Après deux spin-offs plutôt réussis sortis respectivement en juillet 2014 et en juin 2015, nous retrouvons enfin la série principale lancée en 2010 par le duo composé d’Olivier Peru et Sophian Cholet. Intitulé Les Moutons, le quatrième tome de la bande-dessinée Zombies nous projette quelques années dans l’avenir afin de suivre les nouvelles péripéties de nos survivants désormais plus âgés.
Contrairement au tome 3 (Précis de Décomposition) qui poursuivait l’action de son prédécesseur, Les Moutons débute par un bond de trente ans dans l’avenir et nous dévoile un monde encore plus inhospitalier où le silence et la solitude semblent désormais être les nouveaux maîtres mots. Nous suivons un personnage énigmatique qui parcourt des paysages arides qui, grâce au travail de Sophian Cholet, n’ont rien à envier à Mad Max. La planète semble désormais être invivable et la nature, telle que nous la connaissons, devient peu à peu un lointain souvenir. Les rescapés attendent inexorablement que l’humanité se meurt et doivent se contenter du strict minimum pour survivre. À ce titre, j’ai trouvé l’idée très originale et maligne d’opérer une inversion des rôles entre zombies et humains puisque dans Les Moutons, les survivants sont désormais des prédateurs avides de chairs zombifiées, devenues une des rares sources de protéines encore disponibles sur le globe.
Après seulement six pages, nous quittons ce flashforward qui nous avait menés trente ans après les évènements du troisième tome pour retrouver nos anciens héros seulement six ans après. Nous découvrons alors une communauté désormais composée de milliers de personnes tentant de reconstruire une société derrière des remparts. Nous y rejoignons plusieurs personnages croisés lors des tomes précédents et découvrons que les enfants, devenus depuis adolescents, ont pour la plupart adopté une attitude nihiliste et vivent ainsi le moment présent sans espérer un avenir meilleur.
Ce bond narratif est plutôt plaisant et m’a personnellement plus intéressé que celui réalisé lors du tome 22 de Walking Dead. Cependant, faute à ma mémoire défaillante, j’aurais tout de même apprécié un petit trombinoscope en début de numéro afin de ne pas me questionner sur l’identité des protagonistes qui ont physiquement bien changé.
Suite à cette mise à niveau, nous entrons dans le vif du sujet et suivons alors trois aventures distinctes. Grâce à cette découpe narrative, le récit reste dynamique et nous propose ainsi des ambiances et des enjeux bien différents d’une histoire à une autre.
D’un côté, nous accompagnons Clay en Islande alors qu’il travaille sur les perspectives de l’humanité, d’un autre nous escortons une équipe chargée de rencontrer un autre groupe et enfin, nous retrouvons Lily alors qu’elle se démène pour instaurer une démocratie au sein de Boston.
La partie concernant Clay est particulièrement intéressante et instructive car elle nous permet de découvrir une nouvelle menace inéluctable et d’aborder la fin du monde d’un point de vue purement scientifique et théorique. Outre ce sujet passionnant, nous pouvons noter plusieurs allusions aux spin-offs de la série qui viennent ainsi enrichir l’univers créé par Peru et Cholet.
Quant à eux, les passages centrés sur les éclaireurs et le prêcheur sont oppressants à souhait et prouvent, à l’instar de Crossed Valeurs Familiales, que le fanatisme religieux est une source intarissable pour les auteurs de genre.
Je dois en revanche avouer que les premières pages sur Boston ne m’ont pas particulièrement emballé. En effet, les modes de scrutin envisagés, les quelques zombies en vadrouille autour des remparts ou les déboires d’un enfant avec ses camarades de classe ne m’ont guère intrigué. Et pourtant (attention spoiler !), la révélation sur l’identité du petit garçon promet des rebondissements scénaristiques dignes de certaines œuvres de Stephen King ou, dans un autre registre, du personnage de Murphy dans Z Nation. Autant dire que j’attends le tome 5 avec impatience.
Côté pictural, Jean Bastide a rejoint les deux compères et propose des couleurs tantôt froides, tantôt plus agressives qui soulignent avec force certaines vignettes. Quant à lui, Sophian Cholet jongle à merveille avec des décors austères, des scènes d’action haletantes, quelques paysages contemplatifs et surtout des premières cases qui peuvent rappeler les meilleurs plans de Sergio Leone ou, dans un style plus récent, le film Le Livre d’Eli.
Outre ses clins d’œil à des groupes dont je suis particulièrement friand, Cholet prouve une nouvelle fois qu’il est indissociable de la série principale tant ses traits, si caractéristiques, font partie intégrante de l’identité de Zombies.
C’est désormais une habitude, le nouveau tome de Zombies est une véritable merveille. Olivier Peru s’offre même le luxe de renouveler le genre en abordant des perspectives novatrices et un scénario en étau qui nous questionne sur l’identité du survivant dans les premières pages et sur le destin de nos héros. Que ça va être long d’attendre le tome 5…
3 commentaires
Normalement prévu dans la hotte de cocacolaman…
J’aime bien cette série, par contre, je n’ai pas aimé la fin ouverte qui nous oblige à attendre la suite :/ Et ça, je n’aime pas trop, lirais-je la suite ?
Par contre, il faut relire le tome précédent avant d’entamer celui-ci car, moi par exemple, j’avais complètement zappé ce qui s’était passé.
Il me semble qu’il était prévu à la base une trilogie (le tome 0 n’étant qu’un préquel). Le tome 4 serait le début d’une deuxième trilogie, d’après ce que j’ai compris. (le tome 1 se terminait aussi par un cliffhanger insupportable)