Critique de Zombies Néchronologies Tome 1 : Les Misérables
Alors qu’en novembre dernier sortait l’excellent Zombies : Précis de Décomposition, troisième tome de la série Zombies, son scénariste Olivier Peru revient aujourd’hui accompagné de Nicolas Petrimaux pour une nouvelle série de bandes dessinées zombies intitulée Zombies Néchronologies.
Le premier tome, nommé Les Misérables et qui sortira le 02 juillet en librairie aux éditions Soleil, plonge directement le lecteur dans un bain de sang. En effet, Dès les premières planches, nous découvrons Paris envahie par des hordes de zombies affamés alors que l’armée tente, non sans mal, de contenir cette nouvelle menace aux portes de l’Élysée. Nous faisons alors la connaissance de Charles, garde du corps de présidents depuis une trentaine d’année, qui se retrouve rapidement libéré de ses obligations. Le “Pépé” entreprend alors de rejoindre son ex-femme à Genève mais réalise bien vite qu’une mission plus importante l’attend non loin de là.
Premier point fort de la BD : son héros. Une fois encore nous reconnaissons le talent de Peru et sa capacité à créer des personnages intéressants que nous prenons plaisir à suivre. Au premier abord, Charles passe simplement pour l’archétype du héros proche de la retraite, assez solitaire, bourru et badass quand il faut ; un Clint Eastwood français en somme. Cependant, son personnage évolue et s’adapte parfaitement au nouvel environnement qui l’entoure au point de décider de ne plus protéger les grands de ce monde. Ce faisant, il apparaît comme une sorte d’allégorie de la justice prête à remettre les choses dans le droit chemin.
En effet, avec plusieurs scènes d’action assez jouissives, Les Misérables dresse une critique virulente de certaines institutions, prouvant une nouvelle fois que le zombie est idéal pour révéler la vraie nature de l’Homme. Les politiciens et, en particuliers, les présidents nous sont présentés comme des assoiffés de pouvoir égoïstes. Le chef de l’État français est ici décrit comme un homme prêt à tout pour sa survie allant même jusqu’à prétexter être l’incarnation des valeurs de la France et devant, par conséquence, absolument être sauvé quitte à sacrifier de nombreuses personnes pour y parvenir. Cette vision de la présidence, véritable petit pamphlet de la politique moderne, se fait ainsi l’écho des désirs purement carriéristes de certains de nos représentants.
Cette critique est plutôt bien amenée et il est intéressant de voir l’auteur exposer si clairement et si longuement ses idéologies alors qu’il aurait simplement pu régler cela en quelques bulles ou plus discrètement. Cet aspect politique omniprésent du tome est ainsi l’un de ses principaux intérêts et un défi brillamment relevé par Peru.
D’ailleurs, il est intéressant de noter que l’armée, qui semble vouloir défendre à tout prix le peuple, allant même jusqu’à destituer le président français, s’avère finalement peu digne de confiance et ne tarde pas à refaire les mêmes erreurs que les anciens dirigeants.
Lorsque Charles arrive enfin à Genève, nous découvrons une ville désormais fortifiée faisant évidemment écho au film de Romero, Land of the dead. La population y est séparée en deux classes, les nantis dégustant de somptueux repas dans des appartements de luxe et les autres qui vivent parqués dans des tentes, prêts à être utilisés comme cobayes ou bouclier humain.
Malgré cette peinture assez pessimiste de la société, un personnage attachant fait son apparition dans ce chaos. Camille, une vieille dame pleine de ressources qui a lutté toute sa vie contre l’ordre établi, laisse alors entrevoir une vérité à double tranchant et incarne ce à quoi ressemblerait un monde reposant uniquement sur la bonté humaine. Ses interventions sont malheureusement trop rares, d’autant plus que les possibilités qu’elle ouvre sont assez tentantes. Cela pourrait en effet être vraiment intéressant de voir comment une société inédite pourrait naître lors des prochains tomes grâce à ce personnage.
Du côté des dessins, les amateurs de la saga Zombies doivent certainement s’inquiéter de l’absence de Sophian Cholet qui a signé les dessins de tous les précédents tomes de la saga. Bien qu’ayant réalisé la couverture de ce premier tome, l’illustrateur a en effet laissé sa place à Nicolas Petrimaux qui nous propose, ici, un travail d’une grande qualité qui ravira les amateurs de films d’action. En effet, là où Cholet excellait dans la réalisation de paysages gigantesques peuplés de morts-vivants, Petrimaux nous invite à découvrir des espaces plus confinés et des scènes très dynamiques. Ce nouveau dessinateur est ainsi très habile lorsqu’il s’agit de nous présenter des purs moments d’action révélant ainsi des traits reflétant régulièrement une impression de vitesse et de mouvement.
Tout comme Cholet dans Précis de Décomposition, Petrimaux s’amuse également à glisser quelques références bien senties dans ces dessins comme le personnage de Walter White de la série Breaking Bad.
Ce premier tome des Néchronologies est donc une vraie réussite. Le scénario est réfléchi et les dessins somptueux. Nous vous recommandons donc chaudement sa lecture et attendons avec impatience de savoir si les personnages de cette nouvelle saga croiseront un jour la route de ceux présents dans les quatre premiers tomes de Zombies.
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7 commentaires pour Critique de Zombies Néchronologies Tome 1 : Les Misérables
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merci pour cette critique… je guette cette BD ayant adoré les autres…
Super BD… Comme d’hab je dirai !
La critique de nos élites est bien corrosive mine de rien et avoir imaginé notre président actuel avec un état d’esprit si peu… chevaleresque… c’est bon !
Le dessin, plutôt “américain” je trouve et en deça des autres tomes, mais ce n’est que mon avis !
Le seul hic que je relève c’est dans la lecture… Même si je ne suis pas un ayatollah de l’orthographe et de la grammaire… les phrases négatives ont été amputées de leur “ne” ou “n’” ! Et cela en gâche la lecture.
J’ai déjà remarqué ça dans les traductions de chez panini (virus morningstar, armageddon…) et je trouve ça dommage !
La phrase négative doit comporter “ne…. pas”… j’en ai assez bavé à l’école pour l’oublier…
Et aussi, il n’y a pas de clin d’oeil dans la BD comme le faisait Sophian Cholet (style t-shirt des red hot ou autres rappels de notre culture…. populaire)… c’était la petite cerise
personne ne l’a encore lu ??? à part Nitz et moi !
Par les temps qui courent, brocarder ainsi notre Président, témoigne d’une audace peu commune. Je sens poindre un bon contrôle fiscal des familles pour l’estimable Olivier Peru.
Sinon avec cette nouvelle série on reste grosso modo dans la dynamique de la précédente en terme de qualité, avec toujours ce discours optimiste et rafraîchissant sur la nature humaine. A surveiller de près.
en deux points très brefs :
1) le scénar’ très bien (dynamique, pas gnangnan), et la petite pointe de politique très drôle. Pas tant sur “notre” président (au portrait criant de vérité?!) que sur notre mamie anarchiste …
2) le dessin hélas largement en dessous des autres. Désolé Petrimaux, mais ce que j’appréciai dans la BD, c’était de prendre mon temps à regarder des images ultra-précises, que justifiaient l’attente entre deux BD. Là on est plus dans le comic américain hebdomadaire obligeant à moins de travail et de précision dans le dessin. Mais vu que la durée est plus longue entre les publications, un effort pourrait être fait.
Pas gnangnan ? C’est le premier mot auquel j’ai pensét j’en suis à 7 pages et je peux pas m’empêcher de me facepalm pour me protéger de tous les clichés sur la politique et les militaires qui tombent… Je savais que c’était une mauvaise idée d’aborder la politique, mais c’est peut-être trop à chaud. Je verrais bien à la fin de l’album !
Si on laisse la politique de côté (très mal amenée soit dit en passant, beaucoup trop “message”), c’est plutôt cool. Un poil en-dessous de la série principale au niveau ambiance, j’ai pas ressenti la même chose. Un autre point noir, le voyage est passé beaucoup trop vite alors que c’est souvent un bon moyen de placer les choses entre les perso ou juste une ambiance.
Enfin, ça reste sympathique !