant appui avec ses mains. Le mort-vivant l’avait repéré depuis un bon moment et l’envie de se repaître de sa chair était plus forte que tout. Il avait mis du temps mais il était arrivé à son objectif. Il ouvrit sa gueule en poussant un gémissement presque douloureux et plongea littéralement dans la poitrine ouverte du cadavre. Il en ressortit, le visage ensanglanté, avec un morceau de barbaque entre les dents. Puis il s’en délecta vigoureusement.
Une fois le morceau de viande dans son estomac, il plongea à nouveau dans les entrailles du corps et se redressa, une seconde plus tard, avec l’intestin de sa victime dans la gueule. Mais l’organe était resté accroché aux côtes du cadavre. Le macchabée tira en levant la tête, en vain. Il souffla mais affamé, il tira plus fort. La peau de l’intestin se déchira puis se rompit. Les excréments du corps éclaboussèrent le sol et le visage du zombie.
Surpris, le mort-vivant poussa un gémissement. Il détourna son attention du corps et releva instinctivement la tête. Ses yeux livides se posèrent sur Henry qui se tenait debout devant lui. L’homme levait furieusement une hache au-dessus de son épaule. Il frappa. La lame transperça la tête du macchabée et heurta violemment le sol. Un tintement strident résonna aussitôt dans la galerie.
— Tu penses qu’on les a semés ? demanda Taylor en haletant.
— J’espère, répondit Henry qui se redressait.
L’homme lança un regard vers la prochaine intersection et aperçut l’ombre des zombies se reflétant sur le mur. Ils se rapprochaient dangereusement, à grandes enjambées
— Merde ! s’exclama-t-il en se tournant vers Taylor. Ils arrivent !
La jeune femme avait repéré une porte à deux pas de leur position.
— Par-là ! lança-t-elle en courant vers l’issue.
Elle l’ouvrit et s’engouffra dans la pièce. Henry la suivit aussitôt et referma la porte derrière lui. Les morts-vivants poursuivirent leur course folle sans avoir remarqué que leur dîner venait de leur filer entre les pattes.
— On a eu du bol, putain ! s’étonna Taylor en reprenant son souffle.
— Ouais. Mais on fait quoi, maintenant ?
— On ne change pas nos plans. On essaie de rejoindre Phil.
— Ok mais est-ce qu’il vivant, au moins ? On n’en sait strictement rien.
— Il l’est, crois-moi. Phil est peut-être un sale con mais il sait se faire discret quand il le faut !
Henry souffla. Ils se trouvaient dans une pièce exiguë. Des assiettes et des verres étaient empilés sur des étagères plaquées contre les murs. Des couverts remplissaient des bacs en plastique et toutes sortes d’ustensiles de cuisine fourmillaient un peu partout. Un grand réfrigérateur trônait dans un coin. Henry l’ouvrit mais il était vide. Il referma la porte, furieux.
— Fait chier !
Taylor connaissait bien les galeries pour y avoir patrouillé quelques fois. Elle savait qu’ils n’étaient plus très loin de Phil, mais encore fallait-il y arriver. Elle se posta face a une seconde porte, une sortie où elle espérait ne pas trouver de macchabées, et l’ouvrit avec précaution. Elle jeta un œil à l’intérieur et entra.
— On est où, là ? s’enquit Henry en entrant à son tour. Dans un putain de restaurant ?
Des vitrines d’exposition réfrigérées paradaient sur l’immense comptoir du libre-service qui traversait la salle. Des tartes y étaient restées enfermées et avaient moisi avec le temps. Deux rangées de tables et de chaises remplissaient la pièce.
— C’est un réfectoire, expliqua Taylor. Les ouvriers vivaient ici en permanence. Tout avait été fait pour leur confort.
— Eh bien ! Ils en avaient de la chance ! Moi, j’avais un bureau pourri et un ordi qui fonctionnait une fois sur deux.
— Et tu faisais quoi comme boulot avant tout ça ? demanda Taylor, un peu trop curieuse.
Henry ne répondit pas. Il désigna du doigt un zombie qui venait d’apparaitre au coin de la salle. L’homme se baissa et se plaqua contre le comptoir du libre-service. Taylor eut la même réaction. Elle releva discrètement la tête et aperçut un second macchabée. Les deux morts-vivants se dirigeaient dans leur direction en titubant maladroitement.
— Il y en a un autre, chuchota Taylor en reprenant sa position initiale. Ils viennent vers nous. Qu’est-ce qu’on fait ?
— T’inquiète pas, dit Henry. J’ai un plan.
Il leva le bras et tâtonna sur le comptoir. Il posa la main sur un plateau en métal et sourit. Il avait trouvé ce qu’il cherchait. Sans se découvrir, il lança l’objet à l’autre bout du réfectoire. En retombant, le plateau produisit un son assourdissant. Les deux cadavres se retournèrent aussitôt, attirés par le bruit, et grognèrent.
Henry se leva. Il s’approcha discrètement des monstres et une fois posté juste derrière, il frappa violemment l’un d’eux dans le dos. Le zombie fut projeté en avant et retomba sur une table en la brisant. L’autre macchabée se retourna. Henry planta sa hache dans son crâne.
— C’était ça, ton plan ! railla Taylor en se relevant.
— Ouais.
Henry retira sa hache de la tête du zombie en souriant, fier de lui.
— Désolé de te le dire… C’était un plan à la con !
— Mais ça a marché !
Effectivement. Ça avait marché. Taylor rit en y repensant. Elle se présenta au-dessus du zombie, allongé sur la table brisée. Le choc avait été si violent qu’il l’avait pratiquement sectionné en deux. Il tendait tout de même ses mains vers la jeune femme en grognant. Cette dernière abrégea ses souffrances en plantant nonchalamment sa machette dans son front. Un filet de sang gicla sur le sol.
Elle releva la tête et la laissa retomber en arrière. Elle fixa le plafond et expira profondément, soulagée. Ils étaient toujours en vie. Puis ses yeux se posèrent sur le plan d’évacuation d’urgence, encadré et fixé au mur. Elle se posta devant et mit son doigt sur le plan.
— On est juste là.
Henry essuyait la lame de sa hache avec un vieux chiffon trouvé sur le comptoir. Il demanda, désabusé.
— Il va falloir traverser combien de salles infestées de morts-vivants avant d’arriver jusqu’à lui ?
— Eh bien… Crois-le ou pas, répondit Taylor en lâchant un sourire incontrôlable, nous sommes juste à côté !
Surpris, Henry laissa le chiffon et la hache sur le comptoir, et rejoignit la jeune femme.
— T’es sûr ?
— Regarde par toi-même !
L’homme plissa les yeux sur le plan.
— J’y comprends que dalle !
— Ici, c’est le réfectoire dans lequel nous sommes, expliqua Taylor en suivant le schéma avec le doigt. On est rentré par là. La sortie est juste ici. (Elle se tourna et désigna la porte.) Phil est dans une salle de l’aile ouest qui se trouve juste derrière cette porte !
— Quoi ? Juste là !
Taylor acquiesça d’un mouvement de la tête.
— C’est trop simple, dit Henry, perplexe. On a tourné en rond pendant je-ne-sais-pas-combien-de-temps et tout à coup, par le plus grand des hasards, on se retrouve devant l’endroit où on doit se rendre ! C’est un raccourci trop facile.
— Parfois, il faut savoir prendre les choses comme elles viennent et ne pas trop se poser de question.
Henry regagna le comptoir et prit sa hache. Il s’exclama :
— Qu’est-ce qu’on attend, alors ? Allons-y !
Il ouvrit la porte et inspecta la galerie. Rien à signaler. Il sortit. Taylor le suivit.
— Phil doit se trouver dans cette pièce, chuchota la jeune femme en désignant la porte du doigt.
Ils longèrent le couloir d’un pas prudent. Soudain, une horde surgit au bout du corridor. La pièce où se trouvait Phil était entre eux et les morts-vivants. Ces derniers, sans perdre un instant, grognèrent et chargèrent. Taylor s’élança la première. Elle parvint à la porte, l’ouvrit et entra. Henry, plus lent, se jeta à l’intérieur pour arriver avant les zombies. La jeune femme referma aussitôt la porte.
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