The Last Survivors

The Last Survivors, Épisode 6 – Chapitres 4 & 5

Publié le 27 février 2015 par dans Divers, NewsCommentaire (0)

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Sarah était assise sur le sol froid de la pièce. Les hommes qui l’avaient arrêtée près du canyon, l’avaient conduite dans une salle humide du sous-sol de l’église. Les murs en pierre s’étaient effrités avec le temps. Le sol était grossièrement recouvert de béton et une lucarne à barreaux donnait sur l’extérieur. Une croix en fer ornait le mur du fond. Carlos entra et dit en refermant la porte :

—   On a vu ce que tu as fait à l’enclos ! C’était stupide. C’est grâce aux flammes qu’on a pu retrouver ta trace.

—   Stupide ! rétorqua Sarah d’une voix acerbe. Ton révérend nourrit ces putains de zombies !

—   De toutes façons, on en a plus besoin maintenant qu’on t’a, toi !

—   Comment ça ?

—   Je suis allé dans le hangar. J’ai vu ce que tu leur as fait. Taggart et Marcus s’étaient transformés quand je suis arrivé.

—   Je ne sais pas de quoi tu parles ! lâcha Sarah en baissant les yeux.

Carlos se posta devant la croix et la fixa. Il tournait le dos à Sarah.

—   Je vais te raconter une histoire… Peu de temps après l’épidémie, je me suis réfugié dans une maison avec quelques personnes. C’étaient des gens ordinaires, comme toi et moi. Un jour, alors que nos réserves de nourriture s’amenuisaient, deux types se sont disputés pour une boite de conserve. L’un des deux accusait l’autre de la lui avoir volée ; l’autre niait bien entendu en bloc. (Il se retourna et regarda Sarah.) Ils en sont rapidement venus aux mains. C’était monnaie courante à l’époque. Personne ne savait vraiment ce qu’il se passait ni combien de temps il nous faudrait rester cachés des zombies. La nourriture était devenue quelque chose de précieux. Quoi qu’il en soit, pendant la bagarre, il y en a un qui a mordu l’autre. C’était un mécanisme de défense. Le type ne pouvait pas prévoir les conséquences. (Il marqua une pause.) Le gars qui s’est fait mordre est mort en à peine quelques secondes. Puis il s’est réveillé et s’est jeté sur la première personne que son regard a croisée. Le virus s’est répandu en moins d’une minute à l’ensemble du groupe… Nous étions dix-sept dans la maison à ce moment-là. J’ai été le seul à en réchapper.

—   Où tu veux en venir ? demanda Sarah en expirant profondément.

—  Tu es comme ce type ! Infectée !

Sarah pouffa de rire mais elle ne répondit pas.

—    Il y en a combien ? questionna Carlos avec autorité.

—    Quoi ?

—   Des personnes comme toi ? reformula l’homme en croisant les bras.

—   Euh… balbutia Sarah. J’en sais rien !

—   Il est possible de trouver un vaccin ?

—   Non.

—  Tu vas me dire quelque chose, bordel ! vociféra Carlos en faisant un pas vers la jeune femme.

Il agrippa Sarah par le col de son tee-shirt et la releva avec rigueur.

—   Dis-moi que nous ne sommes pas perdus ! ajouta-t-il en criant à quelques centimètres de son visage.

Sarah le repoussa violemment et tempêta :

—   Qu’est-ce que tu veux savoir ? Que je me suis faite mordre au tout début de l’infection et que je ne me suis pas transformée ! Je ne sais pas pourquoi !

—   Mais…

—   Il n’y a rien ! Pas de vaccin. Pas d’explication. Alors va te faire foutre !

Un homme en blouse blanche frappa tout à coup à la porte et entra.

—    Salomon est arrivé.

Il ressortit aussitôt en laissant la porte ouverte. Carlos sortit son glock de son holster et fit signe à Sarah de quitter la pièce. Elle s’exécuta.

—    On va où ?

—    Ne pose pas de question et avance.

L’homme suivait la jeune femme en la fixant. Ils traversaient un étroit couloir aux murs décrépis. Une désagréable odeur de renfermé s’en dégageait. Sarah jeta un regard par-dessus son épaule et dit à Carlos :

—   Écoute. Je ne sais pas pourquoi le virus n’agit pas sur moi. Mais quoi que vous prépariez, le révérend et toi, c’est une erreur. Crois-moi. Ce que vous prévoyez de faire ne mènera à rien.

—   Peut-être que toi tu ne connais pas les raisons de ton immunisation. Mais Salomon a raison. Dieu a un plan pour chacun d’entre nous. Lui seul sait pourquoi tu es comme ça.

—   Dieu n’a rien à voir là-dedans.

—   Bien au contraire.

—   Si Dieu avait un plan pour moi et qu’il consistait à éradiquer l’épidémie, alors pourquoi avoir jeté ce fléau sur la Terre. Pourquoi avoir commencé l’extinction de l’espèce humaine si c’est pour ensuite revenir en arrière ? Pourquoi ?

Carlos s’agaça. Il retourna brutalement Sarah et colla son arme sur son front.

—   Aucun être humain sur cette terre ne peut comprendre les desseins de notre Seigneur.

—   Et tu obéis sans même savoir pourquoi ! s’étonna Sarah.

—   Ça s’appelle la foi !

—   Moi aussi, j’ai la foi. Mais pas en des hommes comme le Révérend. J’ai foi en l’humanité et je suis persuadé qu’elle peut s’en sortir sans avoir à en arriver à de telles pratiques.

Carlos lâcha la jeune femme et esquissa un sourire.

—    Tu ne sais rien !

—   Alors explique-moi ! s’exclama Sarah. Où on va et qu’est-ce que vous allez faire de moi ?

—   Tu le sauras bientôt.

Il la poussa d’une main vigoureuse. Sarah avança un peu plus vite puis arriva devant un rideau à lanières opaque au bout du couloir, coupant le corridor en deux. Elle inspira profondément pour se rassurer. Qui avait-il derrière ? Qu’avaient-ils prévu pour elle ? Toutes ces questions traversaient son l’esprit et elle n’allait pas tarder à avoir toutes les réponses.

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Poussée par Carlos, Sarah traversa le rideau, les lanières glissant sur son visage fermé. Une salle se trouvait de l’autre côté. Une forte odeur d’éther s’en dégageait. La jeune femme plissa le front et quadrilla la pièce du regard.

Les murs et le sol étaient recouverts de carreaux blancs. L’homme en blouse blanche se tenait debout, devant une grande table en inox où était entreposée une batterie d’instruments chirurgicaux. Il ôtait des seringues de leurs sachets stériles et les posait soigneusement les unes à côtés des autres.

Dans un coin, sur une autre table en inox, le corps d’un zombie gisait inerte, la poitrine ouverte sur toute la longueur du torse. Un écarteur maintenait la plaie ouverte. Ses organes avaient été retirés et placés dans un bac en plastique fixé à la table. Sa jambe droite avait été dépecée et le haut de son crâne avait été enlevé. Son cerveau ensanglanté luisait sous la lumière des néons.

La salle était remplie d’un ensemble de machinerie chirurgicale. Il y avait un électroencéphalogramme, une machine cœur-poumon, un éclairage opératoire puissant ainsi qu’une table roulante. Sarah l’avait compris. Elle se trouvait dans un bloc opératoire.

—   Comme ça on pose des problèmes à mes frères ! lança Salomon en voyant Sarah entrer dans le bloc. Paraîtrait que tu caches un secret ?

—   Je vois que les nouvelles vont vite ! répondit Sarah sur un ton sarcastique.

—   Nous sommes une petite communauté. Les on-dit circulent rapidement, ici.

Carlos dirigea la jeune femme avec le canon de son glock vers une table d’opération recouverte d’un drap blanc.

—    Allonge-toi là ! ordonna-t-il en agitant son arme.

—    Qu’est-ce que vous allez faire de moi ? demanda Sarah en s’exécutant.

L’homme sangla ses poignets et ses chevilles aux barreaux de la table. Salomon fit un pas vers elle.

—   Tu sais, quand Carlos m’a expliqué sa théorie, je n’ai pas voulu le croire. Je n’avais jamais rencontré de personne immunisée contre le virus ! Et puis j’ai vu nos frères dans le hangar et j’ai compris.

—   T’as compris quoi ? grommela Sarah. Que t’étais le plus grand fêlé de la région !

Salomon sourit.

—   Tu peux blasphémer aussi longtemps que tu voudras mais je sais pourquoi Dieu t’a mise sur notre route.

—   Pourquoi ?

—   Pour servir ses desseins. Tout simplement.

Carlos prit une paire de ciseaux sur la table en inox et découpa le tee-shirt de Sarah. Cette dernière se retrouva en soutien-gorge, sa cicatrice à l’air libre.

—    Regardez-moi ça ! s’étonna Salomon.

—   Je te l’avais dit ! déclara Carlos en jetant le tee-shirt déchiré dans un coin de la pièce.

Le visage de Sarah se rembrunit tout à coup.

—    Pourquoi tu me tues pas ! dit-elle avec sérénité.

—    Te tuer ! répéta Salomon avec étonnement. Pour quelle raison ferais-je ça !

—    Alors qu’est-ce que tu veux de moi ?

Salomon marqua une pause et reprit d’une voix grave.

—    Ton sang ! C’est ton sang que je veux.

Un jeune garçon entra timidement dans le bloc opératoire. Il n’avait pas plus de dix-huit ans. Il rejoignit le révérend qui l’accueillit chaleureusement.

—   Tim ! s’exclama-t-il avec enthousiasme. Ne sois pas timide. Rejoins-nous. (Il se retourna vers Sarah et ajouta.) Tim a été choisi par notre Seigneur pour nous servir de sujet test.

—   Quel test ? s’enquit Sarah avec inquiétude.

—   Avant de se lancer dans un grand projet, répondit Salomon en enlaçant le jeune garçon, il y a toujours des tests à faire. Je fais entièrement confiance à Carlos mais je dois voir ça de mes propres yeux avant d’entreprendre quoi que ce soit.

—   Non ! Tu ne peux pas faire ça !

Salomon invita Tim à s’asseoir sur une chaise en fer fixée au sol par d’énormes écrous. L’homme à la blouse blanche lui attacha les mains et les pieds avec des sangles.

—    Comment ça va se passer ? demanda Salomon d’une voix morne.

—   Je vais prélever un peu de sang du patient et l’injecter dans le sujet test, expliqua l’homme en attachant la dernière sangle. S’il réagit, la transformation ne devrait prendre que quelques secondes.

—   Parfait.

—   Arrête tant qu’il en est encore temps, lui conseilla Sarah.

—   Pour quelle raison ?

—   Tu vas déclencher des évènements que tu ne contrôleras pas !

—   Bien au contraire, affirma Salomon. Je sais exactement ce que je fais, crois-moi.

L’homme à la blouse prit une des seringues sur la table en inox et se posta à côté de Sarah.

—    Vous ne savez pas dans quoi vous vous embarquez, ajouta la jeune femme en sentant l’aiguille lui transpercer la peau du bras.

L’homme retira la pointe de la seringue et tapota l’objet avec son doigt pour diluer le sang. Il s’approcha de Tim et injecta le liquide dans son épaule. Il recula ensuite de quelques pas.

—   Le moment de vérité ! murmura Salomon, les yeux rivés sur le jeune garçon.

Alors qu’ils retenaient tous leurs respirations, Sarah détourna son regard. Elle savait ce qu’il allait se passer.

Tim sentit une immense chaleur l’envahir. Il inspira profondément et un tremblement le saisit tout à coup. Les battements de son cœur accélérèrent et il reçut une seconde décharge. Son corps s’abandonna ensuite à de brusques mouvements spasmodiques incontrôlables. Ils étaient d’une telle violence que les écrous de la chaise s’ébranlaient dans le sol. Les soubresauts secouaient Tim malgré les sangles. Le jeune garçon vomit une substance noirâtre alors que ses yeux se révulsaient. Il inspira ensuite une dernière fois et rendit son dernier souffle, sa tête s’inclinant en avant.

—    Seigneur tout puissant ! s’exclama Salomon.

Au bout de quelques secondes, Tim ouvrit les yeux. Mais il avait changé. Il était devenu l’un d’entre eux. Il s’agitait sur la chaise en grognant.

—    Tu n’es qu’un salopard ! dit Sarah d’une voix furieuse.

Salomon se pencha vers Carlos et lui chuchota :

—    Nous allons enfin pouvoir accomplir les volontés de notre Seigneur, mon ami.

—    On fait quoi du reste de son groupe ?

—   T’as bien capturé quelques zombies avant qu’elle ne brûle l’enclos, n’est-ce pas ?

Carlos opina de la tête.

—    Dans ce cas, lâche-les dans la cellule ! Nous n’avons plus besoin d’eux.

—    À tes ordres.

—  Maintenant que nous avons l’instrument du bras vengeur de Dieu, il faut rapidement organiser la cérémonie du rite de passage. (Il baissa la tête et prit un air nostalgique.) Prends quelques hommes avec toi et retrouve-la. Je la veux auprès de moi à ce moment-là.

—   Ok.

Alors que Carlos quittait la pièce, Salomon s’approcha de Sarah. Il arborait un immense sourire.

—    Pourquoi ce sourire ? demanda Sarah avec agacement.

—   Grâce à toi, répondit le révérend, je vais mettre à exécution le plan de notre Seigneur.

—   Et c’est quoi ce plan ?

Salomon fixa la jeune femme de son grand regard hypnotisant. Il ouvrit la bouche et lâcha :

—   Tu le sauras bien assez tôt, ma chère… Oui. Bien assez tôt.

Fin de l’épisode 6


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