Vous l’avez voulu ! Le choix des lecteurs N°2 : L’armée des morts

L'armée des morts Banniere critique

Deuxième épisode de notre nouveau rendez-vous hebdomadaire (oú c’est vous qui proposez en commentaires le film que nous critiquons) avec cette fois-ci L’armée des morts suggéré par Loïc C. L. sur Facebook. Alors qu’il vient de fêter ses 10 ans, il est grand temps de voir si le film de Zack Snyder tient la comparaison avec son aîné de 1978.

Pour un premier long-métrage et pour un film de zombies, Snyder disposait étonnamment d’un budget plutôt conséquent. Avec 28 millions de dollars en poche, il s’est ainsi assuré la signature de quelques acteurs déjà connus sans pour autant être bankables tels que Ving Rhames (Day of the Dead 2008 et Zombie Apocalypse), mais également les caméos de quelques figures bien connues des fans de zombies avec les apparitions successives de Tom Savini et de deux acteurs du film original Scott Reiniger et Ken Foree. Fort d’une crédibilité grandissante, L’armée des morts est donc sorti le 19 mars 2004 après avoir été projeté hors compétition au festival de Cannes. Il engrangera plus de 102 000 000 de dollars.

L'armée des morts 1

Le pitch du film est simple : à la suite d’une épidémie dévastatrice qui réanime les morts, un petit groupe de survivants trouve refuge dans un centre commercial. Ils y rencontrent d’autres rescapés et tentent d’organiser leur survie ensemble.
A ce titre, tout comme dans Zombie et, plus généralement dans l’oeuvre de Romero, les causes du fléau ne sont jamais expliquées et c’est tant mieux ! En revanche, là où l’histoire de L’armée des morts diffère de celle de Zombie est que les survivants sont composés de personnages terriblement clichés. Nous retrouvons pêle-mêle l’adolescente un peu niaise qui risque sa vie pour sauver son chien, le flic bourru qui n’a peur de rien, l’agent de sécurité redneck débile, etc.

Cependant, la grosse différence est que là où Romero attaquait la pensée conservatrice américaine des années 70, Snyder se contente d’un simple clin d’œil qui, même s’il n’apporte rien à l’histoire, contribue à l’ambiance du film. Par exemple, il est sympa de voir l’évangéliste (Peter dans le film original !) pointer du doigt les dérives de la société et, dans un hommage appuyé au film original, conclure que lorsqu’il n’y a plus de place en enfer, les morts reviennent sur terre. Plusieurs passages de L’armée des morts font ainsi référence à certains moments emblématiques du film de Romero mais ne s’inscrivent jamais dans la dimension critique de l’œuvre originale qui condamnait fermement la consommation de masse et questionnait notamment la place de l’individu.

Fort de ces différences, le film avait ainsi reçu un très mauvais accueil de certains fans de la première heure. Mais pire encore, avec ses zombies capables de courir à une allure phénoménale, contrairement à leurs aînés de chez Romero (du jamais vu depuis L’avion de l’apocalypse), il avait fait scandale et remis en question l’archétype du zombie.

L'armée des Morts 2

Mais soyons clairs : à aucun moment L’armée des morts n’a la prétention d’aborder les thèmes de fond de Zombie, ni de faire un copier-coller. L’armée des morts fait ce qu’il sait faire de mieux : nous servir une apocalypse Z avec du gore, un petit groupe de survivants qui s’entend difficilement et une dose énorme de fun avec ses zombies qui cavalent ! Que l’on aime ou que l’on déteste, Snyder maîtrise son sujet, et son passé dans la pub insuffle une énergie complètement débridée au film qui ressemble parfois à un clip. Le spectateur se rend ainsi rapidement compte que ce qu’il a devant lui est un film de survie et d’action pur et dur à la réalisation léchée même si perfectible. Force est de reconnaître que, si L’armée des morts ne change pas la donne, il dépoussière le film de zombies en lui insufflant une vie dont les morts-vivants manquaient cruellement. De quoi nous faire regretter que la suite annoncée n’ait jamais eu lieu !

Pour conclure, plus qu’un remake, L’armée des morts est un excellent reboot, une réelle débauche d’énergie jubilatoire dans un genre où les mauvais films sont légions. Certes, avec ses zombies qui courent, son abus des ralentis, son scénario qui tient sur un timbre-poste, le film continuera à avoir de nombreux détracteurs mais qu’importe : ça reste un pied énorme.

L'armée des morts 3

Et pour la semaine prochaine, vous proposez quoi ? Lâchez-vous en commentaires.

Vous avez vu L’armée des morts ? Alors n’oubliez pas de l’ajouter votre collection zombie et de le noter !

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11 commentaires

  1. Sei dit :

    10 ans déjà…
    Les zombies cavalant sans s’essouffler je crois que c’est ce qui à l’époque, tout jeune lycéenne m’avait légèrement traumatisé et un peu révolté intérieurement car les zombies pour faire clicher ça traine la patte sans relâche avec l’objectif premier de te dévorer. Alors les voir courir en masse donnait un certain renouveau au genre (enfin que ça reste crédible pas comme un blockbuster récent WWZ).

  2. icare dit :

    L’armée des morts c’est aussi une des 30 premières minutes les plus marquantes du cinéma d’horreur. Ce qui frappe l’imagination est aussi ce qui se trouve hors champ de l’action principale. On mourait d’envie par exemple de connaître le sort des habitants que croise fugitivement dans sa fuite l’héroïne. Le reste est à l’avenant avec des situations et des personnages globalement plutôt réussis.

  3. umby-24 dit :

    Un vrai regal ce film.
    Seul point noir : les zacs qui courent le 100m.
    Dommage sinon tout le reste est top.

  4. Christophe B. dit :

    Je veux la critique d’UNDEAD !

  5. Niam dit :

    Critique un peu facile qui passe à coté du principal. Comme l’a mentionné Icare, parler de ce film sans aborder son introduction totalement dingue est un impaire. Perso j’ai jamais aussi bien ressenti une apocalypse Z que dans ce chaos des 10 premières minutes. Le lotissement qui vire au cauchemar, la fuite en avant, des trucs qui pètent à droite à gauche, bref un chaos parfaitement orchestré. Peu de films de zombies (aucun ?) ont réussi ce genre d’exploit.

    Autre point novateur à l’époque, et qui reste encore aujourd’hui peu exploité, le film propose une fin explicitement (bien que caché après le générique) défaitiste avec les good guys qui errent sur leur bateau.

    Enfin, il aurait été intéressant d’aller au delà du “ce film ne propose pas de critique sociale”. Les pseudo critiques sociales de Romero sont convenues. Elles font figure de “sens profond” mais bon, la critique sociale de Zombie c’est quand même pas du haut niveau. Critiquer la société de consommation en 1978 c’est pas bien original, ni très courageux. Il est dans l’air du temps, à la rigueur. Du coup, on passe du temps à se masturber sur la profondeur des films de Romero car les ficelles sont visibles à des kilomètres, il est pourtant tout aussi possible de trouver des reflets d’une époque dans le remake (comme tout film au final). Le remake n’est il pas l’image des 90’s ? La crise, l’individualisme, la superficialité, et personne ne gagne à la fin.

    1. icare dit :

      Osons le dire : Romero s’est perdu dans le symbolisme à outrance, cela afin de plaire j’imagine à une certaine critique branchée (orientée plutôt à gauche). Rappelons que Libération lui a consacré sa Une à l’occasion de la sortie de Land of the Dead en 2005. Là ou Zombie était un petit miracle d’équilibre entre critique sociale et réalisme de film d’action (sublimé par le montage d’Argento), où chacun en quelque sorte pouvait voir midi à sa porte, son come back tardif à coïncidé avec la mise en avant d’un message extrêmement lourd – très contemporain (*) – sur fond de dénonciation des inégalités et de valorisation de la lutte des classes.
      Au contraire, L’armée des Morts mise sur l’hyper réalisme. C’est à la fois son atout et sa limite (relative si on relève comme vous l’illustration de la crise, de l’individualisme, de la superficialité, Etc.). En tout les cas L’armée des Morts est très nettement supérieur à mes yeux qu’un Territoires des Morts.

      (*) Citons Elyséum, Snowpiercer, Hunger Games, Etc.

      1. Niam dit :

        Je sais pas si c’est vraiment à cause de Romero. J’ai l’impression que le bonhomme est sa première victime. Land of the dead est une commande studio et il a affirmé ne plus jamais vouloir faire un film avec un tel budget. En fait Romero est enfermé dans les zombies et c’est son drame.
        Après, faut pas oublier que NOTLD a fait l’objet d’un spot de la revue du cinema à l’époque qui a transformé un film de drive in en un essai politique sur la société américaine post apartheid (fap fap fap).

    2. Calico J4ck dit :

      Je ne suis pas d’accord sur le côté ‘essentiel’ du film : on ne peut pas résumer L’armée des morts à sa scène d’intro, aussi réussie soit-elle (la bande-annonce de WWZ est plutôt chouette, ça n’empêche pas le film d’être une bouse). Ça rentre dans la case esthétique/vision de l’apocalypse Z que j’aborde succinctement dans le dernier paragraphe. Le film est une adaptation de Zombie, la comparaison entre les deux est inévitable qu’on aime l’aspect critique de l’original ou pas. Impossible de faire l’impasse.

      Ce qui nous amène à l’aspect ‘critique de fond’. Comme expliqué dans le dernier paragraphe : c’est faire un faux-procès à L’armée des morts de dire qu’il manque de fond, puisqu’à aucun moment il n’essaie de faire passer un message, ce que l’original essaie clairement de faire, tu as raison sur ce point. Mais puisqu’on aborde le sujet, attention à ne pas sur-intellectualiser le reboot. Le film de Snyder est un film hommage avec de gros moyens et y voir une critique comme celle que tu suggères est exagéré. Il ne faut pas oublier qu’avant de réaliser ce film, Snyder essayait de nous vendre des grosses berlines allemandes à la télé. Et quand on jette un coup d’œil à sa filmographie, niveau idées originales le gars est proche du néant (et quand idées il y a, c’est d’un niveau très douteux). Il sait faire de bien jolis films, mais ne demandera pas au spectateur de réfléchir.

      Enfin, Je ne suis pas vraiment d’accord non plus sur la fin du film, qui reste ouverte même si pessimiste. Elle laisse la place à une suite et n’est pas vraiment bouleversante d’originalité.

      1. Niam dit :

        Pas essentiel dans le film mais plutôt essentiel dans sa portée, son héritage. Si y a bien un truc qu’on retient de ce film c’est son intro.

        Ensuite je pense qu’on sur-intellactualise largement les films de Romero pour ensuite classer tous les autres dans des no-brainers. Je voulais te montrer par mon commentaire qu’on pouvait se masturber autant sur des idées en filigrane du remake. On pourrait le faire autant sur Transporteur 3 (ouais bon pas facile).

        La fin me parait clairement explicite dans le fait qu’ils n’ont strictement aucune chance de s’en sortir. Leur bateau n’a plus d’essence (ou le moteur crame je sais plus), ils semblent en rade de bouffe et ils ont une ile entiére au cul une fois un pied posé sur le ponton. Je l’ai pas ressenti comme un “to be continued” mais plutot en un pied de nez au happy end d’avant générique.

  6. Umby24 dit :

    Je suis d’accord avec Niam, la critique de la société, ça va bien 5 min.

    La principale motivation d’un film de Z, c’est bien de faire une aventure avec des péripéties et du gore.
    Après certains y rajoutent forcément leur avis perso en créant le scénar. Dans 28 jours plus tard, les soldats passent pour d’odieux fascistes par ex et dans 28 semaines plus tard on pourrait accuser les grandes corpo de vouloir refaire du business rapidement après la catastrophe.

  7. Cheesecake dit :

    C’est le film qui m’a fait replongé dans l’univers apocalyptique… Un film tout simplement génial pour moi et m’a permis de découvrir moults choses (walking dead entre autres), des forums, des sites… qui m’ont encore emmené vers d’autres découvertes (World war Z, le livre, La route, morningstar et dernièrement le génialissime Apocalypse Z).

    J’aurais bien voulu voir la pseudo suite produite par Snyder… j’adore ce qu’il fait ce gars (même sucker punch :) )

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