Critique d’Apocalypse Z tome 1
Énorme succès en Espagne et dans les pays où elle a été traduite, la trilogie Apocalypse Z débarque enfin en France. Avec un premier tome sorti en janvier 2014, c’est une fois de plus les éditions Panini Books, à qui nous devons la majorité des livres zombies parus ces dernières années, qui nous régale avec cette saga de Manel Loureiro, un auteur espagnol qui ne manque pas de talent. Avec ce premier tome, Le Début de la Fin, le romancier signe le démarrage flamboyant d’une saga qui s’annonce dantesque.
Ne cherchez pas dans cette critique un résumé précis de l’histoire, car il serait bien dommage de vous priver du plaisir de découvrir les nombreux rebondissements qu’elle contient… En quelques mots tout de même, Apocalypse Z : Le Début de la Fin est l’histoire d’un avocat espagnol veuf et ayant du mal à faire le deuil de sa femme qui, utilisant l’écriture comme thérapie par le biais d’un blog, nous permet de vivre les prémices d’une pandémie zombie. Il va ainsi, accompagné de son chat Lucullus, rapidement devoir affronter une catastrophe qui touche le monde entier, entraînant l’humanité vers une fin qui semble inéluctable.
Le rythme, qui va crescendo, est fluide et bien maîtrisé. L’auteur dissémine très habilement au fil des premiers messages du héros sur son blog des éléments sur la catastrophe qui s’annonce. D’abord anecdotiques, ces informations deviennent capitales quand la situation échappe à tout contrôle. Nous découvrons ainsi que, ce qui semblait un simple rebond de tension entre la Russie et les républiques du Caucase, s’avère, suite à une attaque terroriste sur un laboratoire top secret, les prémices d’un fléau qui va déferler sur le reste du monde, sans contrôle possible. On grappille alors les informations au travers des messages du personnage principal. L’attaque aurait en effet libéré un virus que les autorités, peu importe leurs origines, peinent à contenir.
Manel Loureiro recourt alors habilement au spectre de la manipulation des masses par les médias pour amener une tension croissante à son récit. Nous devinons que les gouvernements cachent à leurs citoyens la gravité de la situation et les nations doivent les unes après les autres faire face à un virus dont nous ne savons rien, à part qu’il propage la mort et un cortège de manifestations civiles très violentes que nous imaginons bien plus inquiétantes qu’il n’y parait.
Dans ces premières pages Manel Loureiro décrit ainsi très efficacement le début du déclin de l’humanité alors que nous commençons à ressentir l’angoisse générale et, déjà investis dans le personnage, nous nous demandons quand le héros va finir par être confronté à ce mal incontrôlable.
Du côté du style, le ton est juste et les mots bien choisis. L’auteur nous livre une écriture simple et découpée en chapitres plus ou moins courts, présentés au début comme les messages du blog de l’avocat. Il poursuit ensuite le récit sous la forme d’un journal intime quand l’électricité tombe en rade, à l’instar des Chroniques de l’Armageddon. Toutefois, à la différence de J.L Bourne, ce format est une réussite à 100% : le héros étant un Monsieur-tout-le-monde, nous nous sentons bien plus proches de lui que d’un marines surentraîné. Ce n’est pas un sur-homme. Il fait des erreurs, prend des initiatives malheureuses, fait des choix bons et mauvais. Le héros est ainsi victime d’une succession de déconvenues amenant des rebondissements bien gérés par l’auteur alors que ce dernier continue à faire croître la tension entre l’impression prégnante de solitude et de fragilité du héros, les conséquences de ses erreurs ou les dangers inhérents à la survie dans une telle situation : chutes, accidents, etc…
Lorsque les zombies débarquent, le roman ne perd pas en qualité et continue à nous prouver le talent de son auteur. Les combats et les scènes d’action sont d’ailleurs très bien rendues et distillés avec une parcimonie aussi efficace que la plume de l’auteur : le personnage principal ne combat pas les zombies à chaque coin de rue ou derrière chaque porte qu’il ouvre et il sort rarement indemne des affrontements. C’est ainsi un vrai plaisir de partager le vécu de la catastrophe du héros et de suivre ses tentatives pour survivre. A ce titre, le récit est assez introspectif et nous partageons régulièrement les doutes et les délires du héros dont la santé mentale flanche de temps en temps. Tout est décrit de manière juste, sans jamais tomber dans le pathétique. Seul le chat Lucullus s’avère un compagnon fidèle dans la première partie du roman, salvateur de la psyché de son maître. Ce choix est parfait et renforce le côté angoissant de la solitude éprouvée par le héros.
Manel Loureiro ne s’encombre d’ailleurs pas d’une multitude de personnages secondaires et de faire-valoir. Seule la fin du roman verra arriver de nouveaux compagnons pour le héros, l’essentiel du récit relevant plus du huis-clos d’un binôme (ou trinôme si on compte Lucullus) pris au piège au milieu d’une marée de morts-vivants.
Une dernière force du récit est son décor européen. Nous nous retrouvons en effet plongés dans une culture qui nous est beaucoup plus familière que celle de nos cousins d’outre-atlantique. Pas de stock d’armes à tous les coins de rue, pas de défilés de chars et de fantassins ou de bombardements atomiques. Nous restons dans le folklore des interventions de l’armée comme nous pourrions l’imaginer en pareilles circonstances. L’armée s’avère rapidement impuissante et dépassée, incapable d’assurer sa mission de protection des civils.
J’ai donc pris en ce début d’année une bonne claque littéraire en découvrant le travail de Manel Loureiro. Mais pas une simple gifle : une vraie. Son style efficace, son écriture agréable, simple et fluide, m’a régalé tout au long des 480 pages du roman. J’ai hâte de pouvoir découvrir la suite en juin prochain, date à laquelle Panini Books prévoit de sortir le deuxième tome intitulé : Les Jours Sombres. Vous pouvez vous jeter les yeux fermés sur ce bijou ibérique, vous ne le regretterez pas.
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16 commentaires pour Critique d’Apocalypse Z tome 1
Répondre à javi Annuler la réponse.
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Acheté, merci, vous m’avez convaincu. Je le commence dès ce soir.
Bravo pour votre site qui fait très pro. Que de chemin parcouru depuis la page wordpress !!!
Merci fredStrasbourg, Tu ne regretteras pas ton achat, foi d’amateur de zombies! Et lire ton commentaire fera plaisir à squeletor qui ne compte plus les heures investies pour faire vivre ce site.
Haaaaa voila qui me donne envie. Il etait sur ma wish list depuis que vous en aviez parlé , ne reste plus qu à l acheter ^^
…J’espère donc que vous viendrez me donner votre avis ici. j’ai hâte de savoir si l’on partage le même avis sur ce début de saga.
J ai dévoré ce chef d oeuvre vous ne n allez pas regretter cet achat , vivement la suite
Je pense que je vais commander la suite en espagnole
J’en suis au début ! Pour le moment, c’est vraiment prenant. Merci pour cette découverte.
sinon, un passage m’a bien fait rire concernant Shanghaï p.56
Je l’ai terminé très rapidement …
Le commencer c’est ne plus le lâcher d’une page …
Un régal de bout en bout. Les descriptions de hordes sont hallucinantes …
On s’y croirait. Vivement la suite.
Je vous le conseille de toute urgence.
@ PoMy : Oui effectivement, la méthode est très…particulière. Le plus effrayant étant qu’on imagine facilement que ça puisse se faire…
@ javi : T’as bien de la chance de pouvoir lire l’espagnol. Je vais être obligé de patienter jusqu’à la traduction…
Débuté ce matin… j’ai fini la partie “blog”… Géant !
On ne peut pas s’arrêter tellement c’est prenant. Je ne compare pas, mais j’avais éprouvé le même plaisir en lisant les tomes 1 de Chroniques de l’armageddon et Virus morningstar… un livre lu très vite car tout simplement excellent.
En espérant que la suite sortira vraiment en juin…. car demain je l’ai fini !
Merci à MZC pour cette découverte
Salut,
Merci pour cette recommandation, je l’ai dévoré en 2 jours.
Ça change vraiment de ce que j’ai pu lire auparavant existe, certainement du au fait que le héros soit M. tout le monde et européen de de surcroit.
J’ai qu’une hâte maintenant livre le second tome, au vue du titre ça risque de ne pas être gai, quand on voit la noirceur du premier tome ça promet.
Ma première trilogie Z fut celle de D.Wellington, qui m’avait vraiment fait tripper aussi, le fait de suivre l’histoire dans la peau des Z est vraiment trop bon
En tout cas merci beaucoup pour cette découverte et longue vie à votre magnifique site.
Zolta.
salut,
commencé hier soir, j’en suis a peu prés a 100 pages et c’est vraiment sympa a lire. Ayant lu il y a peu les 2 tomes d’infection, j’ai commencé celui ci avec appréhension mais je suis vraiment pas déçu. Je l’ai acheté grâce a vos conseils car il ne me tentais pas plus que sa. merci a vous
Merci à tous pour ces commentaires. C’est un réel plaisir de communiquer notre engouement pour la culture zombie, encore plus quand on a des retours comme cela
Un excellent bouquin : je partage entièrement cette critique élogieuse mais mérité
J’en ai profité au passage pour poser un lien vers cette critique depuis le forum que je fréquente, ça fera toujours un peu de pub à myzombieculture ^^
un pur delice 20/20 et pas trop d’attente entre chaque tome en france puisque le 2 sort en juin et le 3 en novembre
Et notre bon Baron Mardi sera au rendez-vous pour vous les critiquer. Perso je vous donne déjà le go pour le second que j’ai adoré. J’ai en revanche moins aimé le dernier