The Last Survivors, Épisode 7 – Chapitres 4 & 5

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Henry pressa l’interrupteur. La lumière jaillit sur un bureau exigu. La pièce était en désordre. Des feuilles fourmillaient sur le sol et un ordinateur avait été jeté nonchalamment dans un coin.

—    Il est où ? demanda Henry en parlant de Phil.

—   Chut ! murmura brusquement Taylor en posant son index sur ses lèvres tout en jetant sur l’homme un regard inquiet.

Un étrange bruissement émanait de l’armoire métallique posée contre le mur du fond. Taylor s’avança prudemment vers le meuble en tenant fermement sa machette. Le bruit s’intensifiait. Elle tendit son bras vers la poignée et ouvrit la porte de l’armoire en levant son arme, prête à frapper. Un type bascula aussitôt à l’extérieur. Surprise, la jeune femme fit un pas en arrière et posa ses yeux sur l’individu. C’était Phil.

—    Taylor ! se réjouit ce dernier en se redressant. T’es venue, putain !

Il avait le visage blême. Il était terrifié.

—    Où sont les autres ? demanda-t-il en s’époussetant.

—    Il n’y a que moi, souffla Taylor sur un ton mélancolique.

Phil se doutait que personne ne se serait déplacé pour lui. Il ne faisait pas l’unanimité au sein du groupe, certainement à cause de son comportement vis-à-vis des autres et de son langage quelque peu vulgaire. Mais il s’en fichait. Taylor était là. C’était le plus important.

—   Ces enfoirés sont partout ! ajouta-t-il. Je suis resté enfermé dans cette saloperie d’armoire pendant des heures. (Son regard croisa celui d’Henry.) C’est qui, lui ?

—   Henry, répondit Taylor. Il a été le seul à se porter volontaire.

—   Ouais. Personne d’autre ne s’est déplacé pour sauver tes miches !

Phil souffla. La jeune femme fit un pas vers lui et lui tendit la main.

—    Le talkie-walkie, s’il te plaît.

L’homme le lui donna. Taylor appuya sur le bouton de l’appareil et dit :

—    Stacy. Ici, Taylor. Tu m’entends ?

Au bout d’une seconde, la voix de l’adolescente grésilla dans le haut-parleur.

—    Taylor ! Tu vas bien ?

—    Oui.

—    Et Henry ?

—    Il est avec moi.

—   Merci mon Dieu. Je suis soulagée. Je n’avais pas de nouvelles de vous depuis votre départ alors je commençais à m’inquiéter.

—   On vient de retrouver Phil.

—   Parfais. Vous rentrez dans combien de temps ?

—   Pour info, dit Phil en se penchant au-dessus du talkie-walkie, je vais bien moi aussi. Mais merci de demander !

Taylor lui lança un regard belliqueux et lui tourna le dos.

—   Ça grouille de zombies dans le coin. On ne pourra pas repartir par le même chemin. On va se démerder pour en trouver un autre.

—   Ok. Bien reçu.

Henry entrouvrit lentement la porte pour s’assurer que le couloir était dégagé. Un zombie, le visage déchiré par un coup de griffe, apparut soudainement dans l’entrebâillement. L’homme sursauta en poussant un gémissement. Il referma aussitôt la porte et fit un pas en arrière en frissonnant d’effroi.

—   Et comment ça se passe en haut ? dit Taylor dans le talkie-walkie, en baissant la voix.

—   Ils commencent à se poser des questions sur toi. Personne n’est ravi que tu sois descendu.

—   Et le vieux n’est pas étranger à tout ça, je suppose !

—   Exact.

—    Quel salopard !

—    Il faudrait que tu reviennes rapidement, Taylor.

—   Très bien. On essaie de rentrer au plus vite.

—   Reçu cinq sur cinq.

Taylor relâcha le bouton de l’appareil qu’elle rangea dans la poche de son pantalon. Phil se pencha vers elle et lui persifla :

—    On dirait que les choses se gâtent. J’ai connu ça, moi aussi. Bienvenue au club !

Il s’écarta d’elle en ricanant. Il s’appuya contre le mur et croisa les bras.

—    Bon. On fait quoi, maintenant ? demanda-t-il sur un ton acerbe.

—   On pourra pas sortir par là, répondit Henry en désignant la porte par laquelle ils étaient arrivés. Ces monstres sont juste derrière.

Ses yeux se posèrent instinctivement sur une grille d’aération de la pièce. Taylor, qui avait suivi son regard, comprit. Elle s’exclama :

—    Tu penses qu’on pourrait se faufiler par-là ! C’est pas très large !

—    Je vois pas d’autre solution.

Mais Phil ne l’entendit pas de cette oreille. Il grommela.

—   Attendez. Je viens de passer des heures dans cette armoire et vous voulez que j’entre dans un putain de conduit encore plus étroit ! Hors de question.

—   Phil, si on veut sortir d’ici, expliqua Taylor, c’est le seul moyen.

—   Non. Trouve-en un autre !

—   Il n’y en a pas, répliqua sévèrement Henry.

—   Toi ! La ferme !

Agacé par Phil, Henry se jeta sur lui et serra violemment son cou en le maintenant contre le mur. Il plongea son regard menaçant dans le sien et lui chuchota :

—    Écoute, mon vieux. On a risqué nos vies pour sortir ton cul de ce merdier. Alors si je te dis d’entrer dans ce conduit, tu t’exécutes. Sinon j’ouvre cette porte (Il la désigna du doigt.) et je te balance aux zombies. Compris ?

Phil se défit de son étreinte en le repoussant.

—   Pas la peine d’être aussi violent ! marmonna-t-il en s’éloignant d’Henry. J’ai saisi le message. (Il s’épousseta) Sale con !

Henry avait entendu. Il lui lança un regard glacial en s’approchant de Taylor. La jeune femme desserrait les vis de la bouche d’aération avec la lame de sa machette.

—    T’y arrives ?

—    Ouais, répondit-elle en fronçant les sourcils. Encore une vis et…

La grille se décolla du mur. Elle la retira et la posa sur le sol. Son visage pivota ensuite vers Henry en arborant un fier sourire.

—    Je t’en prie ! s’amusa-t-elle en l’invitant à entrer.

Mais Henry se tourna vers Phil et le fixa d’un œil averti.

—   Pas la peine de dire quoi que ce soit ! souffla Phil en prenant une chaise. J’ai compris.

Il la colla contre le mur et monta sur le siège. Il posa un genou sur le rebord du conduit et s’y engouffra en marmonnant.

—   Je préfère l’avoir devant moi, expliqua Henry à Taylor en posant un pied sur la chaise.

Puis il se hissa à l’intérieur. Taylor se retourna une dernière fois vers le bureau et le suivit.

The last survivors

5

Le trio avançait à quatre pattes dans le conduit d’aération. En tête, Phil lança en grimaçant :

—   Merde ! Ça pue là-dedans ! (Il se tourna furtivement vers Henry.) C’est une putain de bonne idée que t’as eu, mec !

—   Ferme-la et avance ! ordonna Henry en le suivant de près.

En queue de peloton, Taylor ajouta :

—   Tu voulais faire quoi ? Attendre des heures dans ce bureau ? Personne ne serait venu nous chercher. T’es pas très apprécié dans la groupe, tu sais !

—   Apparemment, toi non plus ! affirma Phil en avançant lentement. Ton autorité commence à battre de l’aile !

—   Avance ! insista Henry.

Agacée, Taylor baissa les yeux mais Phil avait raison. Peut-être devait-elle laisser sa place à une personne qui saurait mieux gérer la situation ? Quatre personnes avaient perdu la vie dans ces galeries et deux autres dans le bunker lors de l’attaque des zombies. Elle pensait que c’était de sa faute. Ses yeux se noyèrent tout à coup de larmes. Personne ne l’avait remarqué. C’était sans doute mieux comme cela.

—   Dis-moi, Henry, dit-elle en relevant la tête. Ton amie qui s’est faite enlever par les hommes de Salomon. Elle s’appelle comment ?

Henry gloussa.

—    À vrai dire… Je n’en sais rien. Je l’ai rencontrée hier matin.

—    Et que comptes-tu faire une fois rentré au bunker ?

—   Je ne sais pas. Me rendre aux portes du Sanctuaire et demander au révérend de la libérer ! Qui sait ? Ça peut peut-être marcher !

—   Si tu penses ça, c’est que t’es complètement fêlé, mec ! s’exclama Phil d’une voix âpre. Tu ne pourras pas faire un pas sans que ces salopards te descendent !

—   T’as sans doute raison. Mais tu ne sais pas ce que j’ai dû faire pour la mettre en sécurité. Je ne peux pas laisser tomber maintenant.

—   C’est bien ce que je dis. T’es complètement fêlé !

Ils avançaient dans le conduit depuis de longues minutes, longeant les galeries en direction du bunker. Leurs mains et leurs genoux appuyaient contre la fine paroi en métal en la déformant légèrement à chacun de leur mouvement. Le bruissement incessant de la plaque se tordant sous leurs poids résonnait tout autour d’eux.

—   Tu sais où on va exactement ? demanda Henry, impatient de s’extirper de l’étroite canalisation.

—   Vers le bunker, répondit Taylor. Enfin, je l’espère.

Son visage se liquéfia quand un crissement se propagea brusquement dans le conduit. La plaque de fer trembla tout à coup.

—    Qu’est-ce qu’il se passe, putain ! s’inquiéta Phil.

Il poussa un gémissement quand la plaque s’affaissa soudainement.

—    Il faut sortir de là ! lança aussitôt Henry.

Phil accéléra. Le crissement résonnait de plus en plus fort. La plaque vibra à nouveau et le conduit s’effondra sous leur poids. Ils traversèrent le plafond de la galerie et heurtèrent violemment le sol parmi les débris.

La poussière retombait lentement sur les gravas recouvrant le sol. Un trou béant perforait le plafond et le conduit qui s’était effondré gisait à terre.

Henry ouvrit les yeux, sonné. Il tenta de se redresser mais une violente douleur le saisit brusquement à la cheville. Il grimaça. Il leva les yeux quand un zombie surgit soudain face à lui, sortant du nuage de poussière en grognant. Ses yeux s’écarquillèrent à la vue du macchabée. Il porta aussitôt une main à sa ceinture pour se saisir de son arme. C’était un réflexe incontrôlable. Le colt était resté dans le vestiaire et la hache avait disparu dans l’effondrement. Il essaya de se relever mais le mort-vivant se jeta sur lui. Il mit alors son bras en opposition, persuadé qu’il allait se faire mordre quand la machette de Taylor se planta furieusement dans le crâne du monstre. Il se retourna vers la jeune femme qui haletait puis expira, soulagé.

—    Il ne faut pas rester là ! s’exclama Taylor en lui tendant la main. Ils arrivent !

Les grognements résonnèrent dans les galeries. Henry agrippa la main de la jeune femme et se redressa difficilement. Cette dernière le prit par la taille et l’aida à avancer.

Phil les attendait un peu plus loin avec impatience. Il était terrifié par les hurlements dont l’écho se rapprochait dangereusement.

—    Dépêchez-vous, bordel !

Il laissa passer ses compagnons qui empruntèrent une autre galerie et les suivit.

—    Par ici ! s’écria Taylor en apercevant de la lumière au bout d’un couloir.

—    Non ! répliqua âprement Phil en leur emboîtant le pas. Pas dans cette direction !

—   Mais la sortie est juste là ! ajouta la jeune femme en fixant les éblouissants rayons du soleil qui envahissaient le corridor.

Ils étaient tellement puissants qu’ils formaient un épais voile blanc. Impossible de voir à travers.

—   Ce n’est pas une sortie ! Ce sont les déversoirs du barrage ! Ils font cent cinquante mètres de haut. La chute nous tuerait à coup sûr !

Taylor s’arrêta brusquement. Elle se retourna en soutenant Henry qui avait dû mal à marcher. Phil les rejoignit, trottant à quelques mètres derrière et pourchassé par quelques macchabées qu’il n’avait pas vus.

—    Attention ! cria Taylor en tremblant d’effroi.

Phil se tourna subitement. Les morts-vivants courraient vers lui. Tétanisé, l’homme ne put réagir. Les cadavres se jetèrent sur lui et l’enveloppèrent.

—    Non !

—   C’est trop tard ! s’écria Henry en retenant la jeune femme qui voulait le secourir.

L’homme tentait de repousser les monstres mais ils s’accrochaient à lui comme des sangsues. Un macchabée planta ses crocs dans sa gorge et lui déchira la trachée. Un autre creusait dans sa poitrine avec ses ongles acérés. Leurs mâchoires sanguinolentes lui arrachaient des morceaux de chair. Son sang coulait.

Phil savait qu’il allait mourir. Il essaya de hurler mais un son étranglé sortit de sa bouche. Il parvint tout de même à se baisser et à prendre le pistolet qu’il avait dissimulé à sa cheville mais les zombies le firent basculer. En tombant, il lâcha son arme.

—    Il faut aller l’aider ! tempêta Taylor en tentant de se défaire de l’étreinte d’Henry.

—    Non. C’est du suicide !

—    On ne peut pas l’abandonner !

Henry prit sa tête entre les mains et l’obligea à le regarder.

—    Ecoute-moi. Si tu y vas, tu mourras !

—    Mais…

—    Je sais. Mais c’est trop tard. Il est condamné.

Phil parvint à tendre le bras et à prendre son arme. Il pointa le canon sur le premier zombie que son regard terrifié croisa puis il posa le doigt sur la gâchette.

—   Putain de merde ! s’exclama soudain Taylor en assistant à la scène. Le méthane !

Elle saisit Henry par le col de sa chemise et le tira en avant. Sans se poser de question, ils fuirent vers la lumière du jour. Phil pressa la détente. L’étincelle qui s’échappa au bout du canon donna naissance à une boule de feu. Elle enveloppa aussitôt Phil puis les monstres agrippés à lui.

Taylor et Henry entrèrent dans la lumière éblouissante mais une grille verrouillée par un cadenas bouchait la sortie.

—    Bordel !

La jeune femme frappa violemment le cadenas avec sa machette. Elle dut s’y reprendre à plusieurs reprises avant de le briser. La grille s’ouvrit alors. Ils firent un pas à l’extérieur mais s’immobilisèrent au bord du précipice. Sous leurs pieds, les déversoirs crachaient des milliers de litres d’eau dans la rivière qui grondait.

La boule de feu implosa tout à coup et embrasa la galerie dans un bourdonnement assourdissant. Les murs du sous-sol tremblèrent aussitôt. Happé par un violent appel d’air, le feu se propageait rapidement dans le couloir et filait à toute vitesse vers Taylor et Henry comme une main qui tentait de les attraper.

Ils comprirent alors qu’ils n’avaient pas le choix. Elle lui prit la main et ils sautèrent dans le vide.

 

Fin de l’épisode 7


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1 commentaire

  1. Mega Low dit :

    après le labyrinthe de voici le saut de l’ange :)

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