Critique d’Alice Matheson, Tome 1 : Jour Z

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Vous attendiez une BD zombie sortant des sentiers battus ? Alors mettez sur pause quelques instants votre navigation effrénée et découvrez Alice Matheson, la nouvelle série publiée par Soleil. Le premier tome intitulé Jour Z est sorti en mai dernier, et quelque chose me dit que vous n’allez pas être déçus.

Brillante infirmière dans un hôpital de Londres, Alice Matheson pourrait être chirurgien, mais ce serait s’exposer inutilement. En effet, derrière son joli minois se cache une psychopathe froide et calculatrice qui assassine les patients en phase terminale de l’hôpital où elle travaille.
Elle mène ainsi une double vie qui se complique le jour où une de ses victimes se relève malgré l’injection mortelle qu’elle vient de lui administrer. Même pour un serial-killer, tout cela a quelque chose de perturbant. Avant le jour Z, Alice était le seul monstre de l’hôpital, désormais, elle a de la concurrence.

Une héroïne qui dérange

Alice Matheson - Couverture tome 1 Une infirmière, belle, intelligente et psychopathe. Voici le portrait rapide d’Alice, l’héroïne que nous propose Soleil pour sa nouvelle BD zombie. Dès les premières pages, le ton est donné. Le duo Jean-Luc Istin (scénariste de La nuit des morts-vivants) et Philippe Vandaële a brillamment su créer un personnage que le lecteur adopte tout de suite, malgré sa froideur et ses activités malsaines. Le dessin de Vandaële est beau, dynamique et nous emporte très vite dans la frénésie de la lecture. Alors que depuis un bon moment je n’avais pas ressenti de véritable engouement pour une oeuvre Z, tous genres confondus, j’ai été cette fois étonnée d’engloutir l’ouvrage si rapidement et de me retrouver attristée en arrivant la dernière page. Il faut préciser d’ailleurs, que cette BD est particulière courte, puisqu’elle ne compte qu’une cinquantaine de pages.
Toute l’action ou presque se passe donc dans l’environnement immédiat d’Alice. En tant que psychopathe calculatrice, l’esprit de l’infirmière se consacre presque exclusivement à l’organisation puis à la dissimulation de ses actes. Ainsi, même lorsqu’elle discute avec ses collègues, la moindre parole est mesurée de façon à ne pas se faire remarquer. Bien que ses activités de meurtrières soient dérangeantes, le lecteur est très vite pris au jeu car pour Alice, conserver ses secrets tout en n’attirant pas les soupçons est un challenge de chaque instant. Il est alors difficile de ne pas compatir et de ne pas craindre qu’elle se fasse démasquer à chaque nouvelle double page. C’est d’ailleurs une sensation assez contradictoire puisque la soignante elle-même ne perd jamais son sang-froid et reste imperturbable. N’étant pas soumise à des réactions émotionnelles standards, la jeune femme semble ne pas souffrir de la pollution sentimentale qui pourrait en résulter. Par conséquent, elle gagne en efficacité et prend rapidement des mesures radicales pour résoudre ses problèmes (zombies et humains).

Alice Matheson

Un cadre spatio-temporel bien calibré

La tension n’est d’ailleurs pas seulement due au personnage principal mais également aux choix spatio-temporels faits par les auteurs. Pas un seul instant d’ennui ne se fait sentir à la lecture d’Alice Matheson, les pages coulent au contraire de façon très fluide. Vous n’y trouverez pas de scènes impressionnantes à la World War Z by Brad Pitt, ou de ville fantôme à la 28 jours plus tard. Non, les auteurs nous racontent simplement le début des hostilités, et la quasi-totalité de l’action se déroule dans l’hôpital, entre les couloirs, la salle d’opération et la zone de quarantaine. Ils prennent ainsi le temps de nous présenter des scènes ainsi que des conversations détaillées, et nous assistons aux premiers cas de patients maîtrisés par l’équipe de médecins. L’action est donc relativement lente, mais efficacement équilibrée. Tout ceci n’empêche cependant pas d’avoir une dose honorable d’hémoglobine et de suspens, le tout encore une fois superbement illustré.

Alice Matheson

Les zombies, ces empêcheurs de tourner en rond

Du côté des zombies justement, il est difficile à ce stade de savoir s’ils ne sont qu’un prétexte pour parler d’Alice ou si cet aspect sera par la suite fondamentalement indissociable de l’action principale. Pour le moment, c’est en tout cas intelligemment traité car le facteur zombie vient perturber la vie quotidienne de l’établissement et pousse l’héroïne à changer ses méthodes. Elle se sent en danger, non parce qu’elle a peur de mourir, mais parce que ses précieux patients risquent de ne plus mourir entre ses mains, lui enlevant par la même toute raison d’exister. Alice, rappelons-le, semble vivre pour tuer et plus exactement pour vivre intensément le dernier souffle de ses victimes dont elle se nourrit psychologiquement. Jusqu’à ce jour fatidique de l’apparition du premier zombie, tout était réglé comme du papier à musique pour la jeune femme, or maintenant, elle se trouve contre son gré au devant de la scène et l’étau autour de ses activités secrètes se resserre.

Alice Matheson

Alice Matheson fait donc un sans faute avec son premier tome Jour Z. L’album est beau, le scénario est intéressant, les personnages sont approfondis, les zombies bien intégrés. En bref, le lecteur ne peut qu’en redemander et cela tombe bien puisque le tome 2 sortira en septembre prochain. Il nous tarde de voir si la suite sera aussi prenante. L’intrigue nous mènera-t-elle en dehors de l’hôpital ou ses murs resteront-ils le QG de toute l’action ? Les auteurs parviendront-ils à conserver cette ambiance tout à fait particulière qui donne son cachet à l’ouvrage ? Quoiqu’il en soit nous ne louperons la suite sous aucun prétexte.

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3 commentaires

  1. mulk dit :

    Je l’ai acheté à sa sortie et l’ai lu de suite, dévoré en quelques instants et j’en redemande. Tant pour le dessin, le rythme, le scénario… pfiouuuu, non ce n’est définitivement pas une énième BD qui cherche à surfer sur la vague zombie, mais un “must have”.

    Je me demande ce que cela va donner lorsque l’on voit en fin d’album (ou au dos, je ne me souviens plus), une image provenant de la suite où l’on voit notre cher Dexter, euh infirmière, se trouve sur le toit d’une voiture, cernée par les zombies, deux flingues en mains… Suite plus bourrin?

    Ensuite, les auteurs vont-ils exploiter le côté reconstruction après l’invasion? Dans ce cas, comment va s’intégrer notre psychopathe dans un environnement où chaque vie humaine compte pour que les autres survivent? (en plus moins de gens, donc plus de chance de se faire prendre)

  2. sandront marc dit :

    très bonne bd, parfaite

  3. Alexia dit :

    Je dois dire qu’après plusieurs hésitations, je me suis procurée la BD et je l’ai lu hier. Elle se lie rapidement, qu’à la fin, je voulais savoir la suite. Donc il va falloir que je patiente un peu pour me procurer la suite.
    Sinon, très bonne BD qui change un peu car notre “héroïne” doit être de la famille de Dexter, 🙂 et malgré ça, on s’attache à elle, alors qu’elle non. Ange de la mort au milieu des zombies, ça promet.
    Les dessins sont bien travailler, les zombies magnifiques, même si on n’a pas envie de se faire mordre.
    Par contre, en lisant la BD, il y a le Docteur Skinner qui me rappelle un acteur, dès que je le vois, je n’arrête pas de penser à l’acteur Bill Nighy…

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