The Last Survivors, Saison 2 – Épisode 31 et Épilogue

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Épisode 31 – Une fin inattendue

Henry ouvrit les yeux avec la désagréable sensation d’avoir le visage en feu. Son cœur battait fort. Il tenta de se redresser mais n’y parvint pas. La douleur était tellement intense qu’elle l’avait cloué sur place, le forçant à rester allongé dans le cabanon, le visage en sang. Les coups que lui avait portés Salomon l’avaient mis chaos. L’homme s’était acharné sur lui sans retenue aucune, avec la crosse de son fusil, et l’avait abandonné là avant de s’enfuir avec Raïna, la jeune femme au béret vert.

Le regard perdu dans le vide, Henry se traîna difficilement jusqu’au mur de la petite cabane. Il s’aida d’une des étagères pour se redresser et réussit tant bien que mal à s’asseoir. Le cœur haletant, il prit une grande inspiration puis expira en toussant douloureusement. Il se couvrit la bouche et ses poumons expulsèrent violemment une substance verdâtre. Il avait l’impression de mourir, il avait la sensation de recracher toutes les mauvaises actions qu’il avait commises ces deux dernières années. Épuisé, à bout de souffle, il se laissa glisser au sol et se recroquevilla sans parvenir à maîtriser sa toux. Alors qu’il sentait ses yeux se fermer, il expulsa un crachat sanguinolent. Sa main maculée de sang rougeâtre, il savait qu’il allait s’évanouir. Il se tournait instinctivement vers la porte du cabanon, pensant sortir dans un dernier élan de lucidité, quand elle s’ouvrit brusquement. Henry aperçut une silhouette. Il leva lentement les yeux et la reconnut immédiatement. Un sourire se dessina alors sur son visage et il perdit connaissance.

***

—    Raïna ! hurla Andrew, le chef du groupe armé.

Ses hommes tiraient sur le bâtiment dans lequel s’étaient retranchés Raïna et Salomon. Les rafales retentissaient bruyamment dans le parc, lardant avec fureur le mur et la porte d’entrée. Un déferlement de haine et de violence s’abattait sur le couple caché derrière les meubles de l’infirmerie. Tout volait en éclat autour d’eux. Rien ne résistait à l’assaut. Tout semblait joué d’avance.

Raïna, le visage défiguré par la peur, posa les yeux sur Salomon qui s’était recroquevillé au sol en criant, terrifié. La jeune femme ne parvenait pas à entendre la voix de son amant, recouverte par le grondement incessant des balles qui fusaient dans la pièce. Alors que tout espoir paraissait perdu, elle était comme hypnotisée par le mouvement de ses lèvres. Elle n’arrivait pas à détacher les yeux de Salomon. Elle voulait absolument savoir ce qu’il disait. C’était devenu une nécessité. Elle tendit l’oreille sans se soucier des tirs qui la frôlaient. Elle n’avait plus qu’une seule idée en tête : le comprendre.

Le parc était devenu une zone de guerre, un no man’s land sans foi ni loi. Raïna haletait au rythme de ses battements de cœur. Elle savait qu’elle allait mourir. Elle savait que tout était terminé. Mais malgré ça, elle s’efforçait de comprendre les paroles de Salomon. Alors qu’elle pensait quitter ce monde sans entendre ses dernières paroles, une étincelle se produisit dans son cerveau et tout devint clair.

Pitié – criait Salomon – Pitié !

Un immense sentiment de tristesse envahit brusquement Raïna. Les mots de son compagnon résonnaient en elle comme des coups de poignard. Ils lui arrachaient le cœur. Dans un dernier moment de tendresse, elle avança sa main vers la sienne et la serra. Salomon releva immédiatement la tête. Il plongea ses yeux dans les siens

—    Je t’aime… lui chuchota-t-elle, une larme s’écoulant sur sa joue. Je t’aime.

Brusquement prise d’une rage folle, Raïna se redressa en dirigeant son fusil vers la sortie et tira en hurlant. Le doigt sur la détente, son arme recrachait toute la fureur qu’elle ressentait. Elle se découvrit entièrement et avança vers la porte mais une balle dans l’épaule la stoppa dans sa progression. Elle recula mais ne s’effondra pas. Salomon assistait impuissant à l’héroïsme de la jeune femme sans bouger, tétanisé par la peur.

Raïna fit un pas en avant, puis deux, passant miraculeusement entre les balles d’Andrew et de ses hommes.

—    Enfoiré ! s’époumona-t-elle. Allez-vous faire…

Une balle dans le bras l’obligea à ravaler ses mots, une deuxième dans la jambe la contraignit à mettre un genou à terre. Elle se tourna alors vers Salomon, sachant ce qui allait lui arriver et croisa son regard. Elle lui lança un dernier au revoir et s’écroula, touchée à la poitrine et à la tête.

Salomon tremblait, recroquevillé derrière le bureau de l’infirmerie. Il fixait le corps de Raïna allongé devant lui, son visage blafard tourné dans sa direction. La jeune femme s’était sacrifiée pour lui mais il n’était pas sorti d’affaire pour autant. Il était persuadé que son heure était venue. Il ferma alors les yeux, convaincu qu’il vivait ses derniers instants quand les tirs cessèrent miraculeusement. La voix rocailleuse d’Andrew résonna presque aussitôt :

—    Ils nous encerclent !

De nouvelles rafales, plus violentes, retentirent devant le bâtiment. Les échanges de tirs ne durèrent que quelques secondes puis le silence revint brutalement. Intrigué, Salomon rouvrit les yeux mais ne parvint pas à se relever, tétanisé. Il fixait la porte d’entrée criblée de balles quand celle-ci s’ouvrit lentement. Des hommes en combinaisons militaires, le visage masqué par des masques à gaz, pénétrèrent dans l’infirmerie. Leurs fusils braqués devant eux passaient en revue chaque centimètre carré de la pièce.

—    RAS ! s’exclama l’un d’eux. Tout est OK.

—    Rien par ici ! s’écria un autre, depuis l’une des salles d’examen.

Le bâtiment sécurisé, les hommes se regroupèrent autour de Salomon. Le révérend jeta un œil à l’extérieur et aperçut Andrew et ses sbires, inertes sur le sol et baignant dans une mare de sang. Il reporta ensuite son attention sur les soldats.

—    Mais qui vous êtes, bordel ?

—    On est là pour toi, rétorqua sévèrement une voix depuis la porte d’entrée.

Le cœur de Salomon se serra brusquement. Il connaissait cette voix. Il l’avait même toujours connue. Il se tourna alors et la vit. Elle avançait vers lui en pointant son arme dans sa direction.

—    Taylor ! s’étonna Salomon. Tu es en vie ?

La jeune femme gloussa et dit :

—    Tu vas payer pour tout ce que tu as fait.

—    Mais tu es ma fille !

Taylor fixait son père avec beaucoup de mépris. Elle ne le reconnaissait plus. C’était un monstre qui se tenait devant elle. Elle rengaina son arme et se tourna vers ses hommes.

—    Ramenez-le au site B avant que je ne lui colle une balle en pleine tête !

Les soldats relevèrent alors le révérend et le tirèrent hors du bâtiment. L’un d’eux se posta devant Taylor, le regard sombre.

—    Le site B ! Tu es sûre ?

—    Ouais, répondit Taylor en soufflant. Ce salopard m’a laissée pour morte. Hors de question que je le laisse s’en tirer comme ça.

—    C’est toi qui vois.

Taylor prit une grande inspiration, ravie d’avoir retrouvé les personnes qu’elle recherchait. Mais rien n’était encore terminé. Il lui restait plusieurs choses à faire et quelques autres survivants à retrouver. Sa mission ne faisait que commencer.

tlsepilogue

Épilogue – Site B

Quelque part au-dessus de l’océan…

Les pales de rotor du Boeing CH-47 Chinook résonnaient au-dessus de l’océan qui s’étendait à perte de vue. Derrière lui, la côte s’éloignait de plus en plus. L’appareil militaire volait à basse altitude et fonçait droit vers l’horizon.

À l’arrière du mastodonte, coincé entre deux Marines armés, Ben, un jeune docteur en génétique, se sentait mal à l’aise dans sa combinaison anti-bactériologique jaune. Le latex lui collait désagréablement à la peau. Le jeune homme tirait sur ses manches pour les décoller, en vain. Il avait l’impression qu’il s’était imprégné en lui.

Assis face à lui, le Professeur Edwards, virologue, lisait un roman policier. L’homme d’une cinquantaine d’années, les cheveux mi long grisonnants, ne semblait pas souffrir de sa combinaison. En le voyant aussi serein, Ben gloussa.

—   Comment vous faites pour porter ce genre de combinaison ? Je n’arriverai jamais à m’y faire !

Interrompu dans sa lecture, Edwards releva les yeux, fixa le jeune médecin d’un air presque condescendant et replongea dans les pages de son bouquin.

—   Je me souviens de vous, Professeur, insista le jeune généticien. Il y a dix mois, vous avez alerté la presse sur une possible menace bactériologique de grande ampleur.

Le Professeur leva un œil, intrigué.

—   Finalement, vous aviez raison, poursuivit Ben. Si les autorités vous avaient écouté, nous n’en serions certainement pas là aujourd’hui. (Il marqua une pause et reprit avec curiosité.) Mais dites-moi… Comment saviez-vous que tout ça allait se produire ?

Edwards referma son livre et le posa sur la banquette. Il croisa les bras et dit :

—    Vous savez ce qu’est communément appelé le « vomi noir » ?

—   C’est la fièvre jaune, répondit Ben, une maladie virale mortelle à 80% chez les cas les plus graves. C’est une des maladies que l’on étudie en première année de médecine. (Il se reprit, soudainement nostalgique.) Enfin… que l’on étudiait…

—   En 1621, ajouta Edwards, cette maladie apparaît subitement dans le sud de la France et en six semaines, elle fait plus de vingt mille morts. Un peu plus tôt, entre 1346 et 1350, la peste noire ravage l’Europe et fait 25 millions de victimes. En deux ans, de 1918 à 1920, la grippe espagnole parcourt le monde et tue près de 40 millions de personnes. Vous savez ce que ces maladies ont en commun ?

—   Non, rétorqua Ben en hochant de la tête.

—   L’effet de surprise, répondit Edwards. L’effet de surprise. Et pour répondre à votre question, docteur, je ne savais pas ce qui allait se produire. Je savais simplement qu’un jour ou l’autre, une pandémie de très grande ampleur nous tomberait dessus par surprise.

Les haut-parleurs de l’appareil grésillèrent brusquement. La voix du pilote résonna dans l’espace de chargement.

—   Messieurs ! Je viens d’apprendre par radio que Washington vient de tomber. Je suis désolé. Le Site B est maintenant notre dernier espoir.

Le visage de Ben fondit comme neige au soleil.

—   Trois mois que ce virus est apparu et on est déjà vaincus. Putain de merde ! lâcha-t-il avec rage.

—   Allons mon garçon, ressaisissez-vous !

—   Vous pensez que ce Site B est notre dernier espoir ? demanda le jeune généticien.

—   Je ne sais pas. Nous verrons bien si ces six derniers mois de travail auront porté leurs fruits.

Les haut-parleurs crépitèrent à nouveau.

—    Nous arrivons, messieurs ! annonça le pilote.

Ben se retourna et plongea les yeux à travers un des hublots de l’appareil. Le Site B était en contrebas. C’était une île perdue au milieu de l’océan.

Fin de la saison 2


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