The Last Survivors

The Last Survivors, Épisode 8 – Chapitre 1

Publié le 27 mars 2015 par dans Divers, NewsCommentaire (0)

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Ballotté comme un pantin désarticulé, Henry essayait de se raccrocher au fond vaseux de la rivière. Il parvint à agripper un rocher englué dans la vase mais le torrent, impétueux, rendait l’adhérence compliquée. Il sortit un bras et posa la main sur l’écueil. Il se hissa avec difficulté à la surface et sortit la tête hors de l’eau. Il prit une grande inspiration.

Ses doigts glissaient sur la mousse formée sur le rocher. Il enlaça alors le roc tandis que l’écume ondulait avec rage. Les vagues le recouvraient parfois entièrement et se brisaient violemment sur lui. Elles se dispersaient ensuite et revenaient aussitôt à la charge. Leur va-et-vient incessant créait des remous qui tourbillonnaient autour de lui. Soudain, il lâcha prise. Le torrent l’emporta alors avec force.

Derrière lui, le barrage s’éloignait rapidement. Le grondement des eaux s’échappant des déversoirs s’atténuait, remplacé par le bourdonnement de la rivière. Henry peinait à garder la tête hors de l’eau. L’ondoiement des vagues l’enveloppait à chaque instant. Il louvoyait entre les écueils, filant à toute vitesse dans les méandres du cours d’eau déchaîné.

Un peu plus loin, en aval, un arbre desséché et sans feuillage se dressait sur la berge. Une de ses branches retombait au-dessus de la rivière comme une main tendue. Henry leva les bras au moment où il passait dessous et s’agrippa. Il s’accrochait en rassemblant ses dernières forces mais les remous qui se formaient autour de lui tentaient de l’attirer à nouveau dans leur agitation. Il essaya de se hisser à la force des bras et parvint à dégager la moitié de son corps, mais la branche ne résista pas. Elle se brisa. Elle écorcha ses mains en craquant et il se retrouva en un instant au fond de l’eau.

Il pensait que tout était perdu. Il se laissait emporter par le torrent, retenant fébrilement sa respiration. Il sentait chaque battement de son cœur taper dans sa poitrine à un rythme irrégulier. Il allait mourir.

Brusquement, le visage de Sarah traversa son esprit et il se rappela pourquoi il devait rester en vie. Elle comptait sur lui. Toute l’humanité comptait sur lui. Il sortit alors de son marasme et rassembla les dernières forces qui lui restaient pour remonter à la surface.

Le lit de la rivière avait considérablement rétréci à cet endroit. Henry donna quelques coups de brasse et parvint à rejoindre un cours d’eau plus calme. Il nagea jusqu’à la berge et se hissa hors de l’eau. Épuisé, il s’étendit sur les cailloux jonchant la rive.

Il resta allongé, la respiration haletante. Ses doigts écorchés étaient repliés dans la paume de ses mains et il tremblait. La température de l’eau ne dépassait pas les cinq degrés. Son visage était blême et ses lèvres violacées à cause de l’hypothermie.

Après un long moment, il se redressa difficilement et s’assit face à la rivière, recroquevillé contre lui-même. Il essayait de repérer Taylor dans l’agitation des eaux. Il observa la surface avec attention. Il pensait l’apercevoir dans chaque remous, dans chaque tourbillon mais après quelques minutes, elle n’était toujours pas réapparue. Il se résigna alors. Taylor s’était noyée. Sa tête retomba en avant avec tristesse puis il poussa un soupire de désespoir.

—    Taylor ! Putain.

Son cœur se serra. Il releva la tête et hurla malgré les morts-vivants qui rôdaient un peu partout :

—    Merde !

***

Le ciel commençait à se couvrir. La brume descendait lentement dans la vallée et la recouvrait d’un manteau blanc. Un nuage bruineux se formait sur le flanc de la montagne. La fin d’après-midi s’annonçait pluvieuse.

Henry avait repris la route. Il traînait les pieds, manquant de s’effondrer à chaque pas. Il marchait avec difficulté sur le chemin escarpé, longeant la rivière en direction du barrage mais le terrain devenait de plus en plus accidenté. Il était obligé de faire un détour par la forêt. Il s’y engouffra alors, contraint.

Le nuage orageux s’étendait dans le ciel. La bruine commençait à tomber. Henry gardait la rivière à portée de vue pour ne pas se perdre. Alors qu’il luttait pour rester debout, il aperçut, entre deux arbres, un groupe de morts-vivants. Ils dévoraient un cerf, accroupis au­-dessus de la carcasse. Ils plongeaient leurs mains ensanglantées dans le corps de l’animal encore vivant et se délectaient de sa chair.

Henry se plaqua brusquement derrière un arbre mais dans la précipitation, marcha sur une branche qui se brisa sous son poids. Il grimaça, dépité. Le craquement attira aussitôt l’attention d’un zombie. Le macchabée se retourna. Il se redressa et tituba instinctivement vers la source du bruit.

La peau de son visage avait été arrachée du menton jusqu’au nez. Il avait un trou béant à la place de l’oreille gauche et une seringue plantée dans le crâne ne l’avait miraculeusement pas tué. Il avançait d’un pas lent. Henry était adossé à l’arbre. Il essayait de se faire discret mais la confrontation semblait inévitable. Un seul son du cadavre et ses congénères rappliqueraient aussitôt.

Le monstre parvint à sa hauteur et le vit. Ses yeux livides s’écarquillèrent subitement. Il ouvrit la gueule mais Henry lui agrippa la gorge avant qu’il ne grogne, et le plaqua au sol. Le macchabée, plongé involontairement dans un mutisme forcé, émettait cependant  de petits gémissements, presque inaudibles aux oreilles de ses congénères. Surpris de ne pas pouvoir hurler, il se débattait en tentant d’agripper le visage de son agresseur.

Henry planta ses ongles dans la gorge du monstre et empoigna, de son autre main, la seringue coincée dans le crâne de son opposant. Il la retira. Il leva le bras et la lui enfonça violemment dans l’œil. L’aiguille ressortit à l’arrière de sa tête. Il s’écarta ensuite du corps inerte en poussant sur ses jambes et se plaqua à nouveau contre l’arbre à la hâte.

Les morts-vivants n’avaient rien entendu. Ils continuaient de se repaître du cerf comme si de rien n’était. Henry haletait. Il profita de ce moment pour se relever et pour s’enfuir dans le dos des monstres. Cependant, une fois éloigné, un macchabée avec le visage entièrement brûlé releva la tête et aperçut l’homme disparaître dans la forêt. Il se redressa maladroitement. Il souffla et chancela dans sa direction. Ses semblables se détournèrent alors de la carcasse et le suivirent.

Henry avait été contraint de s’éloigner de la rivière à cause du groupe de morts-vivants mais le grondement des eaux était suffisamment fort pour qu’il garde le cap.

Au bout d’un moment, il parvint à la nationale. La route était déserte et jonchée de feuilles mortes. Il la traversa et distingua à travers les arbres, une grande bâtisse. Il expira, soulagé. Peut-être y avait-il un véhicule ? Il s’approcha discrètement. Le bâtiment se trouvait derrière un vieux cimetière, à quelques dizaines de mètres d’une chapelle. Henry comprit. C’était un funérarium.

L’endroit semblait abandonné. Henry parvint rapidement à la porte de derrière après avoir slalomé entre les tombes et les caveaux. Il tourna la poignée et entra. Devant lui, un grand couloir traversait la demeure jusqu’au hall d’entrée. Il entra et se réfugia dans la première pièce qu’il trouva. C’était une chambre funéraire. Un lit trônait au centre de la pièce et des chrysanthèmes avaient fané dans un coin. Cette chambre servait autrefois à accueillir les familles des défunts qui venaient se recueillir. C’était avant. Aujourd’hui, c’était les défunts qui venaient directement chez les vivants.

Henry se fichait éperdument de l’endroit où il se trouvait. Tout ce qu’il voyait était le lit. Épuisé, il se laissa tomber sur le matelas avec bonheur. Il laissa échapper un sourire mais une voix s’éleva brusquement depuis l’extérieur :

—    Putain ! Il n’y a personne ici !

Une autre, plus grave, répondit :

—   Salomon veut qu’on la retrouve. Jette un œil rapide dans la baraque qu’on se casse vite fait !

—   Ouais. J’y vais.

Henry glissa sur le sol et s’approcha silencieusement de la fenêtre dont la vitre était brisée. Des morceaux de verre jonchaient le sol. Il s’adossa au mur et jeta un œil à l’extérieur : le fourgon blindé était garé devant le funérarium.


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