En 2014, l’auto-édition française avait accouché d’une de ces pépites dont elle a le secret. Pandémie L’effondrement débarquait sur la toile et ne tardait pas à se forger une solide réputation grâce à un récit travaillé, réaliste et passionnant.
Enfin un auteur français – Alexandre Lang – un passionné d’aviation, nous offrait un récit digne, et parfois supérieur, des meilleurs romans de zombies étrangers tels que Apocalypse Z, Les Chroniques de l’Armageddon ou World War Z. Ne laissant pas sa place au hasard, il proposait une histoire ô combien réaliste et immersive retraçant les débuts d’une épidémie zombie en France, traitant à la fois de la réaction du gouvernement de notre pays que de celles d’autres nations au travers d’une riche galerie de personnages. Autant donc dire que nous attendions avec impatience le deuxième et dernier tome de la saga Pandémie.
Sorti début juillet sous le titre d’Aube Rouge, ce second volume de Pandémie, toujours un pavé aussi impressionnant, n’a pas mis longtemps à trouver sa place dans ma bibliothèque. Alors, aussi bon que le premier ?
Dans Aube Rouge, nous retrouvons les héros du premier livre, la chercheuse japonaise Kiyo, la militaire américaine Alison et le colonel français Lasalle. Alors que la France ne subsiste plus que dans la ZP, la Zone Propre constituée autour de Bordeaux, les héros sont envoyés en missions avec un seul but : tenter de sauver l’humanité. C’est ainsi que Kiyo et Alison s’envolent pour Lyon afin d’étudier le Fléau d’Attila, la terrible maladie responsable de l’épidémie zombie, tandis que Lasalle et son équipe décollent pour les terres désolées d’une Russie ravagée sur les traces du berceau du Fléau.
Comme le premier tome, Aube Rouge est donc un concentré d’action, de politique et de plongées au coeur des pensées de ces hommes et femmes ravagés par l’apocalypse. Le résultat, également grâce à un découpage des chapitres en courtes parties, est un récit très rythmé où nous suivons avec un intérêt grandissant le développement des différentes intrigues. J’ai ainsi particulièrement apprécié osciller entre les deux missions françaises, ainsi que suivre de temps à autre une mission coréenne en Chine et de faire un tour du côté de la présidence à Bordeaux.
Les péripéties s’enchaînent rapidement et Alexandre Lang semble tout faire pour rendre la tâche toujours plus ardue pour les héros. Ils avaient souffert dans le tome 1. Eh bien, ils n’ont pas fini de subir l’horreur de ce nouveau monde, quelle soit zombie ou humaine, dans Aube Rouge.
À ce titre, si l’auteur jouait déjà avec l’aspect horrifique de l’humanité dans Pandémie L’effondrement, ici le danger que représente l’homme pour l’homme est particulièrement mis en exergue, que ce soit au travers d’un background riche en purges ethniques ou de survivants souvent très dangereux et belliqueux. Cela permet d’instaurer une véritable tension puisqu’on ne sait jamais sur quoi nos héros vont tomber.
Je regrette cependant, comme dans le premier tome où les violeurs pullulaient (le tome 2 démarre plutôt mal sur ce sujet d’ailleurs…), une vision peut-être trop sombre de l’humanité. J’ai par exemple été fort déçu par l’épisode d’Ankara où la rencontre de l’équipe de Lasalle avec des Turcs tourne trop facilement au bain de sang alors que tout avait bien commencé. Mon plus gros reproche concernera cependant la rencontre du groupe d’Alison et de Kiyo avec un groupe de musulmans à Lyon. Pourquoi a-t-il fallu que les seuls survivants que nos héros rencontrent dans la ville s’avèrent être des musulmans visiblement radicalisés et ouvertement violents ? Comme si nous avions besoin de continuer à nourrir cet amalgame fait entre musulmans et terroristes. Je ne dis cependant pas que cela sert un quelconque propos de l’auteur (je ne pense pas), mais j’ai trouvé ce choix fort discutable.
D’ailleurs, pour continuer dans la psychologie humaine, telle qu’elle est abordée dans le roman, j’ai également été assez déçu par une partie de l’intrigue concernant les recherches menées à Lyon. Alors que Lasalle connaît des déboires particulièrement passionnants, j’ai trouvé le personnage d’Angela, une chercheuse un peu folle rescapée de Lyon, très peu crédible et assez grossier. Comment croire que cette femme parvienne à convaincre des chercheurs triés sur le volet du bien fondé de sa vision du Fléau ? J’ai trouvé tout cela un peu trop facile, d’autant qu’au final nous ne saurons rien de ce qui arrive au groupe décidant de la suivre. Heureusement, d’autres seconds couteaux, comme Céto, que nous retrouvons aux côtés d’Alison et Kiyo, apportent davantage d’intérêt à cette partie.
Derniers défauts, car il faut bien en trouver dans un aussi bon livre : d’abord, le côté un peu trop technique des éléments concernant l’aviation. On sent que l’auteur se fait plaisir en listant les modèles d’avions que nos héros croisent, mais j’ai souvent eu l’impression que connaître le modèle exacte, savoir avec quel moteur il tournait (etc) n’était pas vraiment utile pour l’histoire. Enfin, la présence d’un certain nombre d’erreurs et une utilisation étrange du “tiret du 6” au lieu du tiret cadratin pour les dialogues. Mais, cela ne sont que des détails dans une auto-édition de très grande qualité d’autant que l’auteur m’a confié être en train de réaliser une nouvelle relecture de l’ouvrage et que son style n’a rien à envier à nombre d’auteurs publiés dans le circuit traditionnel.
En fin de compte, malgré les quelques réserves que j’ai mises en avant, ce tome 2 de Pandémie est une vraie réussite et un roman fort prenant. Nous avions dit que le plus gros défaut du tome 1 était son prix prohibitif. Eh bien, à présent que chacun des deux tomes est disponible pour un peu plus de 5 euros en numérique, autant dire que vous n’avez plus aucune raison de passer à côté. Merci Alexandre Lang pour ce grand moment de littérature zombie française.
Le livre sur Amazon.
13 commentaires
J’avais beaucoup aimé le 1er et le second est de même qualité.
Le petit “défaut” que j’aurais a pointé, c’est la fin qui me semble un peu précipitée, mais rien de vraiment gênant.
Assez ok avec ta vision de la “brique” , juste un léger bémol sur ton avis avec la rencontre des musulmans a Lyon ,il est bon de préciser que lors de l’écriture de ce second tome les évènements malheureux et surtout douloureux que nous avons connus n’étaient pas encore survenus ,mais comme toi , je suis devenu un “inconditionnel”du style “Lang” !
Pourvu qu’il ne s’arrète pas en si bon chemin et nous offre a l’avenir de tels romans qualitatifs et quantitatifs !!
Bien à toi .
Bon, je sais maintenant quoi lire après ” Creuse la mort”! Je cherchais à me refaire une saga Zombie d’autant plus!
Slt Full ,
Peux-tu m’en dire plus (auteur!) sur le “creuse la mort ” dont tu parles ?!!
Merci d’avance
Ahah Creuse la Mort est mon second roman qui sort prochainement : http://www.paul-clement.com/
Je viens de refermer la dernière page de ce roman vraiment très volumineux, et quel roman !
Permettez moi de préciser ceci quant à cette critique qui insiste lourdement sur un amalgame Musulmans et terroristes : Nous n’avons pas dû lire le même roman ; -)
Où donc avez vous lu qu’il s’agissait de terroristes ?
Ils vivent coupés du monde, et dans un contexte apocalyptique je ne vois pas en quoi cela ferait d’eux des terroristes.
D’après moi ce n’est pas l’auteur qui fait un amalgame, mais plutôt cette critique.
Pour le personnage d’Angela, elle est déjantée c’est clair. Ce n’est pas mon personnage préféré. Toutefois, l’auteur nous rappelle avec sagesse que l’Histoire est parsemée de gens déjantés qui ont eu une influence sur des foules entières, bien avant leur élection. Ne soyons pas naïfs.
Moi je dis chapeau à l’auteur, car c’est pas un tome écrit avec brio, mais 2 particulièrement bien renseignés.
Merci à ce fabuleux auteur, en espérant qu’il écrira encore et encore.
Une lectrice
Permets-moi de répondre quant à ce commentaire, mais nous n’avons pas dû lire la même critique…
Dire que j’insiste lourdement sur un point alors que je ne fais que le mentionner en 5 lignes (parmi beaucoup d’autres), cela me semble un peu exagéré d’autant que je ne dis à aucun moment que les personnages du roman sont des terroristes. Par contre, le roman ne laisse aucun doute sur le fait que ces musulmans rencontrés à Lyon aient finalement fait le choix d’un Islam radicalisé comme mode de vie/survie (l’auteur dit même que l’appartement évoque aux personnages la fouille d’une planque djihadiste…). Ce qui m’a dérangé c’est de voir ces personnages aussitôt agresser les héros (pourquoi doivent-ils être directement belliqueux ?), tout de suite affirmer qu’ils vivent au nom d’Allah (pourquoi doivent-ils considérer les autres comme des chiens de mécréants ?) et que, comme par hasard, ils aient leur AK-47 dans un coin (oui parce que si t’es musulman tu trouves des AK-47 tous les 3m…).
Désolé, mais montrer comme seuls survivants de Lyon des musulmans radicalisés et armés, contribue pour moi à cet amalgame… Je veux bien croire qu’en cas d’apo zombie, il y ait une tendance à retomber dans une forme de fondamentalisme excessif, qu’elle puisse même aider d’une certaine façon à survivre, mais je trouve ça dommage que ce soit l’unique image du survivant qui nous soit donnée à Lyon… Ça m’a dérangé et j’ai le droit de faire part de cette gêne et déception, même si l’auteur m’a envoyé un mail pour m’expliquer où il voulait en venir. N’empêche que ce passage m’a déplu… D’ailleurs, je n’ai pas dit que l’auteur faisait l’amalgame, ce n’est pas le cas, mais quelque part il l’entretient en continuant à asseoir dans l’imaginaire collectif cette image du musulman qui n’attend qu’une chose : retomber dans un radicalisme violent et non tolérant.
Je ne savais pas que vous étiez vous même auteur, et je suis surprise d’apprendre que vous écrivez des critiques sur des auteurs concurrents. Je comprends mieux.
J’oubliais de préciser, énorme coup de coeur pour la couverture qui n’est pas étrangère au choix de Pandémie. 2 couvertures qui changent de tous ces nanars sanguinolents.
Il y aurait tellement de choses à répondre à un commentaire aussi affligeant, mais je vais me restreindre :
1 – Être auteur ne signifie pas qu’on n’a pas le droit d’avoir un avis sur ce qu’écrivent les autres. Au contraire d’ailleurs, vu que l’on sait ce qu’écrire peut demander de temps, de motivation etc. Je serai d’ailleurs toujours impressionné par la qualité du travail d’Alexandre tant en terme de recherche, de constance dans le style que de quantité (qualitative !).
2 – Penser que les auteurs se font de la concurrence (surtout dans notre genre où l’offre n’est pas si énorme) prouve une vision terriblement limitée… C’est vrai que les gens achètent des livres comme des voitures, toutes les x années… c’est pas comme si ils pouvaient lire plusieurs livres dans leur vie…
3 – Tu sembles prétendre que je me comporte comme un “concurrent” déloyal en critiquant l’œuvre d’Alexandre. Est-ce une plaisanterie quand on sait que c’est lui qui m’a envoyé le livre dédicacé et que j’en dis que les gens n’ont “aucune raison de passer à côté” (tu n’as décidément pas lu la critique……) et que j’ai même posté un commentaire 5 étoiles sur Amazon ? Vraiment, t’es sérieuse ?
Bref, je suis affligé de voir que quelqu’un, sous prétexte que j’ai identifié des défauts à un livre que j’ai par ailleurs adoré, vienne questionner ma moralité et tenir des propos aussi insensés sur mon propre site…
Monsieur, ce qui est affligeant, c’est de constater à quel point vous cherchez à polémiquer sur les Musulmans que vous réduisez à ce seul passage du livre.
Moi j’ai trouvé qu’il y avait de nombreux autres passages qui au contraire montrent des aspects très attachants des Musulmans (amitié et accueil extraordinaire de Musulmans dans la yourte, etc). C’est d’ailleurs un des moments les plus émouvants du roman.
Et elle continue… La polémique c’est toi qui l’a lancée avec ton premier commentaire, posté sans avoir pris le temps de comprendre les propos de ma critique. Je ne cherche nullement la polémique, je réponds simplement en expliquant davantage mon opinion, mon ressenti. Quand je vois ce que tu oses dire et répondre, c’est aberrant…
Je n’ai jamais dit qu’Alexandre Lang réduisait les musulmans à une quelconque image (positive ou négative). Effectivement, il y a de tout comme l’action désintéressée de la famille Kazakhe que Lasalle rencontre (passage de la yourte). Ce que je regrette c’est que parmi les rares survivants français que nous rencontrons dans ce tome, il y ait cette image du musulman FRANÇAIS (j’insiste sur la nationalité…). Bref, j’en ai marre de me justifier face à quelqu’un qui voit tout de travers. Ma critique est simple : je n’approuve pas le choix fait de nous présenter, dans la courte galerie de survivants français que nous rencontrons, des musulmans français radicalisés et qui semblent avoir un accès si facile aux armes. Il y avait selon moi mieux à faire, d’autant que ce passage n’apporte pas grand chose au regard de la richesse de tout le reste. Je le trouve malvenu, c’est tout. Point final.
Un bon tome 2 qui ravira les amateurs du genre. A noter toutefois quelques erreurs ou approximations de géographie (j’habite à lyon donc ça m’a fait sourciller) et de style (répétitions, “pallier à”…) qui auraient facilement pu être évitées (mais je peux me tromper). Le tarif de l’édition numérique est effectivement très intéressant. Pas de polémique pour moi ; l’auteur a su mettre en balance les communautarismes/fanatismes exacerbés de quelques individus d’un côté et l’esprit d’accueil et de tolérance d’autres groupes.
Suite à des demandes de fans, M. Lang à annoncé sur son blog qu’il pourrait faire une courte nouvelle avec des nouvelles indépendantes des romans et proposé à ses lecteurs qu’ils déposent un scénario pour l’une d’entre elles. Mais elle ne sortira pas avant un moment.