En novembre dernier, l’aventure Crossed +100, les comics se déroulant 100 ans après l’arrivée des Marqués de la célèbre franchise Crossed, prenait fin en France avec la parution du troisième et dernier volume. Toujours signé Simon Spurrier au scénario, cet ultime volume avait la lourde tâche de conclure une histoire initiée par Alan Moore.
Dans ce tome 3, nous retrouvons Futur Taylor, l’archiviste héroïne des premiers volumes, 5 ans après les événements du deuxième livre. Emmenés par Bailey, les survivants ont depuis mené la contre-attaque et reconquis les camps qui étaient tombés sous la menace des Marqués. Ils pensent que tout est fini, mais, dans l’ombre, certains marqués, suivant les directives du tueur en série Sel Beauregard, continuent leurs manigances. Pendant ce temps, harassée par la guerre, Futur mène une double vie, élevant en secret une enfant contaminée.
Pour être tout à fait honnête, j’ai eu assez de mal à me remettre dans l’histoire tant ma lecture des précédents tomes était assez lointaine. Heureusement, après quelques pages, j’ai enfin pu me plonger dans cette histoire, de loin la plus ambitieuse de celles que j’ai pu lire dans l’univers Crossed. Malheureusement, c’est avec un sentiment assez étrange et perturbant que j’ai achevé ma lecture. Je m’explique.
En effet, à mesure que l’histoire empilait les infos (la double vie de Futur, les flashback sur les Marqués, les différentes communautés) et que la conclusion approchait, j’ai eu de plus en plus de mal à réellement cerner le but du récit et à y voir clair. Je lisais donc sans me sentir réellement impliqué, en simple spectateur, sans vraiment chercher à comprendre. Il m’a alors fallu attendre la toute fin, et les dernières pages, pour réellement réaliser ce que j’avais manqué et apprécier la richesse globale de l’intrigue. Reste que le sentiment qui demeure est celui de ne pas avoir eu le droit d’en profiter, la faute à cette idée stupide d’avoir donné leur propre dialecte incompréhensible aux personnages. Car, page après page, et la lassitude s’installant rapidement, j’étais davantage accaparé par le décryptage des dialogues que par l’intrigue.
Du coup, force est de constater que cette saga de Crossed, à la différence notamment des histoires courtes de Terres Maudites, est une lecture qui demande beaucoup trop d’efforts de la part du lecteur. Car, oui c’est prise de tête. Pour moi, l’intrigue était déjà suffisamment riche pour ne pas avoir besoin de la rendre aussi confuse avec ce langage pénible qui n’apporte rien au récit. Car, sans cela et avec une lecture continue des trois tomes, Crossed +100 apparaîtrait vraisemblablement comme l’aboutissement pertinent et réussi de cette franchise aux dizaines d’histoires. Un très gros “dommage” donc d’autant que le final est particulièrement réussi.
Un mot sur le dessin également. Comme dans le tome 2, j’ai trouvé le trait d’Ortiz (première moitié) bien inférieur à celui de Tunica (dernière moitié) avec notamment des visages assez hideux. Reste que cela ne m’aura pas empêché d’essayer d’entrer dans l’histoire comme pour le volume 2.
En fin de compte, Crossed +100 aurait pu être une saga particulièrement réussie de la franchise si Alan Moore n’avait pas fait le choix d’introduire ce langage propre aux personnages. Le lecteur ne faisant pas d’effort pour passer outre aura en effet l’impression de lire du japonais et pourra difficilement suivre un scénario pourtant très malin, tandis que celui faisant preuve de ténacité verra rapidement une vraie lassitude s’installer et aura du mal à réellement apprécier ce qu’il aura décrypté. Une bonne histoire, des idées intéressantes et complexes, finalement gâchées par un seul choix… À réserver donc aux fans inconditionnels de Crossed qui ont envie de se prendre la tête. Ça en vaut la peine, à condition de le vouloir.
1 commentaire
j aime , j adore CROSSED et comme j aime me prendre la tete c est fait pour moi 😉