En France, les éditions Delcourt sont connues des amateurs de zombies pour leur publication de The Walking Dead. Il y a quelques mois, elles ont acquis les droits de publication de Revival un comic de morts-vivants qui connaît un certain succès aux États-Unis. Autant vous prévenir tout de suite, avec ce premier volume de Revival scénarisé par Tim Seeley et dessiné par Mike Norton, oubliez les histoires d’épidémies zombies et les mondes post-apocalyptiques que vous avez l’habitude de retrouver dans vos comics préférés. On parle bien de morts-vivants et d’un comic au traitement plus proche d’un thriller ou d’un livre policier. On s’est malgré tout laissé tenter.
Wausau, un paisible village du Wisconsin, devient le centre des intérêts le jour où un événement des plus étranges s’y produit. Certaines personnes décédées récemment reviennent à la vie ; certaines alors que leur dépouille venait d’être jeté dans le four du crématorium, d’autres à la morgue, comme cette petite fille au regard vitreux qui veut qu’on appelle sa maman. Très vite la nouvelle de cet incroyable phénomène inexpliqué se propage et des dizaines de curieux affluent vers la ville avec des intentions plus ou moins louables. Les forces de police sont débordées et des renforts leur sont envoyés afin de maintenir un semblant de quarantaine sur la ville et tirer au clair cette affaire. Mais les revenants ne sont qu’une partie des problèmes que l’agent de police Dana Cypress doit gérer : une créature étrange, fantomatique et insaisissable a été aperçue et des crimes odieux se répètent dans la ville. Elle doit alors reconstituer le puzzle de cette étrange histoire et mener son enquête. Qui sont les coupables ? Les morts ou les vivants ? Qui est cette mystérieuse chose qui hante les bois enneigés de la ville ?
Ce qui est très fort avec le comic Revival c’est qu’au milieu de cette densité d’événements, l’histoire parvient parfaitement à s’épanouir sans jamais s’emmêler les pinceaux. Elle ne tire jamais en longueur et l’intrigue reste toujours suffisamment captivante pour ne pas perdre le lecteur. On suit ainsi Dana Cypress qui enquête sur le retour des morts et qui essaie de résoudre les meurtres qui se déroulent dans la ville. En même temps, son personnage évolue au milieu d’un trio familial très perturbé, entre sa sœur qui fait partie des revenants et n’hésite pas à mettre sa nouvelle condition (résistance physique) à profit dans des scènes très violentes, et son père, le chef de la police qui en attend beaucoup d’elle. Ces différents aspects sont parfaitement imbriqués et contribuent tous à la richesse de l’histoire.
Le second point fort de Revival est l’ambiance générale qui émerge du comic et qui est soulignée par un dessin de qualité. Cette ambiance est bien sentie et très bien retranscrite tout au long de l’histoire. L’auteur parvient à distiller une vraie pression en rappelant régulièrement que le village se trouve sous quarantaine et en en montrant les conséquences sur ses habitants. On retrouve ainsi d’un côté les citoyens de la ville qui, pour la plupart se méfient grandement des revenants qui pourtant se sont fondus discrètement (ou non) dans la population et d’un autre, une foule de curieux qui tente d’entrer dans la ville motivés par une certaine forme d’aliénation. Cette ambiance oppressante est d’ailleurs renforcée par l’étrangeté qui émane des revenants. Alors qu’il est difficile de les différencier des vivants, Tim Seeley glisse régulièrement de petits indices sur la condition réelle des personnages et sème le doute chez le lecteur tout en introduisant du suspens. On se met alors à les craindre, comme la population de la ville, sans vraiment de raison, seuls quelques morts se montrant violents et dérangés mentalement. On est alors comme happé par le côté isolé de la ville et on se prend parfois à penser comme un habitant de Wausau qui se retrouverait coincé dans une telle situation.
La suite de l’histoire est donc pleine de promesse avec des revenants qui se montrent moins innocents qu’il n’y parait, entre vengeance, crise de folie, meurtres qui secouent la tranquillité de Wausau et une quarantaine qui risque de se terminer de manière dramatique face à la pression des curieux.
Seul petit bémol qui tient à la complexité de l’histoire : le nombre assez important de personnages différents et de sous-intrigues. En effet, bien que la construction du récit soit solide, il vous faudra faire attention à ne pas lire ce comic d’un œil distrait auquel cas vous risqueriez d’avoir du mal à vous repérer au milieu de la multiplication des intrigues. A ce titre, la partie du récit liée à l’étrange créature s’avère au final la moins intéressante ; certainement car on ne dispose pas encore de suffisamment d’éléments sur ses origines.
Bien que très différent de ce que l’on aborde habituellement sur MZC, on vous recommande donc chaudement ce nouveau comic. Il est difficile encore de savoir vers quoi l’histoire va s’orienter, si elle va finir par recouper des thématiques d’une œuvre zombie ou rester une œuvre de mort-vivant à part. Quoi qu’il en soit, on attend le second tome pour le vérifier.