La Rage, tomes 1 et 2/2
En 2011, les éditions 12bis sortait le premier tome de La Rage. Intitulée Amina, cette bande-dessinée a du attendre 2 ans pour se voir compléter d’une suite sous le nom de Fred. En avril dernier, les éditions 12bis ont donc publié le second volume de La Rage toujours emmené par Pierre Boisserie et Malo Kerfriden. Nous allons donc revenir sur ces deux tomes conjointement.
France 2014, deux ans se sont écoulés depuis que les enfants du monde entier se sont subitement transformés en créatures assoiffées de sang. Les autorités se sont divisées entre deux camps : les gouvernementaux qui dirigent officiellement le pays et ont placé les enfants dans des zones de quarantaine et les milices d’Hérode qui prônent l’éradication pure et simple des enfants. Amina, une ancienne infirmière qui recherche son fils infecté Théo, se retrouve alors dans une mission de sauvetage pour récupérer certains enfants sains aux côtés des gouvernementaux. Elle ne s’attendait pas à y croiser Fred, son ancien conjoint, alors que celui-ci a rejoint les milices d’Hérode.
Tout commence avec une idée de départ plutôt originale. On connaissait les épidémies zombies qui ne touchent que les femmes (Dog House), que certains animaux (Dead Meat, Black Sheep) mais les enfants n’avaient jamais été vraiment mis à l’honneur (on les retrouve toutefois dans Le fléau selon Clive Barker). L’idée d’une épidémie subite qui les transforme en zombie était vraiment bonne d’autant que le background était enrichi par quelques idées intéressantes comme le fait que les enfants redeviennent normaux une fois que leur taux d’hormones sexuelles augmentait. Cela donnait du sens aux actions menées par le gouvernement qui devait mettre en place des opérations de « prélèvement » pour sauver les enfants redevenus normaux des griffes de leurs cadets enragés.
Le problème est que l’essai n’a pas été transformé. Avoir une bonne idée est évidemment un point de départ essentiel pour faire une œuvre réussie mais savoir l’exploiter et ne pas y associer des éléments énervants est impératif. Ainsi, aussi intéressant que soit le background, le problème de La Rage est que ses auteurs y ont brodé une intrigue rendue inintéressante par son côté caricatural. Dans le tome 1, on nous présente ainsi l’opposition entre le gentil gouvernement et les méchants de la milice (Non mais allô, t’as un môme infecté et tu le tues pas, allô quoi…) avant de nous prouver dans le tome 2 qu’en fait ils sont tous méchants sauf l’héroïne… On se retrouve donc avec les classiques histoires de trahisons et un gouvernement, qui, bien évidemment, n’hésite pas à pratiquer des expériences malsaines sur des enfants infectés. C’est assez ridicule mais pas autant que les motivations de la plupart des personnages.
Ajoutez à cela, la sempiternelle ficelle de l’enfant immunisé et vous sombrez dans la déchéance la plus totale.
Côté scénario et gestion de l’histoire, on se perd parfois dans les flashs-back ce qui rend la lecture encore moins agréable et on ne peut s’empêcher de rester bouche-bée devant les facilités scénaristiques que l’on retrouve tout au long de l’histoire. Par exemple, Amina parvient à accéder à des dossiers top secrets pour situer son fils sans aucun problème et est envoyée, comme par hasard, en mission là où il se trouve lors de sa seconde mission…
Enfin le dessin, même si cela est quelque chose de vraiment subjectif, est très inégal entre des planches plutôt sympas et des passages très moches.
En fin de compte, si le tome 1 n’est pas déplaisant à lire sans être transcendant, le second volume, avec le développement d’intrigues ringardes, la multiplication de textes débiles et des sorts de personnages vraiment consternants, ne présente aucun intérêt et terminera de vous faire classer La Rage parmi les échecs de la bande-dessinée zombie.
Derniers commentaires