Alors que le quatrième tome de la série de romans Les Marcheurs de Carlos Sisi vient de sortir en version originale (Los Caminantes Aeternum), c’est le 5 novembre dernier que nous avons accueilli en France le premier tome grâce aux éditions Panini Books. D’abord paru en Espagne en 2009, ce premier volume a bénéficié d’un beau succès là-bas ainsi qu’à l’étranger. Il était donc grand temps que la France profite à son tour d’une saga qui s’annonce d’ores et déjà prometteuse.
Malaga a été dévastée par une véritable apocalypse zombie. Dans divers endroits de la ville, des civils isolés tentent de survivre tout en se demandant ce qui est en train de se passer. Alors que certains d’entre eux se réunissent en groupes plus ou moins grands, une menace plus terrible que les zombies fait son apparition : le père Isidro traque sans relâche les survivants afin qu’ils soient soumis au jugement dernier.
Nous suivons donc des survivants isolés dont les routes finissent par se rencontrer. Mais si la croisée des chemins des divers protagonistes est plutôt bien amenée, elle est également une des faiblesses majeures du livre. Le premier quart du livre présente ainsi les personnages principaux les uns après les autres, ce qui a pour conséquence de laisse un lecteur sans trame scénaristique évidente à laquelle se raccrocher. Nous suivons donc le quotidien apocalyptique d’étrangers sans but apparent, et cette absence de fil rouge nuit un peu à l’intérêt du récit pendant toute sa première partie
De plus, à force de découvrir trop de personnages successivement, et de n’en suivre vraiment aucun en particulier, il est difficile de ressentir beaucoup d’empathie pour eux. D’autant plus que certains ne font office que de chair à zombie afin de faire avancer l’histoire. Si Moses, Aranda et Antonio sortent un peu du lot, nous terminons la lecture de Les Marcheurs avec un léger gout d’inachevé dans la bouche, tant certains personnages manquent de profondeur.
C’est pourtant loin d’être le cas du père Isidro, star incontestée du livre. Les passages le mettant en scène sont de grandes réussites, présentant le père Isidro comme un véritable cavalier de l’Apocalypse semant mort et désolation sur son chemin. Quand on sait à quel point il est difficile de faire un méchant réussi, nous ne pouvons que saluer le talent de Carlos Sisi qui tient là un personnage original, bien loin des clichés habituels dans les œuvres zombies.
D’ailleurs, Sisi prend soin d’ajouter un maximum de réalisme dans son récit sans pour autant gaver le lecteur d’explications dispensables. À ce titre, l’auteur n’écrit rien au hasard, et des événements pourtant anodins peuvent se révéler avoir de graves conséquences dans Les Marcheurs, pour notre plus grand bonheur.
Enfin, le style de Carlos Sisi est plutôt agréable, et est relativement soigné. Certains passages sont teintés d’une douce mélancolie et de quelques réflexions sur le monde d’avant qui reflètent bien ce que pourraient penser des survivants dans de telles conditions. L’ouvrage est également parsemé de petite références culturelles qui donnent de l’épaisseur à l’histoire de Sisi, et celui-ci n’hésite pas à introduire des thématiques sociétales, telle que l’immigration clandestine en Méditerranée, pour donner vie à son récit.
Finalement ce premier tome de Les Marcheurs reste globalement très satisfaisant. L’histoire, ancrée à Malaga, met du temps à se mettre en place mais, comme dans toute bonne saga, pose des bases suffisamment solides et intéressantes pour que nous ayons envie d’y revenir. De plus, le père Isidro avec ses accès de démences illuminés est un méchant idéal, et rien que pour ça, Les Marcheurs vaut le détour.
2 commentaires
merci bien.
personne ne s’est lancé dans la lecture de ce livre ?