Comme nous vous l’avions annoncé, c’est avec une certaine fébrilité que nous attendions de pouvoir user nos pouces en massacrant les zombies de Yaiba : Ninja Gaiden Z, le dernier jeu sorti des écuries de Tecmo Koei. Après quelques nuits blanches et deux greffes de pouces, je peux sans rougir vous dire que le BTS boucher-charcutier de viande avariée version Ninja Gaiden, c’est pas gagné…
On reconnaît un bon boucher à la qualité de ses outils (vieux proverbe ukrainien)
Autant vous le dire, je ne suis pas un hardcore gamer et encore moins un expert de la saga Ninja Gaiden. Mais j’ai pris un plaisir certain à découvrir cet univers, en partie aidé par le mini-comic qui accompagne l’édition spéciale du jeu édité par Koch Media.
Pour rappel, dans cet épisode de la saga, nous incarnons Yaiba, ninja badass revenu d’entre les morts en version 2.0 (c’est un ninja cybernétisé) pour se venger de son ennemi juré, le beau et fringant Ryu. Il est accompagné dans cette quête par son sabre brisé (le dénommé “Heartless”), ses poings et un fléau ; sans compter sur une soif de sang qui le submerge régulièrement.
L’action du jeu se déroule ainsi en Europe de l’Est où Yaiba se réveille mi-ninja, mi-blender. Notre héros doit alors combattre des zombies qui sont apparus bizarrement peu de temps avant sa résurrection alors que ses bienfaiteurs-réanimateurs, Forge Industries, lui demandent un coup de main pour mettre un coup d’arrêt à cette épidémie.
Le rouge sang lui va si bien…
Bien que ne connaissant pas vraiment les personnages et le background de la saga, il ne m’a pas fallu longtemps pour convenir avec l’autre part de moi même (celle qui est assoiffée de sang) que les gars de Spark Unlimited, Team Ninja et Comcept étaient certainement délirants ou sous l’emprise de drogues lorsqu’ils ont développé Y:NGZ.
En effet, l’aspect comic rendu possible par le cel-shading est de toute beauté et la composante visuelle de Y:NGZ nous saute aux yeux dès les premières minutes. Ça et environ un millier de litres de sang virtuel. Oui. Parce que dans “identité visuelle”, il y a “i” comme “i-moglobine” et cet aspect là est particulièrement bien intégré. Ce n’est pas un secret, quand nous parlons de nos amis putréfiés, il y a toujours un peu de sang sec et coagulé dans les coins. Eh bien là, il y en a partout. D’ailleurs cette abondance, cette débauche même, se retrouve aussi dans la pléthore de zombies que nous rencontrons en parcourant les différents niveaux du jeu.
“Y’en a un peu plus d’un kilo, ma p’tite dame, je vous le laisse ? ” (vieille astuce de mon boucher pour vendre un peu plus)
Je ne vais pas ici dresser la liste des différents zombies du jeu mais j’ai réellement apprécié, en plus de découvrir tous ces charmants types de zachs, le point d’honneur des développeurs de donner une explication, même courte, à leur existence. L’effort est à signaler, tous les développeurs ne se donnant pas autant de peine pour élaborer ne serait-ce que trois lignes de background pour leurs monstres.
Nous apprenons ainsi qu’une fasciite nécrosante et un cervelet dégradé sont les éléments qui composent la “base” du zombie, celui ci se déclinant en moultes versions, dont certaines très étonnantes : ma préférée étant les clowns “morts de rire”. Ne cherchez pas une quelconque vraisemblance car hormis le zombie de base, tous les autres types sont sortis des cerveaux malades des développeurs.
Tous ont ainsi leur particularité ; certains par exemple produisent de l’électricité tandis que d’autres crachent du vomi toxique etc. J’ai ainsi été très amusé de découvrir ces différents zombies et la recherche de l’arme la plus efficace contre eux était à chaque fois un plaisir. A la fin de chaque mission, j’hésitais toujours à recommencer le niveau pour tester la multitude de coups possibles, basés sur des combos tous mortels.
Je n’ai en fait jamais cédé à cette envie, bien trop désireux de faire progresser mon personnage dans un autre niveau. Car oui, Yaiba s’améliore après chaque mission grâce à des points cumulés. Nous le faisons ainsi progresser de façon classique, en choisissant d’investir des points dans différentes branches de compétences : ici nous développons les attaques basées sur le fléau, là nous investissons des points dans les attaques à l’épée, etc. Vous pigez le principe : il est éculé.
Sur la route de l’abattoir
Les niveaux, ou missions, puisque nous en parlons, se déroulent en une succession de cinématiques, de phases de combats et de plate-forme avec parfois des énigmes basiques à résoudre pour avancer…. Bref, du vu et du revu tout comme le système de compétences.
Le point fort de Y:NGZ, reste malgré tout son rythme. J’avais l’impression de voir les niveaux tous droit sortis d’un délire jubilatoire et orgasmique de Tom Savini sous acide. Je ne connais pas le type intimement, et je ne sais pas s’il a une appétence pour les substances psychoactives mais j’ai toujours trouvé qu’il avait un côté fou. Et j’ai retrouvé cette sensation dans Y:NGZ. On nage ici en pleine folie,.
Cela en rebutera certains, mais moi j’en ai volontiers repris une part. Entre le nombre impressionnant de combos (relativement accessibles au joueur lambda que je suis) et la possibilité de “finir” les ennemis pour remplir la jauge de “soif de sang”, j’ai réellement pris mon pied. C’est bête, c’est pas cérébral pour un sou mais c’est un excellent défouloir vidéo-ludique.
Je ne peux d’ailleurs pas non plus passer à côté de l’humour potache et machiste (la cinématique du magasin de dessous féminins en est l’exemple même), ni à côté des jeux de mots débiles, des situations cocasses voire drôles auxquelles nous pouvons goûter tout au long du jeu. C’est d’un niveau à la limite de l’acceptable mais j’ai toujours eu la commissure des lèvres qui s’est retroussée un minimum.
“Pour votre santé, butez équilibré”
Toutefois, ce jeu m’a parfois épuisé : pouces en compote, yeux rougis par l’exposition à une palette de couleurs psychédéliques, et je ne vous parle pas de ma façon de m’exprimer comme un ninja en plein effort après quelques heures à m’imprégner de l’ambiance. J’ai encore des collègues qui se détournent pour ne pas me croiser le matin après une soirée test de Y:NGZ…
Plus sérieusement, malgré la richesse amenée par le nombre de zombies différents, macchabées tous plus fantasques les uns que les autres, le jeu est tout de même sacrément répétitif. J’ai d‘ailleurs régulièrement fait des pauses pour éviter de me lasser devant le côté stakhanoviste de l’abattage de nos amis faisandés.
De même, crispé sur ma manette, j’avais parfois du mal à distinguer Yaiba sur l’écran et recommencer un niveau car votre personnage est perdu au milieu d’un flot d’ennemis tous différents : il n’y a rien de plus frustrant. De plus certains mouvements de caméra n’étaient pas là pour aider, ils auraient effectivement nécessité un travail un peu plus poussé de la part des développeurs.
Yaiba Ninja Gaiden Z est donc assez loin d’être aussi immersif qu’un The Walking Dead de chez Telltale mais en endossant le rôle de Yaiba nous prenons malgré tout part à une aventure récréative, fraîche et folle. Je n’avais pas dézingué du zach avec autant d’entrain et de jouissance depuis un moment. J’ai d’ailleurs déniché un vieux dicton qui s’applique ici :
“Ami rat de bibliothèque féru de zombies classiques, passe ton chemin pour ton propre bien ; ami boucher-charcutier sadique, saute sur ce jeu, tu auras la tr…”.