Critique du film Zombies of Mass Destruction
Zombies of mass destruction est un titre trompeur. Avec un tel nom, nous étions en droit de nous attendre à un navet avec des zombies surpuissants et invincibles. Or, le choix de ce titre renvoie, au contraire, à une dimension politique : les weapons of mass destruction soi-disant présentes en Irak en 2003. Ainsi, Kevin Hamedani, oscillant entre Edgar Wright et Georges A. Romero, nous offre avec son Zombies of mass destruction une comédie fraîche, plutôt amusante et qui se veut engagée.
L’histoire se déroule en 2003 dans la petite ville de Port Gamble et nous propose de suivre parallèlement trois personnages : Frida (interprétée par Janette Armand), une jeune américaine aux origines iraniennes, et un couple homosexuel, Tom et Lance (Dough Fahl et Cooper Hopkins) qui se rendent chez la mére de l’un d’eux pour leur coming out. Toutefois, la quiétude de Port Gamble, avec ses maisons bien alignées et ses pelouses parfaitement tondues, est rapidement troublée par l’arrivée inopinée d’un zombie contagieux. Face à la propagation du mal, Frida, Tom et Lance vont devoir se battre pour survivre. Seulement, les zombies ne sont pas le seul danger présent à Port Gamble. En effet, les préjugés et les idées rétrogrades des habitants de la ville pourraient bien, du fait des différences de nos trois héros (origines et préférence sexuelle), mettre en péril leur vie.
A political Zombedy très politiquement correcte
Comme l’indique l’affiche du film, ZMD est “a political Zombedy”, une comédie zombiesque avec son gentil message politique. Ainsi, tout comme la prétendue présence de weapons of mass destruction en Irak avait servi de prétexte à G. W. Bush pour sa guerre, ces zombies of mass destruction permettent à Kevin Hamedani de diffuser un message en faveur de la tolérance. Car, selon son réalisateur, ZMD est avant tout un moyen d’ironiser sur le comportement de certains vis-à-vis des minorités, quelles soient gays ou musulmane par exemple. D’ailleurs, Kevin Hamedani ne fait que s’inspirer de ce qu’il a lui même vécu en tant qu’américain d’origine iranienne suite aux attentats du 11 septembre.
Pour faire passer son message, Kevin Hamedani choisit le biais de l’humour. Ainsi, la plupart des personnages sont volontairement caricaturaux. On retrouve par exemple la famille Miller, patriotes au possible alors qu’ils viennent du Canada, le révérend avec ses idées extrémistes et ses sermons endiablés, les politicards de la ville prêt à tout pour gagner les élections, ou le père de Frida, un iranien obsédé par son travail et devant se battre pour réussir dans ce monde d’occidentaux fainéants. Kevin Hamedani critique alors, à travers ces stéréotypes les plus bas instincts de ses compatriotes. Ainsi, par exemple, Frida est accusée d’être une terroriste islamiste à l’origine de l’arrivée des zombies. Tandis que, de leur coté, Tom et Lance sont contraints de participer à une séance de purification de leurs âmes soi-disant souillées par leur homosexualité.
De plus, les situations grotesques s’enchainent. En effet, Kevin Hamedani place allégrement ses personnages dans des postures incongrues et étonnantes. Dès lors, les trois personnages doivent répondre à des situations vraiment inattendues ce qui permet au film d’apporter son lot de gag débilo-gores. Parfois, un peu lourds, mais généralement amusants. A ce titre, ces scènes parsemées de dialogues lolilol sont portées par l’engagement des acteurs qui semblent vraiment motivés malgré quelques fausses notes dans leur interprétation.
Même si le message politique est l’objectif premier de ce film, la portée de celui-ci reste assez limitée. Car, même si on comprend aisément ce que le réalisateur souhaite dénoncer, la critique s’avère être trop consensuelle. D’abord, parce que ce message en faveur de la tolérance a été maintes et maintes fois ressassé. Ensuite car mélanger comédie et film politique est un défi de taille que Kevin Hamedani peine à relever. Du coup, l’aspect politique passe rapidement au second plan, ne laissant la place qu’à une simple zombédie.
Qui dit indé, dit imperfections
Zombies of mass destruction n’est pas exempt de défauts. Ainsi, on a le droit à de nombreux effets gores vraiment ratés à l’image d’une scène où Lance découpe un zombie avec une débroussailleuse et où on voit très clairement qu’il n’y a pas de lame.
De plus, le film se caractérise vraiment par une grande inégalité entre les scènes. En effet, on alterne des effets gores réussis et d’autres ridicules, des scènes bien jouées et des interprétations mauvaises, des scènes drôles et dynamiques avec des scènes molles et inutiles. Enfin, à cela s’ajoutent de nombreux problèmes techniques. Par exemple, les faux raccords sont assez nombreux et pourront faire décrocher certains d’entre nous.
Ainsi, sans devenir l’œuvre phare du cinéma zombiesque comique, Zombies of mass destruction reste une grande bouffée d’un humour agréable qui aurait toutefois gagné à être plus irrévérencieux. Dommage que le manque de constance du film que ce soit au niveau du rythme, des effets ou encore du jeu des acteurs, ne vienne ternir le tableau.
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