Si le quatrième tome de I am a Hero avait été une grande déception, avec un manque flagrant de rythme, autant dire que ce cinquième volume, sorti le 5 octobre dernier, renoue avec ce qui nous plaisait dans la série.
En effet, avec ce nouveau tome l’histoire cesse de stagner et nos deux héros se trouvent enfin un objectif. Après s’être enfui en vélo de la forêt des suicidés, Hideo et Hiromi se retrouvent ainsi au pied du Mont Fuji où des dizaines de personnes tentent de prendre le funiculaire pour se rendre le plus haut possible, où il est dit que l’infection ne se propagerait pas. Mais les choses tournent rapidement mal quand des personnes ayant été mordues se transforment au beau milieu de la foule. C’est la panique et Hideo et Hiromi se voient obligés de s’enfuir de nouveau.
Ainsi, ce tome permet de redonner du rythme à l’histoire et fait bouger les choses. D’une part pour Hideo, car au milieu de toutes ces personnes il se sent à nouveau serein, fondu dans la norme et prêt à se comporter comme la foule, mais doit très vite se dire que s’il veut survivre il doit vraiment devenir le héros de sa propre vie. D’autre part, pour le lecteur lui-même, car la propagation de l’infection au milieu de la foule est décrite avec un timing parfait et une mise en scène incroyable. Kengo Hanazawa s’attache ainsi à retranscrire les discussions de personnages très secondaires, telle une famille discutant du placement de leur grand-père en maison de repos, pour montrer à quel point la société japonaise, bien ancrée dans ses valeurs inamovibles, est inadaptée à une telle situation. Il crée alors une rupture telle entre ce qui arrive et les réactions des personnages que le lecteur a l’impression d’être à la place d’un dieu omniscient sachant tout de chaque personne de la foule mais bien incapable de les prévenir du danger qui les guette. D’un autre côté, Kengo Hanazawa force les traits de l’horreur en mettant en scène des nourrissons infectés des plus monstrueux qui servent de premier vecteur à la propagation de l’épidémie dans la foule. Un des nourrissons s’en prendra même à Hideo et Hiromi dans une course poursuite étonnante.
Ce tome est également l’occasion pour l’auteur d’introduire les premiers aspects de survie ce qui est plutôt bon présage pour la suite. Hideo est certes toujours inadapté à la situation mais on ne peut s’empêcher de voir en lui un survivant en devenir bien que toujours très maladroit.
Enfin une mention spéciale pour le dernier chapitre de ce tome (le 55) dont la mise en scène est également assez exceptionnelle pour un manga. Ce chapitre laisse de côté nos deux héros et s’intéresse à la propagation de l’infection dans tout le Japon. Kengo Hanzawa alterne ainsi entre planche traditionnelles montrant des japonais fuyant les infectés et encarts montrant des commentaires postés sur internet. Le lecteur est ainsi projeté successivement dans l’horreur et la folie collective qui explosent dans la vie réelle et dans le monde sarcastique, cruel, froid et distant d’internet. Ce qui ne laissera personne de marbre tant la tension créée devient palpable.
En fin de compte on ne ressort pas indemne de ce cinquième tome. Kengo Hanazawa s’amuse tout du long avec les sentiments de ses lecteurs avec une aisance impressionnante. De plus, avec un twist vraiment inattendu, on ne peut qu’attendre le tome 6 avec une impatience renouvelée.